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Abul Wafa

Abul Wafa ou Aboul Wéfa, al Bouzdjani (Mohammed ben Mohammed ben Iahia ben Ismaël ben Alabbas) est né en l'année 939 [ou 940?] de l'ère chrétienne, dans la ville de Bouzdjan [Bûzgûn (Khorassan)], située à une journée de marche de Nischabour, capitale du Khorasan. A l'âge de vingt ans, il se rendit à Bagdad, où il demeura jusqu'à sa mort arrivée en 998. Doué des plus heureuses dispositions pour les sciences mathématiques, il reçut des leçons des homme les plus habiles de son temps, et dépassa bientôt ses maîtres; devenu professeur à son tour, il compta parmi ses élèves un grand nombre de savants distingués, et fit école. L'époque où il florissait était favorable pour les grands travaux; les princes Bouides (Les dynasties musulmanes au Moyen-âge), après s'être emparés de la Perse, gouvernaient les États musulmans de l'Orient au nom des califes-Abbassides, réduits a l'autorité spirituelle et revêtue de la dignité d'émir al omrah (émir des émirs), que l'on peut comparer à celle de maire du palais, ils maintenaient la paix dans l'empire et renouvelaient les prodiges du règne d'al Mamoun. L'un de ces princes, Adhad Eddaulah qui avait appris l'astronomie d'Ebn al Aalam et étudié le ciel étoilé avec Abdurrahman Suphi, devait, pendant un règne de trente-trois ans, se montrer le protecteur éclairé des lettres, et transmettre à ses saccesseurs le désir de favoriser le progrès des sciences. 

Aboul Wéfa trouva donc dans les chefs de l'État les encouragements nécessaires pour ses travaux, et tandis qu'il commentait Euclide et Diophante, qu'il écrivait un Traité d'arithmétique dont un volume se trouve à la Bibliothèque de Leyde, qu'il traduisait un Traité d'algèbre d'un certain Hipparque, surnommé le Rafanien, il se livrait aux observations astronomiques, corrigeait les tables de ses devanciers et rédigeait un almageste tout à fait original, qui révèle dans l'auteur un esprit aussi profond que lucide et un mérite d'exposition bien rare chez les écrivains Arabes. Les premiers chapitres de cet almageste contiennent les formules des tangentes et des sécantes, des tables de tangentes et de cotangentes pour tout le quart de cercle. Aboul Wefa en fait le même usage qu'aujourd'hui dans les calculs trigonométriques; il change les formules des triangles; il en bannit ou expressions composées, si incommodes, où se trouvaient à la fois le sinus et le cosinus de l'inconnue. On en faisait sans aucun fondement honneur à Régiomontanus, et l'on n'en a joui en Europe que six cents au après l'invention première par les Arabes, dont malheureusement les ouvrages n'ont pas été assez répandus.

Aboul-Wefa,en comparant ses propres observations à celles des astronomes qui s'étaient succédé depuis Al Mamoun et aux tables de Ptolémée, avait été amené à signaler dans la théorie lunaire une correction importante: il avait clairement indiqué la troisième inégalité, appelée variation par Tycho Brahé, et toutes les objections soulevées contre la découverte de l'auteur arabe n'ont pu détruire ce fait désormais acquis à la science, que taut homme ignorant l'existence de la variation et lisant le passage d'Aboul-Wéfa aurait été conduit Infailliblement à la détermination de la même inégalité que celle de Tycho.

Non seulement Aboul Wefa observait par lui-même, mais il prenait un intérêt extrême aux travaux de ses contemporains. Nous le voyons assister en 988 à deux observations de solstice et d'équinoxe, faites à Bagdad par l'astronome Alkuhi, et dont l'écrivain arabe Alzouseni nous a conservé tous les détails. Aboul Wefa entretenait en même temps avec ses amis une correspondance mathématique. A sa mort (998), l'école scientifique de Bagdad était à son déclin; l'Asie était déjà bouleversée par les Ghasnévides, et le Caire allait devenir le foyer d'un grand mouvement intellectuel qui devait rayonner sur toute l'Afrique occidentale et l'Espagne. (Arago, c. 1850).

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Dictionnaire biographique
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