.
-

Nigeria
Federal Republic of Nigeria

10 00 N, 8 00 E
Le Nigeria est un Etat de l'Ouest de l'Afrique, riverain du golfe de Guinée et frontalier du Benin, du Niger, du Tchad et du Cameroun. Sa superficie est de 923,768 km²  et sa population de 230 millions d'habitants (2025). 
-
Carte du Nigeria.
Carte du Nigeria. Source : The World Factbook.

Indépendant du Royaume-Uni depuis 1960, le Nigeria est une république fédérale, et divisée administrativement en 36 Etats et un territoire, celui de la capitale fédérale, Abuja. Les autres grandes villes sont : Lagos (la plus peuplée), Port Harcourt, Abeokuta, Ibadan, Oshogbo, Ogbomosho, Kano et Sokoto.

Les 36 Etats du Nigeria

Abia
Adamawa (Adamaoua)
Akwa Ibom
Anambra
Bauchi
Bayelsa
Benue (Bénoué)
Borno
Cross River
Delta
Ebonyi
Edo
Ekiti
Enugu
Gombe
Imo
Jigawa
Kaduna
Kano
Katsina
Kebbi
Kogi
Kwara
Lagos
Nassarawa
Niger
Ogun
Ondo
Osun
Oyo
Plateau
Rivers
Sokoto
Taraba
Yobe
Zamfara

Géographie physique du Nigeria

Relief.
Le relief nigérian est principalement composé de plateaux, de plaines, de chaînes de collines et de montagnes localisées, qui structurent le territoire du nord au sud.

Le sud du Nigeria est dominé par des plaines côtières humides qui bordent l'océan Atlantique. Ces zones, notamment dans les États du Delta, du Lagos et de la baie de Bonny, sont marécageuses, souvent inondables, et occupées en partie par la mangrove. Le delta du Niger, l'un des plus grands deltas fluviaux au monde, est une région géographiquement complexe faite de réseaux de bras fluviaux, de marécages, de forêts inondées et de lagunes. Cette zone, très riche en biodiversité, est également le cœur de la production pétrolière du pays.

En remontant vers le nord, on trouve une ceinture de forêts tropicales humides, puis une zone de savane boisée qui s'étend sur une grande partie du centre du pays. Ces régions présentent des paysages de collines douces et de plateaux, avec des sols relativement fertiles. Le plateau de Jos, situé au centre du Nigeria, à environ 1200 mètres d'altitude, est une zone montagneuse au climat plus frais, avec des affleurements rocheux, des chutes d'eau et des sols volcaniques riches. C'est également une région d'extraction de minéraux précieux comme l'étain.

À l'ouest, le relief est marqué par les collines de l'Ouest nigérian et les contreforts des montagnes du Bénin, avec des altitudes modérées. Vers l'est, on trouve les monts Mandara, à la frontière avec le Cameroun, qui marquent une transition vers le plateau de l'Adamaoua. C'est une région de hautes terres, coupée par des vallées profondes et présentant un important potentiel hydrique.

Le nord du Nigeria est caractérisé par de vastes plaines sahéliennes et des savanes soudaniennes. Le climat y est plus sec, avec des précipitations limitées à une courte saison des pluies, et des températures souvent extrêmes. Le relief est en général plat, avec des dunes fossiles, des cuvettes argileuses et des plateaux légèrement ondulés. La région du lac Tchad, à l'extrême nord-est, représente un bassin endoréique de grande importance écologique et humaine, bien que le lac ait vu sa superficie considérablement réduite depuis les années 1960.

Le Nigeria possède également plusieurs zones de hauts plateaux granitiques, comme ceux de Bauchi et de Mambilla. Le plateau de Mambilla, situé à plus de 1800 mètres d'altitude dans le sud-est, est le point culminant du pays, avec le mont Chappal Waddi (2419 mètres), le sommet le plus élevé du Nigeria. Cette région bénéficie d'un climat tempéré unique dans le pays, propice à l'agriculture et à l'élevage.

