.
-

Charles III, le Simple

Charles III, dit le Simple, est un roi de France, fils posthume de Louis le Bègue et d'AdĂ©laĂŻde, nĂ© le 17 septembre 879, mort le 7 octobre 929. A la mort de ses frères aĂ®nĂ©s, Louis III (882) et Carloman (6 dĂ©cembre 884), Charles, qui aurait dĂ» leur succĂ©der, n'Ă©tait encore âgĂ© que de cinq ans. Son jeune âge et le besoin qu'on avait d'un prince en Ă©tat de gouverner et de tenir tĂŞte aux Vikings, le firent alors Ă©carter du trĂ´ne par les seigneurs qui offrirent la couronne Ă  un autre prince carolingien, l'empereur Charles II, dit le Gros. Lorsque celui-ci eut Ă©tĂ© dĂ©posĂ© Ă  la diète de Tribur (novembre 887), les seigneurs Ă©levèrent sur le trĂ´ne l'un d'eux, Eudes, comte de Paris. 

La dynastie carolingienne n'avait pas cependant perdu tous ses partisans; l'archevĂŞque de Reims, Foulques, sut attiser le mĂ©contentement de plusieurs des grands feudataires, fit reconnaĂ®tre Charles par quelques-uns d'entre eux, pendant que Eudes Ă©tait occupĂ© Ă  guerroyer en Aquitaine, et le couronna solennellement Ă  Reims le 28 janvier 893. A la nouvelle de cet Ă©vĂ©nement, Eudes s'empressa de revenir vers le nord, et presque tous les seigneurs, qui avaient reconnu le jeune roi, s'en dĂ©tachèrent de nouveau. ObligĂ© de fuir en Germanie, trahi par le roi Arnoul, Charles le Simple rĂ©ussit cependant Ă  lutter contre son adversaire, le contraignit Ă  nĂ©gocier et Ă  lui cĂ©der la France septentrionale (897). La mort d'Eudes, survenue l'annĂ©e suivante (1er janvier 898), lui fournit l'occasion de recouvrer le reste du royaume. Reconnu roi dès lors par tous les seignueurs, couronnĂ© une seconde fois Ă  Reims (3 janvier), il semblait en situation de rendre un peu de sĂ©curitĂ© au royaume. 

Malheureusement, comme tous les princes carolingiens, il ne se contentait pas d'un royaume et songeait Ă  reconstituer l'empire. A peine assurĂ© de son trĂ´ne, il prĂŞta l'oreille aux ouvertures de seigneurs lorrains, mĂ©contents de leur roi Zwentibold, et entreprit en Lorraine une première et stĂ©rile expĂ©dition. Pendant ce temps, les Vikings ne cessaient de ravager la France; de 901 Ă  907, ils dĂ©solèrent la Bretagne, la Touraine, l'Auvergne et la Bourgogne; Charles le Simple se dĂ©termina, par le traitĂ© de Saint-Clair-sur-Epte, Ă  concĂ©der en fief Ă  un de leurs chefs, Rollon, une partie de la Neustrie, qui prit depuis le nom de Normandie (912). Il lui donnait en mĂŞme temps en mariage sa fille Gisèle. Cependant, en Lorraine, Zwentibold avait Ă©tĂ© tuĂ© par ses adversaires, et un fils du roi Arnoul de Germanie, Louis l'Enfant, avait Ă©tĂ© proclamĂ© roi (900). Charles le Simple n'avait cessĂ© d'avoir des intelligences parmi les seigneurs de ce pays; avant mĂŞme la mort de Louis, il en avait entraĂ®nĂ© beaucoup dans son parti, et, lorsque Louis mourut (914), il rĂ©ussit Ă  se faire proclamer roi (21 janvier 912). 

Pendant qu'il acquĂ©rait un nouveau royaume, les seigneurs français, mĂ©contents de la faveur dont jouissaient les Lorrains et en particulier un favori du roi, Haganon, se liguaient entre eux et rĂ©ussissaient bientĂ´t Ă  s'emparer de la personne mĂŞme du roi (920). Il fut bientĂ´t dĂ©livrĂ© par l'intervention de l'archevĂŞque de Reims. Mais alors la rĂ©volte Ă©clata en Lorraine, fomentĂ©e par le duc Gislebert et par Henri, roi de Germanie. Charles leva une armĂ©e et marcha sur le Rhin. L'issue de la campagne fut douteuse; il rĂ©ussit cependant Ă  conserver ses Etats et Ă  conclure avec Henri, Ă  Bonn un pacte de paix et d'amitiĂ© (7 novembre 921); mais, a peine etait-il conclu, que Gislebert se soulevait de nouveau. L'annĂ©e suivante, une nouvelle conspiration, provoquĂ©e par des faveurs accordĂ©es par Charles Ă  Haganon, au prĂ©judice des robertiniens, se forma en France. Les seigneurs en vinrent bientĂ´t Ă  une guerre ouverte contre le roi qui, Ă  deux reprises, dut se rĂ©fugier en Lorraine pendant que les seigneurs Ă©lisaient pour roi et faisaient couronner Ă  Reims Robert, duc de France, frère du roi Eudes (30 juin 922). 

