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Poros

37°31' N
23°28' E
Poros (anc. Calaurie, Calauria) est une île grecque, de la mer Egée, à l'Est et très près de la côte du Péloponnèse. Elle fait partie des îles Saroniques

Cette île, peuplée de 4300 habitants, touche presque à la côte de la Trézénie. Entre Poros et la presqu'île de Methana se trouve l'entrée de la rade de Poros, vaste bassin bien abrité par les hauteurs de l'île et les côtes de l'Argolide. Au fond de cette rade se présente la ville de Poros, qui s'élève en gradins sur la partie inférieure de l'île. Cette partie de l'île de Calaurie forme comme un appendice rattaché à la masse de l'île par un isthme très bas et fort étroit, creusé d'un canal qu'enjambe un pont routier. C'était sans doute autrefois une petite île distincte, celle de Sphaeria, où,selon la mythologie grecque, Aethra, fille de Pitthée, roi de Trézène, et mère de Thésée, fut séduite par Poséidon, et où elle éleva un temple à Athéna Apaturie.
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Grèce : l'île de Poros.
L'île de Poros. Source : The World factbook.

Après avoir franchi l'isthme qui unit l'ancienne Sphaeria à Poros, on monte peu à peu le long du rivage par un chemin rocailleux et sinueux qui vous mène au monastère de Poros, l'un des plus considérables et des plus agréablement situés de la Grèce. Ce couvent occupe la partie centrale d'un ravin qui débouche vers la mer, et qui en se resserrant à peu de distance du rivage se rattache au système général des montagnes de l'île. 

A quelques pas du couvent, en remontant le ravin par un chemin bordé de pins et d'oliviers, on rencontre une source d'une eau limpide, appelée Dzôdokè kêgê, ses prétendues vertus merveilleuses sont célèbres; elles attirent  nombreux pèlerins au couvent qui a pris le nom de cette source. L'eau qui descend du haut des rochers est reçue dans un vaste bassin de pierre. Les ombra ges, le murmure, le site de cette fontaine sont pleins de charme. De là on aperçoit les côtes de la Trézénie, couvertes de bois de citronniers, la mer, qui, re serrée d'abord comme un bec entre et le continent, s'ouvre vers la gauche, se déploie au loin dans un horizon sans bornes, et à l'extrémité de l'Argolide la pointe de l'île d'Hydra.

Au centre de l'île, en un lieu appelé aujourd'hui Palati, se trouvent les ruines du célèbre temple de Poséidon de Calaurie. Le chemin qui y conduit est très inégal , tantôt montant, tantôt descendant selon les sinuosité du terrain, ou plutôt des rochers tapissés verdure à travers lesquels on circule. L'emplacement de ces ruines est un plateau élevé, ondulé, dominant la mer de plusieurs côtés et dominé lui-même par les deux plus hauts sommets de l'île, l'Hagios Ilias (273 m) et la Viglis. 

Ce plateau, d'où la vue descend jusqu'aux rivages de l'Attique, est comme le col qui unit ces deux pointes. Les premières ruines qu'on y rencontre sont celles du temple. Il ne reste que les substruction, formant une enceinte carrée, à fleur de terre; çà et là on voit ses débris épars, un fragment de marbre pentélique, un morceau de marbre hymettien, un petit chapiteau dorique en trachite, sorte de pierre qui avec la serpentine forme la masse de l'île de Poros. Tout à l'entour,  jusqu'au pied du mont Saint-Elie,  on voit des substructions de maisons, des des débris de pierres pour soutenir la terre et les champs cultivés, des morceaux de céramique, pots, tuiles, indiquant l'existence d'une ville qui avait dû former autour du temple, très fréquenté des Grecs. 

Calaurie portait le surnom de  Posidonia. Toutefois Pausanias raconte qu'elle avait d'abord appartenu à Léto, et Délos à Poséidon, et qu'ils de avaient fait l'échange entre eux. Ce temple de Poséidon de Calaurie, dont les débris ont servi à la construction des couvents de Poros et d'Hydra, est à jamais illustre par la mort de Démosthène.