Hydrographie.
Les principaux cours d'eau du pays sont le fleuve Niger, qui entre par le nord-ouest et traverse le pays jusqu'au sud, où il se jette dans l'Atlantique en formant le delta du Niger, et la Bénoué, son principal affluent, qui rejoint le Niger près de Lokoja. Ces deux rivières forment l'ossature hydrographique du pays et sont essentielles pour l'agriculture, la pêche, le transport fluvial et la production d'électricité (notamment avec le barrage de Kainji). Le Niger est navigable jusqu'à Djebba (c'est-à-dire sur plus de 750 kilomètres pendant la période de hautes eaux). la Bénoué, est une excellente voie de communication vers le Tchad et l'Adamaoua, accessible à la batellerie, sans aucune solution de continuité, du Niger à la frontière du Cameroun.  Au sud-est, les bateaux remontent la Cross River, et tout le long de la côte, comme dans le delta du Niger, la navigation côtière bénéficie d'un lacis de rivières et de lagunes.

Climat.
La diversité climatique suit un gradient nord-sud : climat équatorial dans le sud (chaud et humide toute l'année), climat tropical de savane dans le centre avec deux saisons bien marquées, et climat semi-aride dans le nord. Les précipitations varient fortement, allant de plus de 3 000 mm par an dans le sud côtier à moins de 500 mm dans certaines zones du nord.

Biogéographie physique du Nigeria

Au sud du pays, le long du littoral atlantique, se trouvent les forêts pluviales tropicales denses, riches en biodiversité, qui font partie de la zone écologique du golfe de Guinée. Ces forêts, notamment dans les États du Delta, de Cross River, de Bayelsa et de Rivers, abritent une faune abondante comprenant des primates tels que le chimpanzé du Nigeria-Cameroun (Pan troglodytes ellioti), des céphalophes, des éléphants de forêt, ainsi que de nombreuses espèces d'oiseaux et de reptiles. Le parc national de Cross River, en particulier, est reconnu comme un hotspot de biodiversité mondial, avec des niveaux élevés d'endémisme végétal et animal.

Ces forêts tropicales cèdent progressivement la place, en remontant vers le nord, à la zone de la forêt secondaire dégradée et à la mosaïque forêt-savane, une zone écotone où coexistent espèces de forêt et espèces de savane. Cette transition est souvent marquée par l'activité humaine, notamment l'agriculture itinérante, l'abattage de bois et l'urbanisation, qui fragmentent les habitats naturels et réduisent la biodiversité.

La zone centrale du Nigeria est dominée par la savane guinéenne, une savane boisée à herbes hautes intercalée d'arbres dispersés, comme l'Isoberlinia doka et le Daniellia oliveri. Cette région est particulièrement importante pour la grande faune africaine, bien que les populations soient en déclin. On y trouve encore des espèces telles que les antilopes, les buffles africains, les lions, les léopards et divers carnivores, principalement dans les aires protégées comme le parc national de Kainji ou celui de Gashaka-Gumti, le plus grand du pays. Ces savanes sont également importantes pour l'élevage pastoral et la production céréalière, ce qui engendre des conflits d'usage entre faune sauvage et activités humaines.

En poursuivant vers le nord, la savane soudanienne puis la savane sahélienne apparaissent, caractérisées par une végétation herbacée plus basse et des arbres plus rares, tels que le Combretum, l'acacia, ou le Balanites aegyptiaca. Ces écosystèmes, typiques des régions semi-arides, supportent des espèces adaptées à la sécheresse, comme le damalisque, le phacochère, et des oiseaux du Sahel. Toutefois, l'extension des terres agricoles et la pression du surpâturage y sont particulièrement préoccupants, favorisant la dégradation des sols et la désertification.

À l'extrême nord-est du Nigeria, dans le bassin du lac Tchad, les paysages sont dominés par des zones humides temporaires, des oasis, et des savanes sèches, où coexistent flore sahélienne et quelques reliques de zones marécageuses. La faune aquatique, les oiseaux migrateurs et les communautés piscicoles y jouent un rôle important pour l'équilibre écologique et la subsistance des populations riveraines. Cependant, la réduction de la surface du lac Tchad et l'instabilité de la région affectent gravement cet écosystème fragile.

