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Les Ébionites
sont des hérétiques du Ier
siècle de l'ère chrétienne. On n'est pas d'accord
sur l'origine de leur nom. Origène a cru
qu'ils avaient été ainsi appelés du mot hébreu'
ébion, qui signifie pauvre, parce qu'ils étaient,
dit-il, pauvres de sens, et qu'ils manquaient d'esprit. Eusèbe,
qui a eu égard à la même étymologie, prétend
que ce nom leur a été donné, parce qu'ils avaient
de pauvres sentiments sur Jésus-Christ,
qu'ils croyaient être un pur homme; mais tout cela, dit Simon, dans
son Histoire critique du texte du Nouveau Testament, n'est qu'une
simple allusion au nom de ces sectaires, qui signifie pauvre dans la langue
hébraïque. II y a plus d'apparence que les juifs
les appelèrent ainsi par mépris, parce qu'en ces premiers
temps il n'y avait presque que des pauvres qui embrassassent la religion
chrétienne. Origène semble confirmer cette opinion dans
ses livres contre Celse, où il dit qu'on
appela Ebionites ou pauvres ceux d'entre les juifs qui crurent que Jésus-Christ
était véritablement le Messie prédit par les prophètes.
On pourrait dire aussi que ces premiers chrétiens prirent eux-mêmes
ce nom, conformément à leur profession. En effet, saint Epiphane
a remarqué qu'ils se vantaient d'être pauvres, à l'imitation
des apôtres. Le même saint Epiphane
a cru néanmoins qu'il y a eu un homme appelé Ebion, chef
de la secte des Ebionites, et qui vivait en même temps que les Nazaréens
et les Cérinthiens, il décrit au long et avec exactitude
l'origine de celle secte, qu'il fait commencer après la destruction
de Jérusalem, lorsque les premiers chrétiens, appelés
Nazaréens, en sortirent pour aller demeurer à Pella.
Les Ebionites ne seraient donc qu'un rejeton
des Nazaréens; mais ils altérèrent en plusieurs points
la pureté et la simplicité de la croyance de ces premiers
chrétiens. C'est pourquoi Origène a distingué deux
sortes d'Ebionites dans ses livres contre Celse. Les uns croyaient que
Jésus était né d'une vierge,
et les autres croyaient qu'il était venu au monde à la manière
des autres humains. Les premiers n'avaient que des sentiments orthodoxes,
si ce n'est qu'ils joignaient à la religion chrétienne les
cérémonies de l'ancienne loi, de même que les Nazaréens.
Ils différaient néanmoins de ceux-ci en plusieurs choses,
et principalement en ce qui regarde l'autorité des livres saints;
car les nazaréens recevaient toute la Bible
qui est renfermée dans le canon des juifs; les Ebionites au contraire
rejetaient tous les prophètes : ils avaient en horreur les noms
de David, de Salomon,
d'Isaïe, de Jérémie et d'Ezéchiel. Ils ne considéraient
comme Ecriture sainte que le seul Pentateuque,
ce qui semble indiquer qu'ils étaient plutôt sortis des Samaritains
que des Juifs.
Comme les Nazaréens, ils se servaient
de l'Evangile hébreu de saint Matthieu,
qu'ils appelaient aussi Evangile des douze apôtres; mais ils
avaient corrompu leur exemplaire en beaucoup d'endroits : ils en avaient
supprimé la généalogie de Jésus, qui se trouvait
tout entière dans celui des Nazaréens, et même dans
l'exemplaire qui était à l'usage des Cérinthiens.
Ces derniers, qui étaient dans les mêmes sentiments que les
Ebionites sur la naissance de Jésus, appuyaient leur opinion sur
cette généalogie. Outre I'Evangile hébreu de saint
Matthieu, les Ebionites avaient adopté plusieurs autres livres
sous les noms de Jacques, de Jean, et des autres apôtres. Ils se
disaient disciples de saint Pierre et rejetaient
saint Paul, qu'ils chargeaient de calomnies, disant
qu'il n'était pas juif d'origine, mais un gentil prosélyte
qui, étant à Jérusalem,
avait voulu épouser la fille d'un sacrificateur; que, pour cet effet,
il s'était fait circoncire, et que n'ayant pu l'obtenir, il s'était
mis de dépit à combattre la circoncision et la loi. Pour
attribuer leurs opinions à saint Pierre, ils avaient corrompu la
relation de ses voyages, écrite par (ou du moins attribuée
à) saint Clément. Comme les fidèles,
ils observaient le dimanche, donnaient le baptême et consacraient
l'eucharistie, mais avec de l'eau seule dans le
calice. Ils disaient que Dieu avait donné l'empire de tontes choses
à deux personnes, au Christ et au diable;
que le diable avait tout pouvoir sur le monde présent, le Christ
sur le siècle futur, etc. Leur secte, qui avait commencé
vers l'an 74, fut toujours assez peu nombreuse; elle fit encore un peu
de bruit en 103, puis en 119, enfin elle s'éteignit bientôt
après. (A. Bertrand). |
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