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Rue Greneta, à Paris. - Cette rue date du XIIIe siècle et s'appelait alors de la Trinité, à cause d'un hôpital de ce nom. Elle prit plus tard le nom de Darne-Estal ou Darnetal, d'un bourgeois qui l'habitait; et ce nom est devenu, en s'altérant successivement, Guernetat et Grenétat. Très fréquentée, très populeuse, a été historiquement, avec les rues qui l'avoisinent, l'un des grands centres de l'industrie parisienne, principalement en tabletterie. C'est là que l'émeute du 12 mai 1839 a livré son dernier combat.

Le grand îlot de maisons compris entre les rues aux Ours, "Grenétat", Saint-Martin et Saint-Denis, était coupé par une rue parallèle à ces deux dernières et qu'on appelait Bourg-l'Abbé, rue aujourd'hui absorbée par le boulevard de Sébastopol. Le Bourg-l'Abbé dépendait de l'abbaye Saint-Martin et datait du Xe siècle : c'était un lieu de plaisance et de promenade pour les Parisiens de la Cité, qui allaient y visiter une chapelle dédiée à saint Georges et cachée sous de frais ombrages. Lorsque l'enceinte de Philippe-Auguste fut construite, il devint faubourg de Paris et toucha la muraille. Son principal chemin prit alors le nom de rue du Bourg-l'Abbé et continua à être fréquenté, non plus seulement à cause de sa chapelle, mais à cause de ses habitants, dont les moeurs faciles et les goûts ingénus donnèrent lieu à ce proverbe : 

« Gens du Bourg-l'Abbé qui ne demandent qu'amour et simplesse.» 
Tout était bien changé, et depuis longtemps, dans la rue Bourg-l'Abbé, dont le nom même a disparu : plus d'ombrages, de simplesse, de chapelle; c'était une de ces ruches d'ouvriers où, du soir au matin, à tous les étages, dans toutes les chambres, dans tous les coins, on n'entendait que le bruit du marteau, le cri de la lime, des chants souvent et quelquefois des plaintes.  (Th. Lavallée).
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Dictionnaire Villes et monuments
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