Dans les zones montagneuses de l'est et du centre, notamment sur le plateau de Jos, les monts Mandara et le plateau de Mambilla, on observe des écosystèmes montagnards particuliers, avec des espèces floristiques endémiques et une faune adaptée aux altitudes. Le mont Chappal Waddi présente une végétation de type afro-montagnard et abrite des espèces rares, comme le gorille de Cross River dans les régions voisines, ainsi que diverses espèces de batraciens, papillons et oiseaux uniques.

La flore nigériane est tout aussi diverse, avec environ 4600 espèces de plantes vasculaires, dont une part importante est endémique. Les palmiers à huile, les fromagers, les kapokiers, les acajous et les arbres fruitiers tropicaux dominent les régions forestières, tandis que les graminées, les légumineuses et les arbustes épineux caractérisent les régions de savane. Cette richesse floristique est cependant menacée par la déforestation, la surexploitation forestière, les feux de brousse et les changements climatiques.

Les mangroves du Nigeria, surtout concentrées dans le delta du Niger, représentent l'un des écosystèmes les plus étendus d'Afrique. Elles offrent des services écosystémiques cruciaux tels que la protection des côtes, l'élevage naturel de poissons et crustacés, et l'absorption de carbone. Ces mangroves, dominées par Rhizophora racemosa et Avicennia africana, sont fortement menacées par la pollution pétrolière, l'urbanisation croissante et le développement des infrastructures côtières.

Géographie humaine du Nigeria

Population.
Le Nigeria est le pays le plus peuplé d'Afrique et l'un des plus dynamiques sur le plan démographique au niveau mondial. Sa population, estimée à plus de 230 millions d'habitants en 2025, représente environ un cinquième de la population totale du continent africain. Ce poids démographique est soutenu par un taux de croissance annuel avoisinant les 2,5 %, une fécondité relativement élevée (autour de 5 enfants par femme), et une mortalité en baisse grâce aux progrès de la santé publique. La population nigériane est extrêmement jeune, avec plus de 40 % des individus âgés de moins de 15 ans et près de 65 % ayant moins de 25 ans. Cette structure démographique génère une forte pression sur les services sociaux, tout en constituant un potentiel considérable en termes de main-d'oeuvre et de marché intérieur.

Le Nigeria est caractérisé par une urbanisation rapide et massive. Environ 55 % de la population vit désormais en milieu urbain, et cette proportion continue de croître. Les principales agglomérations telles que Lagos, Kano, Ibadan, Port Harcourt, Abuja et Kaduna connaissent une expansion démographique explosive. Lagos, avec plus de 20 millions d'habitants, est l'une des plus grandes métropoles du monde, avec un tissu urbain caractérisé par des contrastes extrêmes entre zones modernes, bidonvilles et quartiers informels. L'urbanisation au Nigeria est largement anarchique, ce qui entraîne des problèmes d'accès à l'eau, de traitement des déchets, de logement, de sécurité, et de mobilité urbaine.

Avec plus de 250 groupe ethniques, le Nigeria est l'un des pays les plus culturellement et ethniquement diversifiés du monde. Cette mosaïque cohabite dans un contexte fréquemment marqué par des tensions identitaires, religieuses et régionales. Le nord du Nigeria est majoritairement musulman sunnite, tandis que le sud est à prédominance chrétienne, avec également des communautés animistes dans certaines régions. Abuja, la capitale fédérale, a été choisie pour sa position centrale et sa neutralité religieuse et ethnique. Cependant, les conflits intercommunautaires et les violences religieuses, notamment entre éleveurs et agriculteurs, ou dans les zones frontalières entre le Nord musulman et le Sud chrétien, sont récurrents et parfois meurtriers.

La société nigériane est hiérarchisée, structurée par une combinaison d'influences traditionnelles, religieuses et modernes. Les chefs traditionnels, rois, émirs et obas conservent une autorité symbolique et parfois politique, en particulier dans les zones rurales. Ils jouent souvent un rôle dans la médiation locale, la gestion foncière, et la préservation des coutumes. Dans les zones urbaines, l'individualisme s'accentue, mais les structures de parenté élargie et les réseaux communautaires restent centraux dans la dynamique sociale.

