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Constance d'Arles

Constance d'Arles est une reine de France, troisième femme de Robert le Pieux, morte à Melun en juillet 1032. Le père de Constance, au dire de tous les chroniqueurs, s'appelait Guillaume. Mais tandis que le P. Pagi, Mabillon et Dom Vaissette y voient Guillaume III Taillefer, comte de Toulouse, d'autres historiens pensent qu'il s'agit de Guillaume Ier, comte d'Arles. Mabille, dans une note de la troisième édition de l'Histoire de Languedoc, et Pfister, dans ses Etudes sur le règne de Robert le Pieux, se sont prononcés en faveur du dernier. Une note interlinéaire ajoutée au texte de Raoul Glaber dans le manuscrit latin 10912 de la Bibliothèque nationale, porte que Constance était petite-fille d'un Foulques d'Anjou, et qu'elle était fille de Guillaume, comte d'Arles, et de Blanche. D'autre part, Ive de Chartres nous apprend que la mère de Constance était soeur de Geoffroy Grisegonelle. Il paraît donc établi que Blanche, mère de Constance, est la même qu'Adélaïde, fille de Foulques le Bon, comte d'Anjou, qui vers 982 épousa Guillaume, comte d'Arles. 

Le mariage du roi Robert II avec Constance eut lieu, d'après Raoul Glaber, vers l'an 1000. En 1001, Constance était encore dans le Midi; en 1003, elle souscrivait à un acte pour Saint-Pierre de Melun avec la reine mère et divers autres personnages du royaume de France. La nouvelle reine amena avec elle beaucoup de gens du Midi qui, aux termes du chroniqueur, scandalisèrent la cour par leur légèreté, leur vanité, leurs vêtements aussi excentriques que leurs moeurs, le peu de soin qu'ils avaient de leurs armes et de leurs chevaux. Ils avaient les cheveux coupés à mi-tête, la barbe rasée à la manière des histrions, des chausses et des souliers indécents. Quant au respect de la parole donnée, c'était chose qu'ils ne connaissaient pas. Exemples pernicieux, s'écrie Raoul Glaber, pour les Francs et les Bourguignons, naguère si nobles, et qui s'empressèrent d'adopter ces moeurs honteuses. Le saint abbé Guillaume fit des remontrances au roi et à la reine.

Si scandaleuse que fût l'introduction à la cour de France de ces moeurs, ce ne fut pas toutefois le plus fâcheux résultat du mariage de Robert avec Constance. Deux partis se formèrent, l'un qui soutenait Berthe, la reine répudiée, et à la tête duquel se trouvait son fils Eudes, comte de Blois; l'autre favorable à Constance et qui avait pour chef son cousin germain Foulques Nerra, comte d'Anjou. Le roi d'ailleurs ne pouvait s'accommoder de l'humeur acariâtre et de l'avarice de sa femme. Helgaud rapporte qu'il devait se cacher d'elle pour donner aux pauvres. On conte aussi que pour se débarrasser des importunités de Constance, qui le priait de faire une hymme en son honneur, il composa le repons O Constantia martyrum. Parmi les partisans de Berthe était un certain Hugues de Beauvais qui ne cessait d'attiser la discorde entre Robert et Constance. Il était d'autant plus odieux à la reine qu'il était plus en faveur auprès du roi. Celui-ci lui avait donné le titre de comte palatin. Or un jour que le roi était en chasse et Hugues avec lui, des envoyés de Foulques d'Anjou, cousin de la reine, survinrent et tuèrent Hugues sous les yeux même du roi. 
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Constance d'Arles.
Constance d'Arles.

Le roi cita Foulques devant son tribunal, mais les juges ayant déclaré les meurtriers et leur maître coupables de lèse-majesté et dignes de la mort, Robert ne fit pas exécuter la sentence et se contenta de faire prononcer par le synode de Chelles des peines spirituelles contre les assassins. A la suite de cet événement, Robert chercha à faire rompre son mariage avec Constance; dans ce but, il alla à Rome avec la reine Berthe. Cependant Constance s'était retirée au château de Theil dans le Sénonais avec son jeune fils Hugues, qui était né en 1007. Odoran, moine de Saint-Pierre-le-Vif de Sens, raconte que la reine, qui craignait d'être chassée du lit du roi, apprit par saint Savinien, qui lui apparut en rêve, que ses voeux étaient accomplis et qu'elle resterait reine. A partir de ce moment l'accord se rétablit entre Robert et sa femme. Hugues n'était pas le seul enfant que Constance eût donné au roi; sa naissance avait été suivie de celle de Henri, qui reçut plus tard le duché de Bourgogne.

Constance fut encore mère de trois enfants : Robert, qui mourut en 1075, Eudes et Adèle qui, en 1027, épousa Richard III, duc de Normandie. Sur les instances de la reine, Robert associa son fils aîné, Hugues, au trône en 1017. Mais quand celui-ci eut grandi et qu'il voulut se mêler du gouvernement, sa mère, jalouse de l'autorité qu'il semblait prendre sur l'esprit du roi, excita ce dernier contre son fils qui, las des injustices de ses parents, quitta le palais et rassemblant autour de lui quelques jeunes gens de son âge, se mit à ravager le domaine royal. Grâce à l'intervention de Fulbert de Chartres, le père et le fils se réconcilièrent, mais pour peu de temps, car Hugues mourut le 17 septembre 1025. Une nouvelle lutte agita le palais, Robert voulant faire couronner son second fils Henri, duc de Bourgogne, Constance prétendant assigner le trône à son troisième fils Robert. Mais elle échoua dans son projet. Après le sacre de Henri, célébré à Reims le jour de la Pentecôte 1027, Constance s'éloigna de la cour. 

C'est probablement à son instigation que Henri et Robert prirent en 1030 les armes contre leur père. Mais le roi Robert une fois mort (20 juillet 1031), Constance sentit renaître en son coeur sa haine pour son fils Henri. Elle mit la main sur Senlis, Sens, Béthisy, Dammartin, Le Puiset et Poissy. Puis elle fomenta contre le nouveau roi une ligue à laquelle elle gagna Eudes, comte de Troyes, en lui donnant la moitié de la ville de Sens, et son fils Robert, en lui faisant espérer le trône. Ce dernier, battu par les troupes royales à Villeneuve-Saint-Georges, reconnut à son frère le titre de roi, mais il reçut le duché de Bourgogne. Constance survécut peu à cette paix. (M. Prou).

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Dictionnaire biographique
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