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Fortunat ou Fortunatus (Venantius Honorius Clementianus), né dans le Nord de l'Italie entre 530 et 540. Il fit son éducation à Ravenne. Postérieurement à 560 il vint en Austrasie, fut bien accueilli par le roi Sigebert, de là se rendit à Tours en pèlerinage au tombeau de saint Martin. Il visita ensuite Poitiers où il se lia avec sainte Radegonde, princesse thuringienne, qui, après avoir été la femme du roi Clotaire, s'était retirée dans cette ville au monastère de Sainte-Croix, fondé par elle. Ce fut là qu'il vécut désormais et qu'il se fit prêtre. Cependant ses poésies le rendaient célèbre dans toute la Gaule et lui valaient de nombreuses relations. Il devint évêque de Poitiers et mourut probablement au commencement du VIIe siècle. C'est à l'instigation de Grégoire, l'évêque de Tours et l'historien des Francs, que Fortunat a réuni et publié ses poèmes. Ce recueil comprend onze livres. Ces oeuvres très nombreuses et de caractères fort divers offrent un tableau fort intéressant de la société de cette époque. 

Fortunatus, qui avait l'âme d'un courtisan et qui prodiguait facilement les louanges , a composé les éloges de la plupart des évêques avec lesquels il s'est trouvé en rapport; il s'est fait aussi le panégyriste des rois francs, de Chilpéric, de Sigebert, de Caribert. Son épithalame de Sigebert et de Brunehaut, son poème sur le mariage et la mort de Galswinthe en particulier, ont été souvent cités. A ces farouches rois mérovingiens il attribue généreusement les vertus qui leur étaient le plus étrangères, et les compare gravement aux plus sages personnages de l'antique Rome. Néanmoins, sous cette phraséologie pompeuse apparaissent bien des traits des moeurs du temps. La verve poétique de Fortunatus était d'ailleurs mise à contribution à tout propos : s'il s'élève en Gaule quelque belle église, il célèbre cet événement; si un évêque, un personnage important disparaît, il compose en son honneur une épitaphe.

Ce sont-encore des épîtres adressées à ses amis, des billets de remerciement à Radegonde et à l'abbesse de Sainte-Croix, Agnès, qui l'accablent de friandises. Ailleurs il raconte le voyage qu'il a fait sur la Moselle. Il a écrit aussi des hymnes dont quelques-unes, comme le Vexilla regis prodeunt et le Pange lingua, se chantent encore dans les églises. Enfin, il est l'auteur d'un grand poème biographique en quatre chants sur saint Martin; cette oeuvre n'a du reste aucune valeur historique et il se contente de mettre en vers les récits de Sulpice Sévère. Fortunatus est un esprit aimable et médiocre, un versificateur ampoulé. (C. Bayet).

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Dictionnaire biographique
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© Serge Jodra, 2004. - Reproduction interdite.