La condition des femmes au Nigeria varie fortement selon les régions et les groupes culturels. Dans le nord islamique, les femmes ont souvent un accès limité à l'éducation et au marché du travail, en partie à cause de normes religieuses conservatrices et du système de mariage précoce. Dans le sud, surtout dans les zones urbaines, les femmes jouent un rôle économique plus affirmé, en particulier dans le commerce informel et les services. Le taux d'alphabétisation féminin reste inférieur à celui des hommes, surtout dans les zones rurales, et les violences basées sur le genre, à commencer par les mariages forcés, demeurent préoccupantes.

Le système éducatif nigérian est vaste mais confronté à de nombreuses difficultés : classes surchargées, manque d'enseignants qualifiés, disparités régionales et corruption. Les universités nigérianes, bien que nombreuses, sont souvent touchées par des grèves prolongées, une faiblesse de l'investissement public et une fuite des cerveaux. En revanche, le secteur privé éducatif connaît un développement important, notamment dans les villes. Le défi éducatif est d'autant plus important que chaque année, plus de 10 millions de jeunes arrivent en âge scolaire.

Le secteur de la santé publique souffre également d'un sous-financement chronique, d'un accès inégal et d'un manque de personnel médical. Les services sont saturés dans les grandes villes et peu accessibles dans les zones rurales. Les épidémies de paludisme, de fièvre jaune, de choléra, de méningite ou encore la malnutrition chronique continuent de menacer la santé publique. Le Nigeria a cependant montré une capacité à mobiliser des réponses efficaces lors de crises sanitaires, comme en témoigne la gestion rapide de l'épidémie d'ébola en 2014.

L'économie informelle joue un rôle majeur dans la vie sociale et économique nigériane. Elle englobe des millions de petits commerçants, artisans, conducteurs de moto-taxis (okadas), vendeurs de rue et travailleurs journaliers. Ce secteur est souvent le seul accès au revenu pour la majorité de la population urbaine pauvre. Par ailleurs, les réseaux religieux évangéliques et musulmans ont une influence socio-politique croissante. Ils mobilisent des millions de fidèles, encadrent des services sociaux et exercent un pouvoir considérable sur l'opinion publique.

Enfin, la diaspora nigériane, estimée à plusieurs millions de personnes à travers le monde, joue un rôle central dans la société nigériane. Les transferts d'argent, l'investissement dans les entreprises locales, l'éducation, et même la politique bénéficient de leur contribution.

Quelques-unes des grandes villes du Nigeria

Lagos (État de Lagos). - Environ 15 à 21 millions d'habitants (zone métropolitaine). La plus grande ville du Nigeria et l'une des plus grandes d'Afrique. Centre économique et commercial du pays, avec un des ports les plus actifs d'Afrique de l'Ouest. Ancienne capitale du Nigeria, connue pour son dynamisme, ses gratte-ciels, ses marchés, et ses plages.

Abuja (Territoire de la capitale fédérale). - Environ 3,6 millions d'habitants. Capitale du Nigeria depuis 1991. Ville planifiée, située au centre du pays, abritant les institutions politiques et diplomatiques. Connue pour ses architectures modernes, comme le Millennium Park et la mosquée nationale.

Kano (État de Kano). - Environ 4 millions d'habitants. La plus grande ville du nord du Nigeria et un centre commercial historique. Ville clé pour l'agriculture et le commerce, célèbre pour ses marchés, notamment le marché de Kurmi.

Ibadan (État d'Oyo). - Environ 3,5 millions d'habitants. Une des plus grandes villes du sud-ouest du Nigeria, connue pour son histoire en tant que centre d'enseignement et de commerce. L'Université d'Ibadan est la plus ancienne université du pays.

Port Harcourt (État de Rivers). - Environ 3,2 millions d'habitants. Principal centre industriel du pays, 

notamment pour l'industrie pétrolière et gazière, situé dans la région du delta du Niger. Port Harcourt est également un port important et une ville en pleine expansion.

Benin City (État d'Edo). - Environ 1,5 million d'habitants. Ancienne capitale de l'Empire du Bénin, Benin City est riche en histoire et en culture. Célèbre pour ses oeuvres d'art en bronze et ses sites historiques.

