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Au
moment de la conquĂŞte espagnole, le territoire de ce qui allait
être le Salvador était occupé par deux peuples indiens, les Chontalli
et surtout les Pipils. La conquête les réduisit en esclavage,
mais plus vite que partout ailleurs dans l'Amérique
latine, les Indiens du Salvador se sont assimilé les conquérants; la
plupart ont perdu leur langue sauf quelques mots qui sont passés dans
l'usage courant. Cependant quelques tribus sont parvenues Ă conserver
jusqu'ici leurs traditions et leur langage : on peut citer le district
d'lzalco, celui de Zacatecolula, et surtout la Costa del Balsamo entre
Acajutla et la Libertad, oĂą les Indiens, soi-disant convertis au catholicisme,
ont gardé leurs coutumes religieuses et la forme communiste de la propriété
du sol.
Comme toutes celles des colonies latines d'Amérique, l'histoire da Salvador a été fort troublée. C'est en 1524 que Pedro Alvarado pénétra pour la première fois dans le pays; il y trouva une résistance acharnée dans les villages des Izalcos et à la ville des Pipils, Cuscatlan. San Salvador fut fondée en 1528 ; la nouvelle colonie dépendit de la capitainerie de Guatemala. L'indépendance fut proclamée pacifiquement le 15 septembre 1821 à la suite de l'insurrection mexicaine. Le Salvador essaya d'abord de rester uni au Guatemala par un lien fédéral; mais, en 1822, il protesta contre l'incorporation des républiques centre-américaines au Mexique; il battit les troupes guatémaltèques, mais fut écrasé par l'armée mexicaine. En 1823, l'empire d'Iturbide s'écroula, et le 22 novembre 1824 fut proclamée la République fédérale centre-américaine, avec San Salvador comme capitale et le général Manuel Arce comme président. Mais les guerres civiles ne tardèrent pas à éclater (1826-1829), le Guatemala voulant rompre la fédération; le 13 avril 1829, Morazan occupa Guatemala avec les troupes salvadoriennes et maintint la fédération jusqu'en 1839. Il fut alors vaincu par Carrera, le futur dictateur du Guatemala, et le Salvador se déclara indépendant. En 1841, nouvelle guerre entre le Guatemala et le Salvador, le premier ayant fourni des troupes à l'ancien président Arce, contre le président Malespin. Celuici fut, l'année suivante, renversé par un pronunciamento appuyé par le Nicaragua et se réfugia au Honduras, ce qui fit éclater la guerre entre Honduras et Salvador. Les deux républiques s'allièrent ensuite, et en 1850 Doroteo Vasconcelos voulut imposer la fédération au Guatemala. En 1851, le Salvador
fut envahi par Carrera. En 1856 et 1860, un flibustier
américain, William Walker, tenta de conquérir
l'Amérique centrale au profit des Etats-Unis;
mais les cinq républiques s'armèrent contre lui, et il fut fusillé.
En 1863, nouvelle invasion du Salvador par Carrera. La paix dura ensuite
jusqu'en 1885; à cette époque, le président du Guatemala,
Justo Rufino Barrios, d'accord avec le Honduras, voulut reconstituer la
fédération par décret; cette fois, ce fut le Salvador qui fut hostile
à l'union et entraîna avec lui le Nicaragua et Costa Rica.
Barrios fat défait et tué. La même année, le président Zaldivar fut
renversé au Salvador, et Menendez convoqua une constituante qui élabora
une constitution. Menendez fut renversé et tué par une insurrection en
1890, et la même année une nouvelle guerre éclata entre le Guatemala
et le Salvador.
