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Eugénie
Cotton
(née Feytis) est une féministe et scientifique, née le 13 octobre
1881, à Soubise (Charente-Maritime) et morte à Sèvres
(Hauts-de Seine) le 16 juin 1967. Elle incarne l'union rare entre science,
éthique et action. Sa pensée, ancrée dans les valeurs du progrès et
de la justice, reste d'une actualité brûlante. Elle enseigne, par sa
vie même, que la véritable liberté intellectuelle ne se sépare jamais
du combat pour les droits de tous.
« L'avenir, écrivait-elle, appartient à ceux qui savent unir la raison et la volonté, la connaissance et le courage. »Elle grandit dans une famille profondément attachée à la République, à l'éducation et à la laïcité. Très tôt, elle s'oriente vers les sciences. Elle entre à l'École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres, qui forme alors les futures enseignantes de haut niveau dans le sillage des idéaux républicains. Son excellence académique l'amène à se spécialiser en physique-chimie, un domaine encore peu investi par les femmes, et à se consacrer à l'enseignement scientifique et à la recherche. Elle obtient l'agrégation de physique en 1904 et se lance dans une carrière de chercheuse, travaillant notamment au laboratoire de Marie Curie, où elle s'initie aux mystères de la radioactivité, et plus tard au laboratoire de Jean Perrin. C'est dans ces lieux d'effervescence scientifique qu'elle affine ses compétences et participe aux avancées de la physique de son temps. En 1913, elle épouse Pierre Cotton, lui aussi physicien reconnu, et cette union fonde un couple de scientifiques dont la complicité s'étend du laboratoire à la vie familiale. Elle soutient sa thèse de doctorat d'État ès sciences physiques en 1925, consacrée aux supraconducteurs, démontrant ainsi sa maîtrise des sujets de pointe. Elle s'intéresse particulièrement aux phénomènes de magnéto-optique. Parallèlement à ses recherches, Eugénie Cotton embrasse une carrière d'enseignante. En 1936, elle devient directrice de l'ENS de Sèvres, l'établissement même qui l'a formée, un poste de haute responsabilité qui lui permet d'influencer l'éducation des jeunes femmes scientifiques et littéraires. Elle y insuffle un esprit d'ouverture et d'excellence, soucieuse de préparer ses étudiantes non seulement à une carrière mais aussi à un rôle actif dans la société. Elle estime que l'éducation est la clé de l'émancipation, et que les femmes, armées du savoir, sont capables de briser les carcans qui les limitent. Dans ses écrits et discours de cette période, on perçoit déjà une conscience aiguë des inégalités et une volonté de les corriger par la formation. « La science, écrit-elle,n'a pas de sexe, mais elle a besoin de tous les esprits, hommes et femmes confondus, pour progresser. »Féministe de conviction et militante infatigable, Eugénie Cotton inscrit son engagement dans une double exigence : celle de l'émancipation intellectuelle des femmes par la science, et celle d'une transformation sociale par la justice et la paix. Elle milite au sein de nombreuses associations laïques, pacifistes et féministes. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle s'engage dans la Résistance, fidèle à ses idéaux républicains et antinazis. Elle est révoquée en 1941 par le régime de Vichy pour ses sympathies communistes et pour avoir protégé des étudiantes juives. Cette période marque un tournant radical dans son parcours : elle sort de l'enceinte académique pour entrer pleinement dans le champ de l'action politique et internationale. Au lendemain de la guerre, Eugénie Cotton devient l'une des grandes figures du féminisme international. Elle participe à la fondation de l'Union des femmes françaises (futur Mouvement français pour le planning familial), et surtout, elle est une des instigatrices de la Fédération démocratique internationale des femmes (FDIF), qu'elle préside de 1945 à 1953. Sous sa direction, cette organisation devient un acteur mondial de la lutte pour les droits des femmes, la paix et la décolonisation. Elle affirme-: « Ce que veulent les femmes, ce n'est pas seulement l'égalité sur le papier, mais une vie digne, libre, et le pouvoir de dire non à la guerre. »Dans ses nombreux discours et écrits, Eugénie Cotton articule de manière constante la lutte pour la paix et la justice sociale à