Maiduguri (État de Borno). - Environ 1 million d'habitants. Grande ville du nord-est du Nigeria et capitale de l'État de Borno. Centre commercial et agricole, mais aussi tristement connue pour les conflits avec Boko Haram.

Zaria (État de Kaduna). - Environ 900.000 d'habitants. Ville historique et centre universitaire important, avec l'Université Ahmadu Bello, l'une des plus grandes du Nigeria. C'est un centre pour l'enseignement islamique et le commerce dans le nord du pays.

Jos (État du Plateau). - Environ 900 000 habitants. Située sur les hauts plateaux de Jos, cette ville bénéficie d'un climat plus frais. Célèbre pour l'industrie minière (étain) et le tourisme en raison de son paysage montagneux.

Enugu (État d'Enugu). - Environ 800 000 d'habitants.  Ancien centre de l'industrie charbonnière, Enugu est aujourd'hui un pôle important du sud-est du Nigeria. Connue pour sa culture Igbo et son rôle dans la guerre du Biafra.

---
Groupes ethnolingusitiques.
Le Nigeria compte plus de 250 groupes ethniques et environ 500 langues distinctes, ce qui en fait un espace d'une complexité culturelle exceptionnelle. Cette diversité s'inscrit dans un cadre géographique et historique qui a favorisé la formation de sociétés complexes, généralement autonomes avant la colonisation britannique, mais réunies dans un même État depuis le début du XXe siècle. Les trois plus grands groupes ethnolinguistiques sont les Haoussas-Fulanis, les Yorubas et les Ibos, qui dominent respectivement les régions nord, sud-ouest et sud-est du pays. Autour d'eux gravitent de nombreux groupes intermédiaires, minoritaires mais culturellement importants.

Les langues nigérianes appartiennent principalement à trois grandes familles linguistiques : le nigéro-congolais (le plus répandu, incluant yoruba, igbo, tiv, ibibio, etc.), le nilo-saharien (comme le kanuri) et l'afro-asiatique (incluant le haoussa et le fulfulde). Le multilinguisme est courant dans les zones de contact et de commerce, et l'anglais, langue officielle, est utilisé dans l'administration, les médias et l'enseignement supérieur. Le pidgin nigérian, un créole à base anglaise, sert de langue informelle commune dans les zones urbaines multiethniques.

Cette richesse ethnolinguistique constitue à la fois un facteur de vitalité culturelle et un enjeu politique majeur. Les rivalités entre groupes, les questions de représentation, de partage des ressources et de fédéralisme ethnique ont souvent provoqué des tensions et des conflits. La guerre du Biafra (1967–1970), la montée des mouvements identitaires, ou les violences communautaires au centre du pays illustrent les défis liés à la gestion de cette diversité. Toutefois, elle est aussi source de créativité artistique, de dynamisme linguistique, et d'un pluralisme social profondément enraciné dans la société nigériane contemporaine.

Haoussa-Fulani.
Les Haoussas constituent le plus grand groupe ethnolinguistique du Nigeria et sont principalement concentrés dans le nord du pays, notamment dans les États de Kano, Kaduna, Katsina, Sokoto et Jigawa. Ils sont majoritairement musulmans et leur langue, le haoussa, est devenue une langue véhiculaire dans une grande partie du nord du Nigeria et au-delà, dans le Sahel ouest-africain. La société haoussa est historiquement marquée par la structure des cités-États, l'islamisation ancienne (depuis le XIe siècle), et l'organisation sociale centralisée autour des émirats. 

Les Fulanis, ou Peuls, souvent associés aux Haoussas dans le concept "Haoussa-Fulani", partagent le même espace géographique et sont également musulmans. Initialement nomades, ils sont connus pour leur activité pastorale, bien que nombre d'entre eux soient aujourd'hui sédentarisés. Le fulfude est leur langue propre, bien que beaucoup parlent aussi le haoussa.

