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Ferdinand Ier, le Grand

 Ferdinand ou Fernando Ier, le Grand, est un roi de Castille et Léon, mort le 27 décembre 1065. Il était le second fils de Sancho III, roi de Navarre. En 1032, Sancho, ayant attaqué Bermudo III, roi de Léon, l'avait obligé à lui abandonner la Castille. Ferdinand épousa la soeur de Bermudo, doña Sancha, fille d'Alonso V, fiancée d'abord au comte Garci Sanchez, assassiné le jour des noces par les Velas, dans l'église même.

A la mort du roi de Navarre (1035), Bermudo tenta de reprendre les terres qu'il avait été forcé de céder, mais il fut vaincu par Ferdinand et son frère Garcia IV, au val de Tamaron, près du rio Carrion, et tué d'un coup de lance (1037). Le fils de Sancho, déjà roi de Castille, devint par cette mort souverain de Léon, en vertu des droits de doña Sancha. Avec Bermudo, qui ne laissait pas de fils, s'éteignit la dynastie de Pelayo, descendant des anciens conquérants wisigoths. Le royaume de Ferdinand comprenait près d'un tiers de l'Espagne; ses victoires l'agrandirent encore. Il réforma les vieilles lois des Goths et convoqua, en 1050, une assemblée générale à Coyanza, moitié Cortés, moitié concile national, composée des « riches hommes » et des évêques. On soumit tous les monastères à la règle de Saint-Benoît; la célébration du dimanche fut imposée sous des peines sévères; les rapports entre juifs et chrétiens étaient interdits, les fueros d'Alonso V confirmés. Défense était faite aux prêtres de vivre en séculiers, de porter les armes et de contracter mariage. (Cet abus, dit-on, existait depuis Wamba. Fruela Ier aurait vainement essayé de l'abolir.) Les comtes et les ducs durent juger leurs sujets suivant le droit wisigothique, seul reconnu en Castille et Léon. 

Pendant que Ferdinand réformait la législation, son frère Garcia IV, roi de Navarre, depuis la mort de Sancho, cherchait par jalousie à le tuer. Il feignit d'être mortellement malade, en la ville de Najera. Un messager partit pour Burgos annoncer à Ferdinand qu'il devait se hâter s'il voulait encore le trouver en vie. Averti à temps, le roi put échapper aux meurtriers et regagner la Castille. Garcia, le coup manqué, nia la trahison. 

Quelques années après, le Navarrais vint le voir, mais fut arrêté et emprisonné au château de Céa. Il s'évada et commença la guerre, s'unit aux Arabes et s'avança vers Burgos. Les deux frères se rencontrèrent à Atapuerca. Garcia périt dans la bataille, au plus épais des piques où il s'était précipité en enragé (1053 ou 1054). Les Castillans épargnèrent les chrétiens; les musulmans furent traqués et massacrés sans merci. A la suite de cette victoire, le roi de Castille saisit tout le pays au delà de l'Ebre. Le reste de la Navarre resta à Sancho IV, fils de Garcia. 

Ferdinand, profitant des guerres civiles qui suivirent le démembrement du califat de Cordoue, envahit le Portugal, et prit d'assaut Lamego et Viseu. A Viseu, on découvrit l'archer dont la flèche avait tué Alonso V devant ses murs, en 1027. Il fut torturé, puis exécuté. Coïmbra succomba. Les musulmans résistaient bravement, le siège traînait en longueur, les vivres manquaient. Le pieux Ferdinand courut à Compostelle, en Galice, et supplia trois jours entiers le patron des Espagnes, agenouillé dans la basilique. Coïmbre capitula grâce à l'apôtre saint Jacques, rapporte le moine de Silos (1058). 

Les Arabes furent rejetés au delà du Mondego. San Esteban de Gormaz, Vado del Rey, d'innombrables châteaux ouvrirent leurs portes. Ferdinand marcha jusqu'à Medina Celi, entra dans la Nouvelle-Castille, conquit Uceda, Salamanque, Guadalajara, Alcala de Henares, Madrid (1060). Jamais les chrétiens n'avaient été si loin. Tout fut ravagé. Al-Mamoun de Tolède implora la paix. 

Dans une autre expédition, l'émir de Séville, Ibn Abbad, rendit au roi de Castille les précieuses reliques de saint Isidore (1063) qui furent déposées dans l'église de Saint-Jean-Baptiste à Léon, construite par Ferdinand pour recevoir les corps saints repris aux musulmans. Au retour de ses guerres, tout le butin était distribué aux pauvres et aux couvents, il enrichissait les églises, particulièrement celle de Saint-Jean ou le roi venait prier de préférence. Vers la fin du règne, son fils don Sancho secourut l'émir de Saragosse, tributaire de la Castille, contre Ramiro Ier, un bâtard du grand Sancho de Navarre. Ramiro périt au combat de Grados (1063).

Aux environs de 1054, Ferdinand avait pris le titre d'empereur, affirmant ainsi sa suprématie sur les autres rois de la péninsule. L'empereur Henri Ill d'Allemagne, qui prétendait à la domination temporelle sur la chrétienté, voulut l'y faire renoncer et porta plainte à Rome. Suivant une tradition des plus douteuses, le fameux Cid Ruy Diaz franchit à ce propos le défilé d'Aspa; les Castillans arrivèrent jusqu'à Toulouse, où le légat du pape aurait arrêté leur marche victorieuse, examiné le différend et déclaré l'Espagne libre de tout vasselage envers le Saint-Empire

La dernière guerre de Ferdinand fut contre Valence, en faveur d'AI-Mamoun de Tolède,
son allié. (Les historiens musulmans ne disent pas un mot de cette expédition, pas plus que des précédentes).

L'année d'après, il tomba malade à Léon. Sentant venir le dernier jour, il déposa pieusement sur l'autel le sceptre et la couronne, supplia Dieu de pardonner à son âme, revêtit le froc, répandit des cendres sur sa tête, et expira, entouré de moines et d'évêques. Avant de mourir, il avait partagé ses Etats entre ses enfants nés de doña Sancha. L'aîné, Sancho II, hérita de la Castille, Alonso reçut le Léon, Garcia la Galice, Urraca, la ville de Zamora, Elvira, celle de Toro.  De ce fatal démembrement naquirent d'atroces guerres civiles. Sancho le Vaillant refit l'unité brisée, par le parjure et la violence.

Ruy Diaz de Vivar, le Cid Campeador, naquit sous le règne de Ferdinand ler. Entre tous les exploits que lui attribuent les romances à cette époque de sa vie, un seul est certain. L'Historia Roderici Didaci et le Linage de Rodrigo Diaz, le font combattre à Grados contre Ramiro d'Aragon, pour défendre un émir de Saragosse. (Lucien Dollfus).

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Dictionnaire biographique
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