| Les dieux romains' Diiovis et Vediovis sont nommés l'un à côté de l'autre chez Quintilien (1, 4, 17) et chez Aulu-Gelle (V, I, 2), qui cite d'anciennes prières où ces deux noms figurent réunis. On distinguait, semble-t-il, Diiovis de Diovis ou Jupiter, bien que ces deux noms n'en fassent évidemment qu'un et représentent l'un et l'autre, à n'en pas douter, un dieu bienfaisant de la lumière. Veiovis ou Vediovis est le même mot précédé du préfixe ve, qui exprime tou jours en composition une action fâcheuse, comme dans vehemens, vecors, etc. Aussi ne peut-on admettre ni l'explication des grammairiens, qui font de Veiovis un petit Jupiter arrêté dans sa croissance, ni celle qui dérivant Jupiter de juvando, fait de Vediovis le dieu de l'idée opposée. Dans tous les cas, ce dieu appartenait au vieux culte italique; dans la petite ville de Bovillae, au pied du mont Albain, il s'est conservé un antique autel qui porte d'un côté cette inscription : " Vediovei Patrei Genteles Juliei ", et de l'autre celle-ci : " Leege Albana Dicata", ce qui nous fait rattacher ce culte aux anciennes religions d'Albe. A Rome, Vediovis avait un sanctuaire fameux entre le Capitole et l'Arx, c'est-à-dire entre les deux sommets du Capitolin. Dans le temple, on voyait son image, une poignée de traits à la main, ce qui le fit plus tard confondre avec l'Apollon grec. Ces traits sont sans doute le symbole de la force des rayons solaires. Dans la comparaison de ce dieu avec le Lycores des Grecs, comparaison à laquelle a été amené Pison l'archéologue, c'est encore Apollon qu'on retrouve; car Lycores n'est autre chose que l'Apollon de Delphes, dans le sens tout spécial de dieu des expiations. Une autre particularité de ce culte, c'est le symbole de la chèvre, qui se trouvait dans le temple de Veiovis, et qui portait sur elle un enfant ailé, où l'on a vu avec raison le genius de Veiovis. La véritable signification de ce dieu était sans doute celle d'un Jupiter dans la jeunesse. Il était à la fois le dieu du soleil, et en cette qualité il était surtout redoutable au printemps, à l'époque où la chaleur du soleil produit facilement des épidémies. Les nones de mars étaient le jour traditionnel de son culte. La chèvre était la victime habituelle; on l'immolait, comme dit Aulu-Gelle, « ritu humano », c'est-à-dire qu'elle n'était qu'un symbole. De là vient la comparaison que Pison établit entre Veiovis et Lycores; cela nous donne même de l'asile fondé par Romulus une explication toute naturelle. On sait que Romulus avait fondé entre les deux bois sacrés du Capitole un refuge pour les coupables : les Grecs ont donné à cet abri le nom d'asile, et Rome même interpréta plus tard de cette façon la mesure toute politique de son fondateur. La clef de toute cette histoire, c'est sans doute que Veiovis, en sa qualité de dieu des expiations, était en même temps le dieu tutélaire des coupables condamnés, auxquels il ouvrait une retraite quand ils étaient forcés de quitter leur pays. Ce qu'il y a de sûr, c'est que la chèvre et le bouc étaient, dans d'autres cultes romains, des victimes expiatoires : ainsi dans ceux de Junon et de Lupercus. Veiovis avait encore un temple dans l'île du Tibre ; là il était toujours invoqué avec Jupiter; on lui faisait un sacrifice annuel au premier janvier, en même temps qu'à Esculape : Vediovis est ici, à n'en pas douter, un dieu propice, un dieu de guérison. (L. Preller). | |