Yoruba.
Les Yorubas occupent principalement le sud-ouest du Nigeria, dans des États comme Lagos, Ogun, Oyo, Osun, Ekiti, Ondo et une partie de Kwara. Leur langue, le yoruba, est largement parlée et possède une riche tradition orale et écrite. Les Yorubas ont une histoire urbaine ancienne, avec des cités-États organisées autour de rois (obas) et de structures politiques complexes. Leur religion traditionnelle, le culte des orishas, est encore pratiquée, bien qu'une grande partie des Yorubas soient aujourd'hui chrétiens, avec une minorité musulmane. Le système de parenté, l'importance des chefferies, et la cohésion sociale autour de la famille élargie marquent profondément la société yoruba.

Ibo.
Les Ibos (ou Igbo) se trouvent majoritairement dans le sud-est du Nigeria, dans des États comme Anambra, Imo, Abia, Enugu et Ebonyi. La langue igbo est riche de nombreuses variantes dialectales. Contrairement aux Haoussas et aux Yorubas, les Ibos n'étaient pas organisés en grands royaumes centralisés, mais plutôt en villages indépendants gouvernés par des conseils d'anciens. La colonisation a favorisé leur éducation occidentale et leur présence dans les élites administratives et économiques du Nigeria postcolonial. Les Ibos sont très majoritairement chrétiens, et leur culture valorise fortement l'entrepreneuriat, l'éducation et la réussite individuelle.

Populations de la ceinture centrale du Nigeria.
Au-delà de ces trois groupes principaux, le Nigeria compte de nombreux groupes ethnolinguistiques intermédiaires ou minoritaires, souvent concentrés dans les zones de transition géographique. Dans la ceinture centrale du pays, on trouve les Tivs, les Idomas, les Biroms, les Jukuns, les Eggons et bien d'autres groupes. Le Tiv, notamment, est un peuple agriculteur important dans l'État de Benue, avec une langue nigéro-congolaise et des institutions sociales fondées sur des lignages segmentaires.

Populations du delta du Niger.
Dans le delta du Niger, une zone d'une extrême complexité ethnique et linguistique, on retrouve les Ijaws, les Urhobos, les Itsekiris, les Isokos, les Ogonis et les Kalabaris, entre autres. Ces groupes vivent dans un environnement humide et difficile, historiquement organisé autour de sociétés fluviales et maritimes. Les Ijaws, en particulier, forment l'un des plus grands groupes du delta et ont joué un rôle important dans les revendications contre les exploitations pétrolières étrangères dans la région. Leurs langues sont variées, souvent tonales, et en contact avec d'autres langues voisines.

Kanuri. Baggaras.
À l'est, les Kanuris sont dominants dans l'État de Borno et une partie de Yobe. Descendants de l'ancien empire du Kanem-Borno, ils parlent le kanuri et sont musulmans sunnites, avec une organisation traditionnelle forte autour de l'émirat de Borno. Les Baggāras, également musulmans, partagent l'espace du nord-est, bien qu'ils soient numériquement moins importants. Il parlent l'arabe tchadien.

Populations des monts Mandara.
Le centre et le nord-est abritent aussi les montagnards des monts Mandara, comme les Margis, les Higdas, les Babur ou les Gamergus, qui ont historiquement résisté à l'islamisation et conservent des traditions culturelles distinctes. 

Dans les régions frontalières du Cameroun, on trouve aussi des groupes bantouphones.

Culture.
La musique nigériane est mondialement reconnue, notamment grâce à l'afrobeat popularisé par Fela Kuti, qui mélange rythmes traditionnels yoruba, jazz, highlife et funk. Aujourd'hui, la scène musicale nigériane domine l'Afrique avec des artistes comme Burna Boy, Wizkid ou Davido, fusionnant sons locaux et pop mondiale. Les danses traditionnelles, comme l'atilogwu chez les Igbo ou le bata chez les Yoruba, jouent un rôle important dans les cérémonies rituelles et festives.

Le Nigeria possède également une industrie cinématographique florissante, Nollywood, qui est la deuxième plus grande au monde en termes de production. Les films produits abordent une large gamme de sujets allant des enjeux sociaux à la comédie, fréquemment dans des langues locales. Ce cinéma joue un rôle essentiel dans la diffusion des valeurs culturelles nigérianes à travers le continent africain et la diaspora.

