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ÃŽle Juan de Nova

17 03 S, 42 45 E
L'île Juan de Nova est un territoire d'outre-mer de la France, situé au large des côtes de Madagascar et faisant partie des Îles Éparses. L'île couvre environ 4,5 km² et est relativement plate avec des plages de sable blanc et une végétation côtière. Elle est entourée de récifs coralliens et possède un lagon intérieur.

L'île est protégée et classée comme réserve naturelle. Elle est sous la juridiction des TAAF et est gérée dans le cadre des politiques de conservation. L'accès y est limité et généralement restreint aux missions scientifiques ou aux opérations de conservation. Les visiteurs sont soumis à des réglementations strictes pour préserver l'environnement fragile.

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Carte de l'île Juan de Nova.
Carte de l'île Juan de Nova.Source : The World Factbook.
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Géographie physique de Juan de Nova.
Le relief de Juan de Nova est caractéristique des îles de type corallien bas : il est extrêmement plat. Le point le plus élevé de l'île n'atteint que quelques mètres au-dessus du niveau de la mer, ce qui rend l'île particulièrement vulnérable aux ondes de tempête et à l'élévation du niveau marin. Le sol est principalement constitué de sable corallien, de fragments de coraux fossilisés et de roche calcaire, avec des dépôts de guano dans les zones qui ont été exploitées par le passé.

L'île est entourée d'un récif corallien qui forme une zone lagunaire peu profonde avant de plonger dans les eaux plus profondes du canal du Mozambique. Les côtes sont principalement constituées de plages de sable blanc. Quelques zones rocheuses, correspondant à des affleurements de vieux corail fossilisé ou de beachrock, sont également présentes.

Sur le plan hydrologique, l'île ne dispose d'aucune source d'eau douce permanente. L'eau potable doit être collectée par récupération des eaux de pluie ou par dessalement. La nappe phréatique sous l'île est saumâtre.

Le climat de Juan de Nova est de type tropical océanique. Il est caractérisé par deux saisons principales : une saison chaude et humide qui s'étend de novembre à avril, et une saison plus fraîche et sèche de mai à octobre. Les températures sont élevées toute l'année, et l'île est sujette aux passages de dépressions tropicales et de cyclones durant la saison humide.

Biogéographie de Juan de Nova.
L'isolement géographique de Juan de Nova, bien que moins prononcé que pour des îles océaniques plus lointaines, a joué un rôle clé dans la composition de sa biodiversité, principalement façonnée par les arrivées par mer, air et via les oiseaux.

L'histoire humaine a profondément impacté Juan de Nova. L'île a été exploitée de manière intensive pour le guano au cours du XIXe et début du XXe siècle. Cette activité a entraîné un déboisement important et une perturbation majeure des habitats naturels. La végétation actuelle est en grande partie le résultat d'une recolonisation et d'une reforestation, notamment avec l'introduction ou la dominance marquée du filao (Casuarina equisetifolia). La flore indigène est peu diversifiée et adaptée aux conditions difficiles du littoral sableux et salin : présence de Scaevola taccada, Suriana maritima, diverses graminées et petites herbes. Les espèces végétales ont généralement une large distribution dans la région indopacifique et sont capables de se disperser par l'eau salée ou le vent. On ne trouve que très peu, voire pas, d'espèces végétales strictement endémiques à l'île.

La faune de Juan de Nova est dominée par les oiseaux et les reptiles marins, qui constituent l'intérêt biogéographique majeur de l'île. Juan de Nova est un site de nidification d'importance régionale, voire mondiale, pour plusieurs espèces d'oiseaux marins. La colonie de Sternes fuligineuses (Onychoprion fuscatus) est l'une des plus importantes de l'océan Indien. Elle regroupe des centaines de milliers, parfois plus d'un million, d'individus. D'autres espèces nichent en nombre, comme la Sterne naine (Sternula albifrons), la Sterne bridée (Onychoprion anaethetus), les Noddis bruns (Anous stolidus) et les Noddis maugis (Anous tenuirostris). L'île abrite également des colonies de Fous à pieds rouges (Sula sula), de Frégates ariel (Fregata ariel) et de Frégates du Pacifique (Fregata minor). Ces populations dépendent entièrement des ressources alimentaires marines environnantes et utilisent l'île comme un refuge sûr pour la reproduction. Le guano accumulé par ces colonies contribue à la faible fertilité du sol sableux, et crée un lien écologique fort entre les écosystèmes marin et terrestre. En dehors des oiseaux marins, l'avifaune terrestre est très limitée, souvent réduite à quelques espèces introduites comme le Foudi rouge (Foudia madagascariensis) et quelques oiseaux migrateurs de passage.

Les reptiles sont représentés principalement par les tortues marines. L'île est un site de ponte essentiel, en particulier pour la Tortue verte (Chelonia mydas), qui vient y déposer ses oeufs sur les plages de sable. La Tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) est également présente, mais en plus petit nombre. Ces populations sont cruciales pour la conservation de ces espèces menacées dans l'océan Indien occidental. Quelques espèces de geckos et de scinques constituent la petite faune reptilienne terrestre. L'île ne possède pas de mammifères terrestres indigènes. Des rongeurs (rats), après avoir été introduits ,  ont constitué une menace pour les oiseaux et les tortues, et ont fait l'objet de campagnes d'éradication. Les invertébrés terrestres sont adaptés aux conditions côtières ; on trouve diverses espèces d'arthropodes, dont des crabes terrestres et des insectes.