l'émancipation des femmes, insistant sur leur rôle dans la reconstruction morale du monde d'après-guerre. Son engagement est indissociable de sa pensée scientifique. Elle défend inlassablement l'idée que la science, loin d'être neutre, porte une responsabilité éthique. Elle écrit dans un article de 1951 : « La science, si elle se coupe de la conscience humaine, peut devenir l'instrument de la destruction. Il faut former non seulement des savants, mais des citoyens éclairés. »Pour elle, la connaissance ne vaut que si elle est partagée et orientée vers le progrès collectif. Elle perçoit la science comme un langage universel, capable de rapprocher les peuples si elle est utilisée à bon escient. Cette conviction l'amène à défendre un enseignement scientifique accessible à tous, notamment aux jeunes filles des milieux populaires, et à militer pour une démocratisation réelle de l'éducation. Elle milite aussi sans relâche contre la course aux armements, pour le désarmement nucléaire et pour la coexistence pacifique entre les nations. Elle affirme que la science doit servir l'humanité et non sa destruction, une position qui résonne avec son parcours de physicienne. Elle reçoit le Prix Lénine pour la paix en 1957, une distinction qui souligne son rôle éminent sur la scène pacifiste internationale, même si elle place également son action dans le contexte de la confrontation entre blocs ( ![]() |
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Aimé
Auguste Cotton est un physicien
né le 9 octobre 1869 à Bourg-en-Bresse, et mort le 16 avril 1951 à Sèvres.
On lui doit la découverte de deux phénomènes qui portent son nom, et
qui sont devenus des outils standards en spectroscopie et en chimie physique
pour caractériser les molécules et les matériaux. Sa méthode : une
combinaison rare de curiosité intellectuelle, de rigueur théorique, d'ingéniosité
expérimentale et de persévérance. Il incarne le physicien classique
dans ce qu'il a de plus noble : celui qui interroge la nature par l'expérience
pensée et mesurée avec soin, ouvrant la voie aux compréhensions futures.
Il appartient aussi à cette lignée d'hommes de science pour qui la recherche
n'est jamais séparée de la responsabilité civique, et pour qui l'expérience
est à la fois une méthode et une leçon d'humilité.
Il entre à l'École normale supérieure en 1889, l'un des hauts lieux de la formation des esprits scientifiques de la Troisième République. Il s'inscrit dans la lignée des savants républicains, convaincus que la science constitue l'un des fondements de la modernité et du progrès. Spécialiste de physique expérimentale, Aimé Cotton s'oriente vers l'étude des phénomènes optiques et magnétiques, domaines en pleine effervescence dans le dernier quart du XIXe siècle. Très influencé par les travaux de Maxwell, de Faraday et des pionniers français de l'électromagnétisme, il consacre ses premières recherches à l'interaction entre la lumière et les champs magnétiques. C'est dans ce cadre qu'il découvre en 1906, en collaboration avec Henri Mouton, un phénomène d'une grande importance : l'effet Cotton-Mouton, qui décrit la biréfringence magnétique, c'est-à -dire la capacité d'une substance transparente à devenir biréfringente lorsqu'elle est soumise à un champ magnétique transverse. L'effet Cotton-Mouton s'ajoute ainsi à l'effet Faraday et à l'effet Kerr comme une manifestation de l'influence du magnétisme sur les propriétés optiques de la matière. Ces travaux conjoints illustrent une approche collaborative de la recherche, où les compétences complémentaires permettent de repousser les limites de la connaissance. Cet effet devient un outil précieux pour étudier l'orientation des molécules et des particules en solution ou en suspension sous l'effet d'un champ magnétique, ouvrant des voies nouvelles pour la physique moléculaire. Cette découverte lui vaut une reconnaissance immédiate dans la communauté scientifique. Il écrit alors : « Ce n'est point le hasard qui guide la recherche, mais l'obstination dans l'interrogation méthodique de la nature. »Docteur ès sciences depuis 1904, il est nommé professeur à la Faculté des sciences de Paris, puis directeur du Laboratoire de physique de l'École normale supérieure. Sous sa direction, ce laboratoire devient l'un des foyers les plus actifs de la physique française de la première