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Von-Vizine
(Denis Ivanovitch), auteur dramatique et écrivain né à
Moscou
en 1745, mort à Saint-Pétersbourg
en 1792. Après des études rapides et incomplètes au
Gymnase et à l'Université de Moscou, Von-Vizine commença
de bonne heure à écrire, en traduisant de l'allemand en 1761
les Fables de Holberg, En 1762, il entra
dans l'armée, d'où il passa, en qualité de secrétaire
traducteur, au Collège des affaires étrangères.
En 1773, le comte
Panine, son chef, ayant reçu en don du tsar un grand nombre de serfs,
en donna un millier à son secrétaire qui, devenu riche, se
maria et se mit à vivre largement. Il faut dire qu'il avait écrit
en 1766 ou 1768 (la date n'est pas certaine) une comédie, le
Brigadier, qui avait obtenu un succès éclatant, d'ailleurs
fort mérité. Vers 1782, il écrivit son autre, comédie
célèbre : Nédorosl (le Mineur). Les
quinze dernières années de sa vie sont marquées par
de fréquents voyages à l'étranger, entre autres en
France, et par sa collaboration indiscrète à la revue
l'Interlocuteur, qui attira quelque temps sur lui la colère
de l'impératrice.
Von-Vizine est considéré
comme l'un des créateurs de la comédie russe au XVIIIe
siècle. Sans doute, il imite, dans la forme et dans bien des détails,
la comédie française, mais ce sont bien des types russes
qu'il présente devant nos yeux, des types d'ignorants on de grossiers
viveurs, les uns formés par l'endurcissement volontaire dans les
habitudes du passé, les autres par l'éducation fausse et
pernicieuse que donnent les « gouverneurs » français.
Une tendance moralisante très marquée achève de caractériser
ces premières pièces « à thèse »
de la comédie russe. Ces pièces, d'ailleurs, nous intéressent
moins par l'intrigue, qui est extrêmement naïve, que par la
peinture de certains détails typiques dont sont constitués
les caractères souvent invraisemblables dans l'ensemble que représentent
les principaux personnages.
Outre ces pièces
qui le rendirent célèbre, Von-Vizine a écrit, entre
autres ouvrages curieux, des Lettres adressées de France
au comte P. Panine. Dans ces lettres, il porte sur notre pays les jugements
les plus durs et les résume dans ces mots d'un naïf orgueil
de jeune Scythe :
«
La France est un pays qui finit : nous autres, Russes, sommes un peuple
qui commence; la France est moribonde, la Russie sort à peine du
berceau ».
Ces pensées,
datées de 1778, permettent d'apprécier la clairvoyance du
dramaturge. (J. Legros). |
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