L'histoire de Nollywood, l'industrie cinématographique nigériane, prend naissance à la fin des années 1990. Bien que des traditions cinématographiques existent depuis les années 1960, notamment dans les langues locales comme le yoruba ou le haoussa, Nollywood tel qu'on le connaît aujourd'hui émerge avec la diffusion de Living in Bondage (1992), premier long métrage nigérian produit à grand spectacle. Ce film, réalisé par Jesus Tijani, a popularisé un modèle de production basé sur des technologies accessibles (caméscopes numériques, tournage rapide) et une distribution via des DVD piratés, qui ont permis une production massive à faible coût. Les films, tournés en anglais et en langues locales (souvent un mélange), abordaient des thèmes sociaux, religieux ou fantastiques, reflétant les réalités contemporaines du Nigeria. Au début des années 2000, Nollywood devient un phénomène culturel, et a produit des centaines de films par an, dépassant Hollywood (Los Angeles) et Bollywood (Mumbai) en volume. Cependant, cette expansion rapide a été marquée par des défis : qualité perçue comme artisanale, piratage généralisé entravant les revenus, et mésestimation de la part de l'État. Malgré cela, le secteur s'est progressivement professionnalisé, avec des investissements dans les scénarios, l'équipement et la formation. La décennie 2010 a vu l'émergence de projets plus ambitieux (Lionheart, 2018), qualifiés de Nollywood 2.0, qui ont associé des budgets plus importants et des partenariats internationaux. Aujourd'hui, Nollywood reste un pilier économique et culturel, employant des centaines de milliers de personnes et exportant ses productions vers l'Afrique, l'Europe et l'Amérique. Bien que les défis persistent (infrastructure, financement, droits d'auteur), son influence continue de croître, avec une diversification des genres et une reconnaissance accrue sur la scène mondiale grâce aux plateformes de streaming. 
Les arts visuels sont tout aussi riches : la sculpture Ifé en bronze et en terre cuite, les masques yoruba, les tissus adire teints à la main, et les motifs décoratifs haoussa témoignent d'une tradition esthétique ancienne et sophistiquée. Le corps est aussi un support culturel : les scarifications tribales (en déclin), les coiffures élaborées, et les vêtements comme les agbadas ou les bubas expriment l'identité, le statut et la beauté.

L'islam prédomine dans le nord, le christianisme est dominant dans le sud et le centre, tandis que de nombreuses pratiques religieuses traditionnelles subsistent, notamment les cultes oraculaires et les croyances animistes. Ce pluralisme religieux se reflète dans les fêtes nationales comme l'Aïd-el-Kébir, Noël, le Ramadan, ou encore la Toussaint nigériane (All Saints), célébrée différemment selon les régions.

Les structures familiales et sociales restent profondément ancrées dans les valeurs communautaires. L'organisation familiale est généralement élargie, avec un respect marqué pour les aînés et un rôle central accordé aux chefs traditionnels. Les rites de passage, les mariages et les funérailles sont des événements collectifs de grande importance, avec des rituels variés selon les ethnies.

La cuisine nigériane reflète la diversité ethnique avec des plats comme le riz jollof, la soupe egusi, le suya, le moimoi ou encore le pounded yam, souvent accompagnés de sauces épicées à base de poivre, d'huile de palme et de légumes-feuilles. Les repas sont généralement pris en commun et font partie intégrante de la vie sociale.

Economie.
L'économie du Nigeria est la plus grande d'Afrique en termes de produit intérieur brut (PIB) nominal dans certaines années, portée par la richesse de ses ressources naturelles, notamment le pétrole, ainsi qu'un secteur de services en expansion rapide. Membre de l'OPEP, le Nigeria est l'un des plus grands producteurs de pétrole brut du continent, avec une économie historiquement dominée par cette ressource depuis les années 1970. Le pétrole représente environ 90 % des recettes d'exportation et plus de la moitié des revenus publics, ce qui rend le pays vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux du brut. Cependant, cette dépendance a freiné la diversification économique, créant une structure déséquilibrée et exposée aux chocs externes.

