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Le nom de Touât,
dénomination vague et indécise, est appliqué par les uns à toute une
région saharienne, par les autres à une partie
seulement de cette région. Dans son acception la plus étendue, le Touât
comprend toutes les oasis situées à l'Ouest et
au Sud du plateau saharien du Tademaït, dont
le rebord occidental prend le nom de Djebel Samani et le rebord méridional
celui de Djebel Tidikelt. Ce plateau est situé au Sud du Sahara algérien
et au Nord-Ouest du Hoggar dont il est séparé
par une profonde vallée d'érosion.
La mer de sable (erg) l'entoure à l'Est,
au Nord et à l'Ouest. Ses eaux s'écoulent, au Nord-Est, par l'oued Miyâ,
vers le chott Melrhir, après avoir arrosé, sur leur passage, les fertiles
oasis du pays d'Ouargla; directement au Nord, elles paraissent se diriger,
à travers les sables, vers un affluent du même collecteur après avoir
fécondé, chemin faisant, les palmiers d'El Goléa; à l'Ouest, elles
s'écoulent partie dans le chott ou sebkha de Gourara,
et partie directement dans l'oued Saoura ou Messaoud; au Sud, elles vont
se perdre dans l'oued Akaraba, affluent du précédent.
C'est surtout autour de la sebkha de Gourara,
sur la rive gauche de l'oued Messaoud et sur les bords des vallées qui,
à l'Ouest et au Sud, conduisent vers les principaux collecteurs les eaux
du plateau, que sont situées les nombreuses oasis auxquelles l'on donne
le nom collectif de Touât.
Cette curieuse région saharienne est divisée
géographiquement en quatre parties principales qui sont : le Gourara;
la plus septentrionale, au Nord-Ouest du plateau; l'Aouguerout, au Sud-Est
du Gourara, le Touât proprement dit ou Petit-Touât, directement au Sud
du Gourara, et le Tidikelt à l'Est du Petit-Touât.
En dehors de ces grandes divisions, on remarque, entre le Gourara et le
Touât, les groupes isolés de Zoua, du Sud de le sebkha; de Deghamcha,
à l'Ouest du précédent; de Tsabit, au Sud de Deghamcha; de Bouda, de
Timmi et de Tamentit, directement au Sud, sur la route du Petit-Touât.
Le Touat comprend plus de 300 ksour (villages
fortifiés ou anciennement fortifiés) et plusieurs centaines de milliers
d'habitants, un tiers d'Arabes, dont une petite proportion reclassant dans
la noblesse religieuse des Cheurfa; quelques milliers de Berbères
Zenata, les anciens maîtres du pays; des Harratin (= Afranchis), métis
de Noirs, travailleurs sédentaires, et près de 20.000 Noirs, longtemps
restés esclaves. On parle arabe et une des langues berbères.
Les ksour du Touat se répartissent en
districts qui sont, du Nord au Sud, sur 200 km de long : Bouda (12 ksour);
Timmi (39 ksour), le plus populeux et le centre politique, avec une vraie
ville à Adrar; Tamentit (5 ksour) ; Bou Faddi ou Ouled-el-Hadj (4 ksour);
à l'O. de celui-ci, Tasfaout-Fenorhin (17 ksour); au Sud du précédent,
Tamest (14 ksour); Zaouiet-Kountah (24 ksour); Inzegmir ou Touatel-Henné
(13 ksour); au Sud-Ouest de ceux-ci, Sali (13 ksour), et tout au Sud du
Touat, Reggane (15 ksour).
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Carte
du Touât entre Adrar et Reggane (Petit-Touât).
La faune du Touât
est la même que celle de tout le Sahara septentrional;
les chevaux y sont rares; l'espèce bovine y manque absolument; les ânes
y sont nombreux dans les oasis; au lieu de laine, les moutons y ont du
poil comme les chèvres; les dromadaires constituent
la principale richesse des nomades. On les trouve surtout à Bouda
et Reggane.
Les oasis sont
toutes d'une merveilleuse fertilité; comme partout dans le Sahara, la
principale culture est celle du palmier-dattier qui, dans l'Aouguerout,
donne des produits supérieurs; ils sont médiocres ailleurs. Les autres
arbres fruitiers sont : le figuier, le grenadier,
l'amandier, la vigne, etc.; on cultive avec avantage le blé dans le Gourrara,
l'Aouguerout et quelques oasis du Sud où l'eau est assez abondante, mais
en quantité insuffisante pour les besoins du pays; on trouve partout l'orge,
le maïs, le millet, les
béchena, la luzerne, les haricots, les petits pois, les fèves, les navets,
les carottes, les oignons, les aulx, les choux,
les citrouilles, les melons, les pastèques, les concombres, les aubergines,
les tomates, les piments, la garance, le tabac et, en grande quantité,
un coton très estimé. Le henné s'y trouve à l'état sauvage.
Les sources naturelles sont rares au Touât;
les puits, peu profonds, donnent généralement de bonne eau; mais l'irrigation
s'y fait surtout au moyen des fogaguir (sing. foggara) ce
sont des puits creusés de distance en distance, suivant la déclivité
du sol, et reliée par des galeries souterraines partant du pied d'une
colline pour aboutir à une grande citerne construite sur le point culminant
du terrain à irriguer. Les eaux d'infltration de la colline sont augmentées,
chemin faisant, du débit fourni par chaque puits. Le contenu de le citerne
est réparti par le kil el mâ entre chaque propriétaire suivant
l'étendue de son jardin. (AMB / Largeau). |
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