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Hitopadêça, c.-à-d. Instruction salutaire, recueil de fables et de contes en langue sanscrite. C'est un abrégé, de date assez récente; d'un ouvrage plus considérable et probablement beaucoup plus ancien, le Pantcha-Tantra. Le Hitôpadêça renferme un extrait des trois premiers livres de ce poème, et d'un autre ouvrage brahmanique que nous ne possédons pas. On peut donc considérer l'histoire du Pantcha-Tantra comme renfermant implicitement celle du Hitôpadêça; car c'est l'histoire même de la Fable. Ce recueil fut traduit en pelhvi, au VIe siècle de notre ère, sous le titre de Calila et Dimna; puis, du pelhvi en arabe, au VIIIe, siècle; de l'arabe en hébreu par le rabbin Joel. Jean de Capoue le traduisit de l'hébreu en latin au XIIe siècle sous le titre de Directorium humanae vitae, qui rend le sens du mot Hitôpadêça. Au XVe et au XVIe siècle on en fit, sur le latin, des versions espagnole, italienne et française; en 1579, Pierre de Larrivey les fondit ensemble sous le nom de Deux livres de filosofie fabuleuse. La Fontaine vint immédiatement après. De plus, le Calila et Dimna pelhvi fut traduit en persan aux XIIe et XIIIe siècles sous le titre de Anwari Sohaïli. Le Livre des Lumières est la traduction des quatre premiers livres; imprimé sous le nom de Fables de Pilpay, il a fourni plusieurs beaux sujets au grand fabuliste.

Le Hitôpadêça, ainsi que le Pantcha-Tantra, sont attribués au brâhmane Vishnuçarma. Schlegel et Lassen en ont donné une traduction latine, en 1831; Johnson, une traduction anglaise, en 1848; M. Lancereau, une française, en 1855. Le Pantcha-Tantra, traduit imparfaitement par l'abbé Dubois en 1826, l'a été ensuite fidèlement en allemand par M. Benfey. Ce dernier ouvrage est d'origine brahmanique; il ne renferme aucun trait qui rappelle le bouddhisme, et semble, sinon antérieur à cette religion, au moins contemporain de ses premiers développements. Son style, la langue dans laquelle il est écrit, le reportent également à cette époque, c.-à-d. vers le IIe ou le IIIe siècle avant notre ère. Quant au Hitôpadeça, il est difficile d'en fixer la date, mais il ne semble pas pouvoir être antérieur au IIIe ou au IVe, siècle de l'ère chrétienne. Il se peut aussi que les écrivains bouddhiques, à l'époque de leur lutte contre les brahmanes, aient emprunté à ces derniers une forme littéraire éminemment propre à l'enseignement moral : ainsi s'expliqueraient les traits lancés contre les brahmanes dans l'édition qui a servi de texte au traducteur arabe, traits dont nos textes du Pantcha-Tantra sont exempts. Em. B.

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Dictionnaire Le monde des textes
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