« Archias, informé que Démosthène avait trouvé un asile dans le temple de Poséidon à Calaurie, dit Plutarque, passa dans l'île sur de petits bateaux, et, étant débarqué avec une troupe de soldats thraces, il voulut persuader Démosthène de sortir du temple et de venir avec lui trouver Antipater, affirmant qu'il ne lui ferait aucun mal. Mais Démosthène avait eu, la nuit précédente, pendant son sommeil un songe étrange. Il avait cru se voir luttant contre Archias à qui jouerait le mieux une tragédie : pour l'action, c'était lui-même qui l'emportait, mais son rival triompha par la richesse des costumes et des décorations. Aussi Archias eut beau faire, dans ses discours, un grand étalage d'humanité, Démosthène, levant les yeux sur lui, assis comme il était : 
« Archias, dit-il, jamais je n'ai cru à tes paroles quand tu jouais ton rôle au théâtre, tu ne me feras pas davantage croire aujourd'hui à tes promesses. »
 A cette réponse Archias s'emporte et commence à menacer. 
« Maintenant, reprit Démosthène, tu parles en homme inspiré par le trépied de Macédoine; tout à l'heure ce n'était que le langage d'un comédien attends donc un peu que j'aie écrit chez moi pour donner mes derniers ordres. » 
En disant ces mots, il se retira dans l'intérieur du temple; puis, prenant ses tablettes comme pour écrire, il porta le roseau à sa bouche et le mordit, geste qui lui était habituel quand il méditait ou composait quelque discours. Après l'y avoir tenu quelque temps, il se couvrit de sa robe, et pencha la tête. Les soldats qui se tenaient à la porte du temple se moquaient de ce qu'ils prenaient pour de la pusillanimité, et le traitaient de lâche et de mou. Archias s'approcha de lui, et l'engagea à se lever; et lui répétant les mêmes propos, il lui promit derechef sa rentrée en grâce auprès d'Antipater. Démosthène, qui sentit que le poison avait produit tout son effet, se découvrit, et, fixant ses regards sur Archias :
« Tu peux maintenant, lui dit-il, jouer le rôle de Créondans la tragédie, et faire jeter ce corps sans sépulture. O Poséidon! ajouta-t-il, je sors encore vivant de ton temple; mais Antipater et les Macédoniens n'ont pas laissé ton sanctuaire même pur de leurs profanations. » 
Comme il disait ces mots, il se sentit trembler et chanceler : il demanda qu'on le soutint pour marcher; et, au moment où il passait devant l'autel du dieu il tomba, et rendit l'âme en poussant un soupir. (Pausanias, II, 33, 1).
C'est là le seul fait important de l'histoire de Calaurie, qui était une dépendance de Trézène, et qui partagea toutes les destinées de sa métropole. Aujourd'hui c'est Trézène qui n'est qu'un modeste village (Damalos ), et c'est Poros qui domine sur toute la côte voisine. bois de citronniers qui bordent la pointe septentrionale de l'Argolide appartiennent aux gens de Poros. Des massifs de figuiers et d'oliviers forment les abords de ce bois, où l'on circule par de petits sentiers couverts, bordés d'eaux vives et murmurantes; on s'élève peu à peu sur les pentes du rivage, et le bois s'épaissit de plus en plus. Arrivé sur la plate-forme qui le domine, on jouit d'un spectacle enchanteur, on a devant ses yeux Poros, la mer unie et brillante, le cap Colonne, la côte vaporeuse de l'Attique, et à ses pieds le bois de citronniers, qui forme depuis la colline jusqu'à la mer comme un tapis de verdure dorée, et qui parfume l'air de ses douces exhalaisons. C'est un des endroits les plus délicieux du monde, où l'on retrouve le type de ces gracieuses descriptions que les anciens faisaient des Champs-Élysées :
Devenere locos laetos et amena vireta 
Fortunatorum nemorum sedesque beatas.
(L. Lacroix).
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