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Albert de Strasbourg (Albertus Argentinus). - Architecte du XIIIe siècle. D'après une tradition des loges maçonniques (Bauhütten) de l'Allemagne, relatée dans des livrets professionnels de tailleurs de pierre (Steinmetz- büchlain), datant du XVe siècle, Albert de Strasbourg aurait été un moine bénédictin et serait l'inventeur du style gothique; il aurait vécu au XIe siècle; le pape Léon IX, lors de son voyage en Alsace, en 1050, l'aurait chargé de reprendre les travaux de la cathédrale de Strasbourg, interrompus en 1028, à la mort de l'évêque Werinhaire, et Erwin de Steinbach aurait été son disciple. 

Cette légende prouve la grande vénération que les livrets des tailleurs de pierre professent pour un personnage mystérieux, qui, selon toute vraisemblance, n'a vécu qu'au commencement du XIIIe siècle, sinon plus tard, et qui, sous le nom d'Albertus Argentinus, a illustré la célèbre loge maçonnique de Strasbourg. Il avait la réputation de posséder les règles sacrées de l'architecture; toujours est- il qu'il a été l'un des premiers architectes qui ont réuni en un corps de doctrine les principes d'architecture, que connaissaient seuls les initiés, pour les transporter du domaine sacré des loges religieuses des monastères dans le domaine laïque des associations bourgeoises. 

Albert appliquant à l'architecture les idées de Platon, de Pythagore et de Hermès Trismegiste, considère l'octogone avec un cercle inscrit comme le principe fondamental de l'art de construire et du style. Pour lui, le nombre huit est de la plus haute importance; comme le double du nombre quatre, il est la signature de Dieu dans le monde visible. Sa doctrine, résumée par Gérard (Les Artistes de l'Alsace au Moyen âge, t. I, pp. 160 et suiv.), tout en se fondant sur les propriétés intrinsèques, sur les vertus attribuées au nombre huit, repose sur des principes scientifiques les l'art moderne respectera encore; mais elle maintient maintient les formes singulières, mystérieuses et cabalistiques affectionnées par les anciennes corporations et loges, qui croyaient à  la vertu mystique des nombres réputés sacrés, et considéraient l'architecture comme un art sacré, et secret, auquel le profane ne devait pas être initié. 

On ne sait absolument rien sur la vie d'Albert de Strasbourg. Heideloff (1844) a essayé de l'identifier avec Albert le Grand (ci-dessous) qui, vers l'an 1230, a séjourné à Strasbourg. Cette hypothèse n'a rien de vraisemblable.

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