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Bibles, nom donné, dans la littérature du Moyen âge, à des compositions du genre satirique en usage parmi les poètes anglo-normands et ceux du Nord de la France. Les plus remarquables sont la Bible Guiot et la Bible au seignor de Berze. Le nom de ces ouvrages, si l'on remonte à la racine, ne signifie pas autre chose que livre; mais le fond se rapproche de celui des tensons et des sirventes, espèces de diatribes ou de pamphlets rimés. 
La Bible Guiot, imprimée dans le 2- vol. des Fabliaux, de Barbazan, est l'oeuvre de Guyot de Provins, moine de Cluny, puis de plusieurs autres ordres. Écrite vers l'an 1200, elle ne contient pas moins de 2 690 vers à rimes plates et de dix syllabes. Guyot a vécu longtemps et voyagé en Allemagne, en Grèce, à Constantinople, à Jérusalem; de sorte qu'ayant vu beaucoup de pays, de personnes et de choses, il a pris les hommes en dégoût. Ainsi, princes, ducs, comtes, barons et chevaliers, gens d'église, légistres ou hommes de loi et fisiciens ou médecins, n'ont tous passé sous ses regards que pour stimuler son zèle à critiquer et à flageller les moeurs de son siècle au nom de la morale et de la vérité.

La Bible au seignor de Berze, que le comte de Caylus a justement distinguée de la Bible Guiot avec laquelle on l'a longtemps confondue (les Mém. de l'Académie des Inscriptions, t. XXI), est imprimée à la suite de la précédente. Elle a été composée par Hugues, châtelain de Berzes, seigneurie du bailliage de Mâcon. Elle contient huit cent trente-huit vers. C'est une satire, comme la précédente, mais moins violente et plus polie. L'auteur, homme de cour, tempère la rigueur de ses remontrances par des formes empreintes d'une certaine élégance. Il entremêle là censure des moeurs contemporaines de traits d'histoire sainte et de digressions morales.

On peut ranger encore parmi les auteurs de bibles, Roix de Cambray, rimeur du XIIIe siècle, qui composa une satire contre les ordres monastiques.

Il existe aussi du même temps une pièce intitulée le Dit dou Pape, dou Boy et des monnoies. Elle est relative aux démêlés survenus entre le pape Clément V et Philippe le Bel. L'auteur, s'adressant à ce dernier, lui reproche énergiquement cette altération des monnaies qui lui a fait donner dans l'histoire le surnom de faux-monnayeur. 

l'Estoire - Enfin, il est diffcile de séparer du genre des bibles l'Estoire de Thibault de Mailly, qui paraît avoir vécu après les croisades, c.-à-d. vers la fin du XIIIe siècle; c'est une satire vive et sombre des moeurs corrompues de son temps, une peinture complaisamment effrayante des travers et des vices. Le désir de Thibault est de détourner les gens de mal faire par la terreur de la mort et des supplices qui peuvent la suivre. Thibault de Mailly a une certaine facilité à enfermer dans ses vers une sentence, une maxime, une tournure proverbiale, qui souvent ne manque ni de justesse pour le fond, ni de plénitude dans la forme. (T.).
Bible des pauvres, Biblia pauperum, livre contenant, en 40 ou 50 tableaux, les principaux événements de l'Histoire Sainte, avec de courtes explications et des sentences des prophètes en langue latine (Nicolas de Hanapes). C'était, avec Ie Miroir du Salut, le guide des prédicateurs, surtout des Franciscains, Chartreux et autres ordres mendiants, qui se qualifiaient de Pauperes Christi. Les tableaux de la Bible des pauvres, grossièrement exécutés en bois, étaient souvent reproduits en sculptures et au peintures de muraille, en verrines en ornements d'autel.
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Dictionnaire Le monde des textes
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