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Venette (Jean Fillon, dit de), chroniqueur et versificateur né à Venette, près de Compiègne, vers 1307, mort vers 1370. Il appartenait à l'ordre des Carmes voyagea à plusieurs reprises en Auvergne, en Provence, en Champagne, surtout à Châlons, Troyes, Reims, et c'est dans cette dernière ville qu'il vit et observa la célèbre comète de 1368, sur laquelle il a longuement discouru (Chronique de Guillaume de Nangis avec les contin., II. 378). Il fut le témoin oculaire de la plupart des événements qu'il rapporte dans sa chronique, ce qui donne à ses récits une valeur inestimable, 
Sa plume indépendante et hardie retrace non seulement les faits qu'il a vus ou qu'on lui a rapportés, mais encore l'impression qu'il en a reçue. Il discute, censure, approuve avec une égale franchise les actes du pouvoir, les excès des nobles, les résistances populaires. Engagé de coeur et d'action peut-être dans les luttes intestines qui, de son temps, ont ensanglanté la France, il porte dans le récit des faits toute l'indépendance de ses idées, toute la chaleur de ses convictions.
Son style - il écrit en latin - est rude, incorrect, rempli de locutions vicieuses et d'interminables périodes, mais sous cette grossière enveloppe, pour la première fois l'histoire s'anime, se colore, revêt une allure dramatique jusqu'alors inconnue. Le fait que sa chronique se trouve, dans les deux manuscrits qui nous en restent, transcrite à la suite des continuations de Guillaume de Nangis rédigées à Saint-Denis, a été cause qu'on qualifie habituellement Jean de Venette de continuateur de Nangis.

Cette qualification est cependant inexacte, car nulle part Jean de Venette ne se donne comme le continuateur de personne, et peut-être même n'avait-il pas lu les chroniques auxquelles depuis on a rattaché la sienne (H. Gérard; Introd., p. XIX). Son récit s'étend de 1340 à 1368 et, pour la plus grande partie, a été rédigée après l'accomplissement des faits qui y sont consignés, et non au jour le jour, comme l'a dit Lacurne de Sainte-Palaye (Id., ibid., p. XXVIII). Il a été publié dans le Spicilege de Dom d'Achery et par Géraud à la suite de la Chronique de Nangis. Jean de Venette est aussi l'auteur d'un long poème en 35 000 vers octosyllabiques où il traduit en français, d'après un récit latin, la légende de sainte Marie, mère de saint Jacques le Mineur, de Marie Salomé et de leur servante. Ce prolixe récit, composé en 1357 et où l'auteur a introduit nue récapitulation de l'histoire des hébreux depuis Abraham, de celle de la sainte Vierge, des extraits des Actes des Apôtres, etc., se trouve dans les mss. franç. 1351, 1352 et 12468 de la Bibliothèque nationale. (Am. Salmon).

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