Malgré cette concentration sur les hydrocarbures, le Nigeria possède une économie extrêmement variée en potentiel. L'agriculture reste un pilier fondamental. Elle représente près de 20 % du PIB et emploie plus de 30 % de la population active. Les cultures vivrières comme le manioc, l'igname, le maïs, le riz et le sorgho sont répandues, tandis que les cultures de rente comme le cacao, le caoutchouc et l'huile de palme continuent d'être des sources importantes de revenus dans certaines régions. Cependant, la productivité agricole est entravée par un accès limité au crédit, des infrastructures rurales insuffisantes et une mécanisation encore faible.

Le secteur des services est en forte croissance, notamment les télécommunications, la finance et les technologies de l'information. Lagos, la capitale économique, est devenue une plateforme technologique reconnue (on a parlé de  « la Silicon Valley africaine ») grâce à la montée des startups dans le domaine du numérique et de la fintech. Le secteur bancaire est également en transformation, avec une digitalisation accélérée et une inclusion financière croissante, bien que des écarts subsistent entre zones rurales et urbaines.

L'industrie manufacturière nigériane est relativement diversifiée mais sous-développée par rapport à son potentiel. Elle comprend la transformation alimentaire, le textile, les produits pharmaceutiques, les matériaux de construction et les biens de consommation. Malgré les politiques d'industrialisation et de substitution aux importations, le pays dépend encore fortement des importations pour de nombreux produits manufacturés, ce qui crée une pression constante sur la balance des paiements.

Le chômage et le sous-emploi restent des défis majeurs. Le Nigeria dispose d'une population jeune et nombreuse, avec un âge médian autour de 18 ans, mais le manque d'emplois formels pousse une grande partie de la population active dans le secteur informel, qui représente environ 65 % de l'économie nationale. Cela se traduit par une précarité économique, des revenus faibles et une fiscalité difficile à appliquer.

Sur le plan commercial, le Nigeria entretient des relations fortes avec la Chine, les États-Unis, l'Inde et l'Union européenne. Le pays exporte principalement du pétrole et du gaz naturel, tandis qu'il importe machines, biens de consommation, produits pharmaceutiques et véhicules. Il est également membre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), ce qui ouvre de nouvelles perspectives pour le commerce intra-africain.

La monnaie nationale, le naira, a souffert de plusieurs dévaluations au cours des dernières décennies, en raison de la volatilité du marché pétrolier, de la mauvaise gestion macroéconomique et d'une inflation structurelle persistante. La Banque centrale du Nigeria adopte une politique monétaire volontiers interventionniste, en combinant contrôle des changes, subventions ciblées et régulation bancaire, avec des résultats mitigés sur la stabilité économique.

Les infrastructures nigérianes, notamment dans les domaines de l'énergie, du transport et de la logistique, sont en grande partie inadéquates pour soutenir une croissance durable. Les coupures fréquentes d'électricité, les routes en mauvais état, le manque de transport ferroviaire efficace et les congestions portuaires limitent la compétitivité du secteur privé et entravent la productivité.

Enfin, la gouvernance économique est régulièrement affectée par la corruption, la mauvaise planification et l'instabilité politique. Malgré des efforts de réforme et la mise en oeuvre de stratégies de développement telles que le plan Nigeria Vision 2020 ou le programme Economic Recovery and Growth Plan (ERGP), les résultats restent mitigés. Toutefois, le Nigeria demeure une puissance économique régionale avec un potentiel énorme grâce à ses ressources humaines, naturelles et entrepreneuriales.

Cartes du Nigeria

Topographie du Nigeria.
Topographie
La population du Nigeria.
Densité de la population
L'ethnographie du Nigeria.
Ethnographie, langues
La vgtation du Nigeria.
Végétation, cultures
L'conomie du Nigeria.
Activités économiques
Les hydrocarbures au Nigeria.
Gaz et pétrole
Cliquer sur les miniatures pour afficher les cartes.
.


Etats et territoires
[La Terre][Cartotheque][Tableaux de bord][Histoire politique]
[Aide][Recherche sur Internet]

© Serge Jodra, 2005 - 2025. - Reproduction interdite.