Les principaux habitats ou écosystèmes présents sur l'île comprennent les plages de sable fin, les zones arbustives côtières dominées par des espèces résistantes au sel, la forêt de filaos qui couvre une partie importante de l'île (souvent très dense et mono-spécifique dans les zones anciennement exploitées pour le guano), et les zones d'herbes et de végétation basse là où les oiseaux marins nichent en masse, la végétation étant parfois absente ou très rase à cause du piétinement intensif et de la concentration de guano. L'écosystème marin environnant, qui englobe le lagon et le récif corallien, est une extension importante de l'écosystème terrestre car il fournit la base alimentaire aux oiseaux marins et aux tortues. 

Parmi les menaces, on note les impacts résiduels des perturbations historiques, les espèces envahissantes et les risques liés au changement climatique, comme l'élévation du niveau de la mer.

Histoire de Juan de Nova.
Le nom de l'île est traditionnellement attribué au navigateur portugais João da Nova, qui l'aurait aperçue en 1501 lors d'une exploration pour la couronne portugaise. Pendant des siècles, l'île, de faible altitude, sableuse et décrite comme inhospitalière, est restée inhabitée, fréquentée occasionnellement par des marins, des pêcheurs ou potentiellement des pirates, mais sans établissement permanent. Elle apparaît sous divers noms sur d'anciennes cartes maritimes, parfois sous celui de Saint-Christophe.

C'est à la fin du XIXe siècle que l'intérêt pour Juan de Nova s'accroît. L'île est officiellement revendiquée par la France vers 1897-1898, dans le contexte de l'expansion coloniale dans l'océan Indien. Elle est alors rattachée administrativement à la colonie de Mayotte, puis à celle de La Réunion. Le principal attrait de Juan de Nova réside dans ses importantes réserves de guano, un engrais naturel accumulé sur des millénaires grâce aux oiseaux marins. Dès le début du XXe siècle, des concessions d'exploitation du guano sont accordées à des sociétés privées, notamment la Société française des îles Malgaches. L'extraction du guano devient l'activité principale de l'île, et entraîne la présence de travailleurs, généralement sous contrat, et vivant dans des conditions difficiles. Une petite infrastructure est mise en place pour faciliter cette exploitation : des bâtiments rudimentaires et même, à une époque, un petit chemin de fer pour transporter le guano vers des points d'embarquement. Parallèlement à l'exploitation du guano, des tentatives sont faites pour cultiver l'île, notamment en plantant des cocotiers pour le coprah, mais ces activités restent secondaires.

Durant les deux Guerres Mondiales, Juan de Nova, de par sa position stratégique dans le canal du Mozambique, acquiert une certaine importance. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, l'île est le théâtre d'événements tragiques. En 1942, le navire français Amiral Pierre, qui transporte du guano, est torpillé par un sous-marin allemand (U-177) alors qu'il est ancré près de l'île. Le personnel présent sur l'île est contraint d'évacuer ou se disperse, l'île est brièvement bombardée, et elle est ensuite occupée par les forces britanniques pendant un temps, dans le cadre des opérations visant à prendre le contrôle de Madagascar alors sous l'influence du régime de Vichy.

Après la guerre, l'exploitation du guano reprend mais commence à décliner. Les gisements s'épuisent progressivement. L'intérêt stratégique de l'île, en revanche, ne diminue pas. En 1960, lors de l'accession à l'indépendance de Madagascar, la France décide de maintenir sa souveraineté sur Juan de Nova (ainsi que sur les autres Îles Éparses : Europa, Bassas da India, les Glorieuses, et Tromelin). Ces îles, qui étaient jusque-là administrées depuis la Grande Île ou rattachées à des colonies comme La Réunion ou Mayotte, sont alors placées sous l'autorité directe du ministre chargé des départements et territoires d'Outre-mer. En 1960 toujours, les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) sont créées, et les Îles Éparses, dont Juan de Nova, sont intégrées à cette collectivité territoriale d'Outre-mer, administrées par le Préfet, administrateur supérieur des TAAF, dont le siège se trouve à La Réunion.

Depuis 1960, la présence française sur Juan de Nova est permanente. Bien que l'exploitation commerciale ait cessé, l'île abrite une petite garnison militaire (généralement des éléments des Forces Armées de la Zone Sud de l'Océan Indien - FAZSOI, notamment de la Légion Étrangère), une station météorologique de Météo-France qui joue un rôle essentiel pour la surveillance cyclonique, et un phare automatique. Une piste d'aviation permet l'accès et le ravitaillement de l'île. Juan de Nova est aujourd'hui reconnue pour son importance écologique. Elle est incluse dans le Parc naturel marin des Glorieuses créé en 2021, étendant la protection environnementale autour d'elle. L'accès à l'île est strictement réglementé et nécessite une autorisation des autorités préfectorales des TAAF.

Cependant, la souveraineté de la France sur Juan de Nova, comme sur les autres ÃŽles Éparses du canal du Mozambique, est contestée par Madagascar, qui revendique ces îles, arguant qu'elles faisaient partie intégrante de son territoire colonial et auraient dû lui être rétrocédées lors de son indépendance. La France rejette cette revendication, en affirmant que ces îles ont toujours eu un statut administratif distinct et n'ont jamais été intégrées au territoire malgache proprement dit pendant la période coloniale. Cette question de souveraineté reste un sujet de dialogue, bien que sans résolution à ce jour. 

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