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Dans
l'Eglise chrétienne primitive on a
donné le nom de Puritains à ceux qui refusaient d'admettre à la communion
quiconque avait apostasié par crainte de la mort - et, dans l'histoire
moderne, aux protestants anglo-saxons qui soutinrent contre l'Eglise
anglicane, trop conservatrice à leur gré, l'autorité souveraine
de la Bible
en matière de foi et l'indépendance absolue de la conscience humaine,
lutte qui prépara le triomphe de la liberté religieuse et politique en
Angleterre .
C'étaient moins les doctrines que les cérémonies extérieures du culte
qui divisèrent en deux camps les protestants anglais. La reine Elisabeth,
ayant pris parti pour le clergé romanisant, imposa définitivement
l'Acte d'uniformité à partir du 1er
mars 1565. On révoqua ceux qui ne voulurent pas s'y soumettre. La Chambre
étoilée interdit les livres de controverse, et quelques emprisonnements
temporaires mirent le comble au mécontentement. A partir de 1568, l'Eglise
presbytérienne, comme on appela dès lors la communauté, se constitua,
et le 20 novembre 1572 un « presbytère » régulier fut organisé. L'archevêque
de Canterbury, Grindal, essaya d'amener
la reine à plus de tolérance. Il n'échappa à la destitution que par
la mort, et son successeur Whitgift (1583 Ã 1604) consacra tous ses efforts
à l'anéantissement du puritanisme. On fut particulièrement impitoyable
pour les petites sectes qui s'étaient formées à côté des presbytériens.
L'accession des Stuart
au trône d'Angleterre
redonna un peu d'espoir aux puritains, le souverain ne pouvant, croyait-on,
persécuter en Angleterre l'Eglise à laquelle il appartenait en Ecosse .
Jacques ler,
après avoir fait quelques promesses de tolérance qu'il s'empressa de
ne pas tenir, se montra digne fils de sa mère; plus tolérant pour les
catholiques romains que pour les presbytériens. Les persécutés songèrent
à se créer une patrie au delà des mers. Le premier convoi fut formé
par une portion du troupeau du pasteur John Robinson déjà réfugié Ã
Leyde .
Les Pères pèlerins, comme on les appela, s'embarquèrent sur deux petits
bateaux dont l'un s'appelait le Mayflower, et, après de poignants
adieux, partirent, au chant des psaumes. Ils durent s'arrêter à Plymouth
pour faire réparer leurs embarcations et y inspirèrent le plus vif intérêt
: pendant les quinze années qui suivirent ce mois de septembre 1620, plus
de vingt mille dissidents gagnèrent ainsi la Nouvelle-Angleterre. C'est
à ces puritains que les Etats-Unis
doivent leur organisation civile et religieuse. En Angleterre, l'opposition
de doctrine et des moeurs s'accentua dès lors entre puritains et anglicans.
Après la mort de Jacques, son fils augmenta encore la désaffection de
ses sujets et essaya de se soustraire à leur contrôle en gouvernant sans
parlement. Il fut poussé dans cette voie par deux hommes qui furent ses
mauvais génies : Laud, qui devint archevêque de Canterbury,
et le duc de Stafford.
Mais Charles
ler
alla plus loin; il voulut imposer à l'Eglise d'Ecosse une liturgie se
rapprochant plus encore que celle de l'Eglise anglicane de la liturgie
romaine et provoqua ainsi la révolte du Covenant, c.-à -d. d'une ligne
dont les membres ne reconnaissaient d'autre autorité que celle de la Bible .
Après divers tâtonnements, le roi dut, pour éviter la guerre civile,
convoquer ce qu'on a appelé dans l'histoire le Long Parlement.
C'est le point culminant de l'influence des puritains qui gouvernent alors
l'Angleterre sous le nom de presbytériens, puis d'indépendants.
Au retour de Charles
II, la réaction fut violente. Malgré la déclaration de Bréda ,
il abolit la tolérance religieuse, faisant réviser le Prayer book
dans le sens le plus épiscopal, et le rendant obligatoire pour tous. Des
édits successifs de 1662 à 1673 aggravèrent si bien la situation des
puritains que 800 ecclésiastiques suivant les uns, 2000 d'après les autres,
suivis de 500.000 fidèles, quittèrent l'Eglise
anglicane. Jamais. le sort des puritains n'avait été plus malheureux,
et quand Jacques II monta sur le trône la mesure fut comble. Ils s'unirent
alors aux épiscopaux pour renverser ce monarque et obtinrent, en échange,
de Guillaume II, l'acte octroyant aux presbytériens, indépendants, baptistes
et quakers le libre exercice de leur culte (1689).
(GE). |
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