A cette Ă©poque, le Salvador connaissait un rĂ©gime rĂ©pressif, prĂ©sidĂ© par Pedro JosĂ© EscalĂłn. Il a cependant connu une embellie Ă©conomique due Ă l'expansion de la production de cafĂ©, mais, il est vrai, au prix d'une concentration des terres, qui a crĂ©Ă© une profonde fracture sociale entre les riches propriĂ©taires terriens de cafĂ© et les ruraux pauvres. Dans les annĂ©es 1930 et 1940, la concentration des terres a continuĂ© d'approfondir la fracture sociale, tandis que le pays continuait de vivre sou les rĂ©gimes rĂ©pressifs d'une succession de gouvernements militaires. Des groupes politiques de gauche et de syndicats qui ont commencĂ© Ă se faire entendre pour exiger des rĂ©formes. La stabilitĂ© politique n'est revenue que dans les deux dĂ©cennies suivantes, sous la prĂ©sidence de JosĂ© MarĂa Lemus. Mais la pĂ©riode a Ă©tĂ© marquĂ©e par la corruption croissante et l'absence de rĂ©formes sociales et Ă©conomiques, si bien qu'une partie de la population rurale s'est enfoncĂ©e encore davantage dans la pauvretĂ©. En rĂ©action, des groupes de guĂ©rilla se sont formĂ©s, tels que le Front de libĂ©ration nationale Farabundo MartĂ (FMLN). Il s'en est suivi, dans les annĂ©es 1970 une montĂ©e de la violence politique, accentuĂ©e par une Ă©lection prĂ©sidentielle frauduleuse en 1972 et un retour Ă un rĂ©gime rĂ©pressif. L'action de groupes militaires et paramilitaires (escadrons de la mort) a entraĂ®nĂ© la mort de milliers de personnes et le dĂ©placement de centaines de milliers d'autres dans les pays voisins. Cette guerre civile salvadorienne, comme on l'a appelĂ©e, a atteint son apogĂ©e dans les annĂ©es 1980, qui a vu la multiplication des atrocitĂ©s commise, mais aussi le soutien des Etats-Unis au gouvernement salvadorien. La guerre civile a coĂ»tĂ© la vie Ă environ 75 000 personnes, et a pris fin en 1992 lorsque le gouvernement et les rebelles de gauche ont signĂ© un traitĂ© (les accords de Chapultepec) prĂ©voyant des rĂ©formes militaires et politiques. Depuis, le pays a connu une alternance entre les deux principaux partis politiques, le Front Farabundo Marti de LibĂ©ration Nationale (FMLN), issu de la guĂ©rilla, et l'Alliance RĂ©publicaine Nationaliste (ARENA), un parti de droite. Des rĂ©formes Ă©conomiques ont Ă©tĂ© mises en place qui ont permis une croissance Ă©conomique rapide, mais elle n'a pas Ă©tĂ© suffisante pour rĂ©soudre les problèmes sociaux et Ă©conomiques profonds auxquels le pays est confrontĂ©. En 2009, Mauricio Funes, le candidat du FMLN, a remportĂ© les Ă©lections prĂ©sidentielles. Son gouvernement a cherchĂ© Ă rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s sociales, Ă renforcer les institutions dĂ©mocratiques et Ă amĂ©liorer les relations avec les pays voisins. L'ARENA a ensuite remportĂ© les Ă©lections prĂ©sidentielles de 2014 et encore en 2019. Mais, Ă cette date, le prĂ©sident Ă©lu, Nayib Bukele, s'est engagĂ© dans une gouvernance populiste et autoritaire, mettant en place des rĂ©formes constitutionnelles controversĂ©es, limogeant des juges de la Cour suprĂŞme et des procureurs, et portant atteinte Ă la libertĂ© de la presse. Depuis la pandĂ©mie de Covid-19, le Salvador s'est enfoncĂ© dans une crise Ă©conomique et une augmentation de la pauvretĂ©, tandis que ses maux endĂ©miques, corruption, inĂ©galitĂ©s sociales n'ont fait que s'aggraver. Le Salvador reste en proie Ă l'un des taux d'homicides les plus Ă©levĂ©s au monde et Ă des gangs criminels omniprĂ©sents. |
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