moitié du XXe siècle. Sa pédagogie, fondée sur l'exigence expérimentale et la clarté conceptuelle, reflète son attachement profond à une science à la fois rigoureuse, accessible et ancrée dans les réalités de la matière. Il déclare un jour à ses étudiants : « L'expérience est la sanction suprême ; elle n'a pas d'orgueil, mais elle impose la vérité. »Cotton se distingue non seulement par ses découvertes, mais aussi par son extraordinaire habileté expérimentale. Il conçoit et construit des appareils d'une précision remarquable, nécessaires pour mettre en évidence et mesurer les effets subtils qu'il étudie. La balance de Cotton, par exemple, est un instrument ingénieux pour mesurer les forces magnétiques avec une grande sensibilité. Cette maîtrise de l'instrumentation est pour lui une composante essentielle de la physique. L'atelier, pour lui, est une extension naturelle du laboratoire et de la bibliothèque. Sa carrière universitaire progresse naturellement. Après avoir enseigné à l'École Normale Supérieure, il est nommé professeur à la Faculté des Sciences de Paris (Sorbonne) en 1920. Il succède à Gabriel Lippmann à la chaire de physique générale. Son enseignement est réputé pour sa clarté et sa mise en valeur de l'aspect expérimental de la physique. Il forme des générations de physiciens, leur transmettant non seulement des connaissances, mais aussi une méthode, un esprit de rigueur et de curiosité. Ses leçons mettent l'accent sur le lien indissociable entre la théorie et la pratique. Aimé Cotton se distingue également par son engagement au service de la recherche nationale. Il joue un rôle clé dans l'organisation de la physique française, notamment en contribuant à la création d'institutions de recherche et en défendant l'idée d'une science publique, soutenue par l'État. Il participe activement à la structuration du CNRS naissant dans les années 1930, et milite pour un renforcement de la coopération internationale entre scientifiques, convaincu que « la science ne connaît ni frontière ni patrie, mais elle exige une communauté d'effort au service de la connaissance. » Ses recherches sur le magnétisme et la spectroscopie fine l'amènent à étudier les relations entre lumière polarisée, matière et champs extérieurs. Il développe des instruments de haute précision, parmi lesquels le polarimètre et le spectromètre de haute résolution qui permettent des mesures inédites des phénomènes quantiques avant l'heure. Son travail anticipe, sans toujours pouvoir le formaliser, certains résultats ultérieurs de la mécanique quantique. Il manifeste un grand intérêt pour la transition entre la physique classique et les débuts de la théorie des quanta. Bien qu'il ne soit pas un théoricien à proprement parler, il entretient une correspondance nourrie avec les plus grands physiciens de son temps, dont Einstein et Bohr. En 1923, il est élu membre de l'Académie des sciences, reconnaissance institutionnelle d'un parcours exemplaire. Il préside plusieurs sociétés savantes, participe à l'organisation de congrès internationaux, et œuvre inlassablement à la promotion de la recherche scientifique française. Il refuse cependant toute notoriété inutile et reste fidèle à une certaine éthique du savant, modeste et dévoué. Lorsqu'on lui demande quel est le moteur de son travail, il répond simplement : « L'amour de la vérité et la joie de comprendre. »Dans ses écrits tardifs, Aimé Cotton réfléchit au rôle de la science dans la société moderne. Il exprime ses préoccupations quant à l'usage militaire et industriel des découvertes scientifiques. Sans condamner le progrès technique, il appelle à une vigilance éthique : « Il n'est pas de progrès qui ne doive être interrogé ; la puissance qu'il confère exige une conscience éclairée. » |
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Cotton (Robert Bruce),
archéologue
né en Angleterre![]() |
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Cotton (Charles), poète né à Beresford en 1630, mort en 1687, s'adonna au genre burlesque et publia notamment : Scarronides ou Virgile travesti (1678), et le Railleur raillé (1675). Ses oeuvres complètes ont été souvent rééditées. | |
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Cotton (Nathaniel),
médecin et poète né en Angleterre![]() |
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