Garcia V Ramirez

A peine sur le trône, Garcia dut se reconnaître vassal d'Alphonse VII Raymundez de Castille et venir siéger aux Cortès de Léon, lorsqu'il fut couronné empereur d'Espagne, en 1135. La même année, les deux souverains se rencontrèrent à Paradilla, sur l'Ebre, et s'allièrent pour déposséder Ramiro le Moine qu'ils qualifiaient d'usurpateur. 

Après quelque temps d'inutiles dévastations, les Aragonais et les Navarrais convinrent de s'en remettre au jugement de six arbitres, choisis parmi les deux peuples. Suivant leur sentence, Aragon et Navarre revinrent aux anciennes frontières, à celles tracées jadis par le grand Sancho. Garcia rompit avec la Castille et fit hommage à Ramiro. Comme ils se trouvaient ensemble à Pampelune, après le traité, le roi d'Aragon s'enfuit secrètement. Un certain Iñigo Ayvar, mécontent de cette paix, l'avait averti qu'on songeait a l'assassiner.

 A l'abdication de Ramiro II, qui rentra dans le cloître (1137), Ramon Berenguer IV (Raymond Bérenger), comte de Barcelone, époux de sa fille Petronila, devint roi ou plutôt dominateur d'Aragon, comme il s'intitulait lui-même. Pendant l'entrevue de Carrion, il s'unit à l'empereur pour démembrer la Navarre; le Barcelonais devait en avoir les deux tiers, sous condition d'hommage; le Castillan prenait le reste. « C'était partager la dépouille avant de tuer la bête », remarque Mariana. 

La Navarre fit un effort désespéré. Alphonse de Castille vint jusqu'à Pampelune. Garcia, secondé par l'hiver et protégé par la montagne, tint si vaillamment tête à l'invasion que l'empereur se résolut à faire la paix. Sancho, son fils aîné (plus tard Sancho III), épousa Blanca, fille du roi de Navarre (1140). Le dominateur n'avait pas été plus heureux. Lassés par plusieurs années de pillage et de guerre stérile, Ramon Berenguer et Garcia acceptèrent enfin la trêve que leur proposait l'empereur. 

Tous deux allèrent le visiter à San Esteban de Gormaz et résolurent d'attaquer ensemble l'ennemi commun, les Maures, plus divisés encore que les Chrétiens (1146). Aragon, Castille et Navarre marchèrent contre l'Islam. Les flottes de Barcelone et de Gênes longeaient la côte. Cordoue se rendit, mais fut presque aussitôt perdue que conquise, les vainqueurs ayant négligé d'y laisser garnison par crainte de diminuer leurs forces. Ils s'étaient contentés de faire dire la messe dans la grande mosquée. Les Musulmans attendaient l'ennemi devant Baeza. La veille de la bataille, l'empereur prétendit avoir eu une vision - Saint Isidore lui apparut pendant la nuit; il l'encourageait à combattre sans crainte. 

Le lendemain, les Espagnols remportaient la victoire et prenaient la cité. Castillans et Navarrais réunis assiégèrent ensuite Almeria, tandis que les vaisseaux génois et catalans la bloquaient par mer. La ville fut prise d'assaut; 20,000 Musulmans, retirés dans la citadelle, rachetèrent leur vie à prix d'or. Parmi le butin qui fut considérable, les fidèles trouvèrent un large plat d'émeraude, lequel, disait-on, servit au Christ, lors de la Cène. Les Génois obtinrent la précieuse relique (1147).

Garcia mourut trois ans après la guerre d'Andalousie. Comme il allait à Pampelune châtier une sédition, le roi fit une chute de cheval et se brisa la tête contre un rocher (21 novembre). Il laissait la couronne à Sancho VI. Une de ses filles avait épousé le roi de Sicile, Guillaume I^er, surnommé le Mauvais, mort en 1166. (Lucien Dollfus).