Jean-André Lepaute, né
à Mogues (Ardennes) en 1720, mort à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) en 1787,
vint très jeune à Paris, où il fonda en
1740 son entreprise. Véritable artiste et habile mécanicien, il eut vite
une grande réputation, reçut du roi un logement dans le palais du Luxembourg
et fut chargé de la construction de la plupart des grandes horloges publiques.
C'est lui qui exécuta, entre autres, celles du Luxembourg
,
du jardin des Plantes
,
des châteaux
de Bellevue et des Ternes. Parmi ses perfectionnements, fort nombreux,
on cite surtout celui de l'échappement à chevilles. Il a écrit
: Traité d'horlogerie (Paris, 1755, in-4; suppl., 1760); Description
de plusieurs ouvrages d'horlogerie (Paris,1764, in-12).
Nicole-Reine Etable de la Brière,
épouse duprécédent, née en 1723, morte en 1788, qu'il épousa en 1748,
fut une mathématicienne et une astronome d'une très grande valeur. Elle
s'était passionnée, dès sa première jeunesse, pour les sciences exactes.
Devenue l'amie de Lalande, qui habitait, comme
son mari, le palais du Luxembourg, et de Clairaut,
elle fut beaucoup encouragée et guidée par eux dans ses études, puis
les aida à son tour dans leurs recherches et effectua notamment presque
tous les calculs de leur travail sur les perturbations de la comète
de Halley
(1757). De 1759 à 1774, elle collabora activement à la Connaissance
des Temps; sa Table des angles parallactiques et sa Carte
de l'éclipse annulaire de soleil du 1er
avril 1774 ont paru dans ce recueil.
On lui doit également la table des longueurs
des pendules insérée dans le Traité d'horlogerie de son mari
et les Tables du soleil, de la lune, des planètes, que Lalande
a publiées dans les t. VII et VIII de ses Ephémérides des mouvements
célestes. Le naturaliste Commerson lui
avait dédié la rose du Japon qu'il avait appelée lepautia, nom changé
ensuite par Jussieu en celui d'hortensia.
Jean-Baptiste Lepaute, né à Thonne-la-Long
(Meuse) en 1727, mort à Paris en 1802, était
le frère de Jean-André, qui le fit venir à Paris en 1747 et dont il
fut l'associé Jusqu'en 1774. Il resta à partir de cette date le
seul chef de la maison. Ses chefs-d'oeuvre furent la belle pendule à équation
de l'Hôtel de Ville
de Paris (1780), détruite dans I'incendie de 1871, et celle de l'Hôtel
des Invalides
(1784).
Il s'était adjoint deux neveux : l'un
maternel, Pierre Henry, né à Thonne-la-Long en 1745, qui fut blessé
le 19 décembre 1800 par l'explosion de la machine infernale et qui mourut
en 1806; l'autre paternel, Pierre-Basile Lepaute, né à Thonne-le-Thil
(Meuse) en 1750, mort en 1843, qui eut à son tour pour associé, jusqu'en
1811, son neveu, Jean-Joseph Lepaute (1768-1846), et qui exécuta
avec la collaboration de celui-ci, puis avec celle de son fils, Pierre-Michel
Lepaute (1785-1849), resté à son tour, en 1816, le seul chef de la
maison, toute une série de pendules et d'horloges de grandes dimensions
qui, sont autant de merveilles de mécanisme : pendule astronomique du
Bureau des longitudes, placée ensuite à l'Observatoire, horloges de la
Bourse et de l'hôtel des Postes de Paris,
des palais du Louvre, des Tuileries
,
de Compiègne, etc. Il inventa le remontoir d'égalité.
Augustin Michel Henry né en 1800,
mort en 1885, fils de Pierre Henry, et neveu, en même temps que gendre,
de Jean-Joseph Lepaute, adjoignit en 1838 Ã l'horlogerie la construction
des phares, qu'il porta au plus haut degré de perfection, et créa vers
le même temps les types des régulateurs pour chemins de fer. En 1851,
il fut autorisé à ajouter à son nom, patronymique celui de Lepaute.
La même année, les fils de Pierre-Michel Lepaute lui cédèrent tous
les droits qu'ils tenaient de leur père dans la maison Lepaute. Celle-ci
est dirigée depuis 1862-67 par ses propres fils, Léon et Paul Henry-Lepaute,
nés respectivement en 1838 et en 1842. L'aîné était ingénieur des
arts et manufactures. Une autre fabrique ancienne d'horlogerie, la maison
Niot, a fusionné avec la maison Lepaute.
Joseph Lepaute d'Agelet, astronome,
neveu de Jean-André et de Jean-Baptiste Lepaute, né à Thonne-la-Long
(Meuse) le 25 novembre 1751, mort en 1788. Ses oncles le firent venir Ã
Paris à quinze ans et confièrent son éducation
à l'illustre Lalande, leur ami. Lepaute d'Agelet
devint de bonne heure professeur de mathématiques
à l'Ecole militaire et membre de l'Académie des
sciences de Paris (1785). Il accompagna Lapérouse
dans son voyage autour du monde et périt avec toute l'expédition. On
lui doit de nombreuses observations astronomiques consignées dans les
Mémoires de l'Académie des sciences de Paris (1784-90). On a également
de lui une Table de la pesanteur de l'eau de mer publiée par le même
recueil (1788). (L. S.).