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L'Hospital

Michel de L'Hospital est un homme d'Etat français, né à Aigueperse (Puy-de-Dôme) en 1507, mort à Bellébat (Gironde) le 13 mars 1573. Il était fils d'un médecin du connétable de Bourbon et, impliqué dans la disgrâce de tous les partisans de celui-ci, il fut quelque temps emprisonné en 1522 ou 1523, puis alla en Italie faire des études de droit et devint auditeur de rote à la cour pontificale. De retour en France, il épousa (1537) la fille du lieutenant criminel Morin. Ce fut le commencement de sa fortune. Devenu conseiller au parlement de Paris, il fut chargé en 1547 d'une mission auprès du concile de Trente qui siégeait à Bologne. A son retour, Marguerite de France, fille de François Ier, le fit président de son conseil, puis chancelier de Berry; il devint plus tard maître des requêtes, surintendant des finances et enfin chancelier de France (mars 1560). 
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Michel de l'Hopital.
Michel de L'Hospital (1507-1573).

Arrivé au pouvoir grâce à l'appui de Catherine de Médicis, alors opposée aux Guises, il tenta de pratiquer une politique de haute tolérance et de conciliation. Un de ses premiers actes fut de refuser de signer la sentence de mort prononcée contre le prince de Condé à raison de la conjuration d'Amboise. Ce fut à son influence que fut due la réunion des notables à Fontainebleau, puis des Etats généraux à Orléans et à Saint-Germain. Prenant pour base les voeux exprimés dans ces assemblées, il rédigea la célèbre ordonnance d'Orléans (janvier 1561), sorte de code pour la réforme de l'Eglise et de la justice, dont les principales dispositions étaient l'abolition du concordat de François Ier, et, d'autre part, la suppression des baillis et sénéchaux, c.-à-d. le remplacement des hommes de guerre par des juriconsultes dans les tribunaux. 

Dès l'avènement de Charles IX, il avait obtenu des lettres royaux pour la délivrance des prisonniers retenus pour cause de religion ; au mois de juillet suivant, il les fit confirmer par un édit qui, tout en déclarant les prêches illicites, suspendit les poursuites relatives aux opinions religieuses jusqu'à la réunion d'un concile qui devait statuer sur ces matières. Ce concile, où L'Hospital se flattait de voir les théologiens des deux partis se faire des concessions et se mettre d'accord, fut le colloque de Poissy (1561) qui rendit au contraire la scission irrémédiable. Les passions étaient trop ardentes pour qu'on écoutât le langage du chancelier. En dépit de la guerre civile, celui-ci ne cessa de poursuivre et d'appliquer ses idées réformatrices. En 1566, il fit rendre la grande ordonnance de Moulins, déclarant le domaine royal inaliénable et imprescriptible, restreignant les inconvénients de la vénalité des charges en fixant le mode de nomination des magistrats, régularisant la procédure, subordonnant les tribunaux inférieurs aux tribunaux supérieurs, etc. Mais, lorsque, deux ans plus tard, la reine mère se fut décidée à montrer plus de rigueur que par le passé contre les protestants, L'Hospital, qui continuait à réclamer l'exécution des édits de tolérance, tomba en disgrâce. Succombant à la haine que lui portaient les Guises et les catholiques, il quitta la cour en mai 1568, et rendit les sceaux. Toutefois, ce ne fut que le 1er février 1573 qu'il fut contraint de donner sa démission de l'office de chancelier. 

Les oeuvres complètes de L'Hospital ont été publiées en 1824 par Dufey (de l'Yonne) (5 vol. in-8). Il s'y trouve un certain nombre de poésies latines publiées dès 1585 et dont il existe deux traductions françaises. La fille unique de Michel de L'Hospital épousa Nicolas Hurault, seigneur de Bellébat; leurs descendants prirent le nom de L'Hospital. (GE).

Guillaume-François-Antoine de L'Hôpital ou L'Hospital, marquis de Sainte-Mesme et comte d'Entremont, est un mathématicien, né à Paris  en 1661, mort à Paris le 2 février 1704. Fils d'Anne-Alexandre de L'Hôpital, lieutenant général des armées du roi, lequel n'était du reste uni par aucun lien de parenté avec le célèbre chancelier Michel de L'Hospital, il montra, encore enfant, de grandes aptitudes pour les mathématiques et résolut à quinze ans quelques problèmes sur la cycloïde proposés par Pascal. Il devait toutefois à sa naissance d'embrasser le métier des armes et il servit quelque temps comme capitaine dans le régiment de cavalerie colonel-général. Mais une extrême myopie le contraignit bientôt de donner sa démission et il se livra dès lors exclusivement à ses études favorites. 

Le calcul différentiel, à peine révélé par quelques écrits obscurs de Leibniz, était encore à cette époque, pour la presque unanimité des savants, un impénétrable mystère. Jean Bernouilli, l'un des trois ou quatre initiés, étant venu à Paris en 1792, le marquis de l'Hôpital l'emmena dans sa terre d'Oucques, près de Vendôme, et l'y retint pendant quatre mois, au bout desquels il connaissait aussi bien que son jeune maître les « secrets de l'infini géométrique ».

L'année suivante (1693), il fut élu membre honoraire de l'Académie des sciences de Paris, et, désormais à même de rivaliser, pour le calcul, avec Newton, Huygens, Leibniz et les Bernoulli, il commença à participer à la recherche des problèmes que se proposaient en défi ces illustres mathématiciens. C'est ainsi qu'il trouva successivement la courbe dont les tangentes, terminées à l'axe, sont proportionnelles aux parties de l'axe interceptées entre la courbe et ces tangentes, celle du contrepoids équilibrant un pont-levis, celle d'égale pression, la brachystochrone d'un corps pesant, etc.

Mais ce n'étaient là que passe-temps. Il travaillait avec ardeur à rendre au monde savant tout entier le même service qu'il avait reçu de Jean Bernoulli, à faire enfin connaître les merveilleuses méthodes. L'ouvrage divulgateur : Analyse des infiniment
petits pour l'intelligence des lignes courbes (Paris, 1696, in-4), quoique généralement accueilli avec joie, fut pourtant le sujet, au sein de l'Académie partagée en deux camps, de discussions passionnées. Il eut, après la mort de son auteur, plusieurs éditions; la dernière paraît être celle donnée par Lefèvre (1781, in-4). Il fut en outre commenté, notamment par Varignon et par Crousaz; mais le travail de ce dernier est à tous égards détestable. Quant à Jean Bernoulli, quelque peu jaloux du succès remporté par son élève, il revendiqua assez malencontreusement, alors que celui-ci n'était plus là pour lui répondre, diverses particularités nouvelles que contenait le livre, entre autres la règle dite de L'Hôpital, qui permet d'obtenir la valeur limite d'une fraction dont les deux termes tendent simultanément vers zéro.

Lorsque le marquis de l'Hôpital mourut, à quarante-trois ans, d'une attaque d'apoplexie, il venait de terminer un second ouvrage, excellent pour l'époque et publié trois ans après sous le titre : Traité analytique des sections coniques (Paris, 1707, in-4). On a encore de lui plusieurs mémoires et notes insérés dans le Recueil de l'Académie des sciences (Anc. Mém., t. X; Nouv. Mém., années 1699-1701) et dans les Acta eruditorum de Leipzig (1693-1699). Il avait associé,semble-t-il, à ses travaux son épouse, Marie-Charlotte de Romilley de La Chesnelaye. (L. S.).

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