Après son couronnement, le nouveau roi se rendit en Lorraine pour confĂ©rer avec le roi de Germanie; mais un brusque retour de Charles le Simple ne tarda pas Ă  le rappeler dans ses Etats; attaquĂ© Ă  l'improviste près de Soissons, il pĂ©rit dans le combat, tuĂ© de la main du roi Charles (15 juin 923). La mort de son compĂ©titeur ne donna pas, du reste, la victoire Ă  celui-ci poursuivi par le fils de Robert, Hugues le Grand, il dut battre en retraite jusqu'au delĂ  de la Meuse. Raoul, fils du duc de Bourgogne et gendre de Robert, fut alors Ă©lu roi et couronnĂ© Ă  Soissons (13 juillet) Toutefois, une bonne partir de la France, la Lorraine, la Normandie et presque toutes les provinces mĂ©ridionales restèrent fidèles Ă  Charles le Simple. Celui-ci, pour reconquĂ©rir son royaume, entra en nĂ©gociations avec un rival de Raoul, le comte de Vermandois, Herbert, qui l'attira dans un guet-apens et le fit prisonnier d'abord Ă  Château-Thierry, puis Ă  Saint-Quentin, Ă  Reims, le laissant, de temps Ă  autre, dans une sorte de demi-libertĂ© lorsqu'il jugeait Ă  propos d'effrayer le roi Raoul. 

Ses dernières années se passèrent au château de Péronne, où il mourut. Comme les autres princes de la dynastie carolingienne, ce roi, que l'histoire a flétri du surnom de Simple (stultus), ne manquait pas de qualités : il fut entreprenant et vaillant, et, s'il succomba aux intrigues qui se tramèrent contre lui, c'est qu'au lieu de s'occuper des affaires de ses Etats, il eut sans cesse la préoccupation de reconquérir les royaumes démembrés de l'empire de Charlemagne. De sa première femme, dont l'histoire n'a pas conservé le nom, il avait eu une fille, Gisèle, mariée au duc de Normandie. Il épousa, le 15 avril 907, à Attigny, Fréderune, qui mourut le 10 février 917. Sa troisième femme, Ogive, lorsque son mari fut détrôné, emmena en Angleterre leur fils Louis (Louis IV d'Outremer). Après la mort de Charles le Simple, elle épousa Herbert, comte de Troyes, et son fils, rappelé par les seigneurs, remplaça Raoul sur le trône de France.



En librairie. - Yvan Gobry, Charles III, Pygmalion, 2007. - Triste destin que celui de ce Carolingien, troisième fils de Louis II le Bègue ! Il n'a que cinq ans en 884, quand son frère Carloman meurt sans hĂ©ritier du trĂ´ne. Les Normands dĂ©solent la France, et les Grands du royaume, refusant d'y asseoir un enfant, y appellent Charles le Gros, roi de Germanie, bientĂ´t dĂ©posĂ©. Les vassaux Ă©lisent alors Ă  la royautĂ© le plus grand d'entre eux, Eudes, comte de Paris. Cependant, quand Eudes meurt, Charles, maintenant âgĂ© de dix-neuf ans, est enfin reconnu roi de France. Il se manifeste comme un souverain entreprenant. Il s'empare du royaume de Lotharingie et Ă©tablit la paix avec les Normands, en leur concĂ©dant pour fief Ă  l'ouest un territoire qui deviendra le duchĂ© de Normandie. Ses maladresses provoquent nĂ©anmoins une nouvelle opposition des Grands, qui Ă©lisent au trĂ´ne le duc Robert, frère d'Eudes, puis Raoul, duc de Bourgogne. Choisissant de lutter militairement contre ses vassaux, Charles est capturĂ©. Il meurt misĂ©rablement dans une prison.  (couv.).
 
.


Dictionnaire biographique
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
[Aide][Recherche sur Internet]

© Serge Jodra, 2005. - Reproduction interdite.