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Les féciaux
(fetiales) formaient l'une des grandes corporations
religieuses de l'ancienne Rome. On en
faisait remonter l'origine à Numa ou à
Ancus Martius; ils durèrent jusqu'à
la fin du IVe siècle de notre ère.
Composés de vingt membres qui se recrutaient eux-mêmes, ils
étaient les gardiens et les interprètes d'un droit spécial,
le jus fetiale, qui donnait la consécration religieuse aux
relations internationales; leur concours était requis toutes les
fois qu'il s'agissait de déclarer une guerre ou de conclure un traité,
pour assurer l'exécution des formalités religieuses. En cas
de guerre, le collège des féciaux est chargé d'examiner
de quel côté vient la provocation; si c'est du côté
de Rome, il exige que les coupables soient livrés à l'ennemi
par la deeditio ou extradition; si c'est du côté de
l'ennemi, il procède à la déclaration solennelle de
guerre par la cérémonie de
la clarigatio.
A cet effet, une délégation
temporaire du collège, composée de deux à quatre membres,
sous la conduite de l'un d'eux qui prend pour la circonstance le titre
de pater patratus populi romani, va cueillir sur le Capitole la
verveine sacrée, puis se rend en grande pompe à la frontière
du peuple agresseur; elle réclame l'extradition des coupables. Si
elle l'obtient, l'affaire ne va pas plus loin; sinon, elle procède,
trente jours plus tard, à une nouvelle sommation; enfin, la guerre
étant inévitable, elle se transporte une fois encore à
la frontière du pays ennemi, prononce une formule sacramentelle,
et lance sur le territoire ennemi un javelot ensanglanté. Tous les
détails de ces cérémonies sont rapportés par
Tite Live (I, 32), à propos de la guerre
entre Rome et Albe. Quand les conquêtes de Rome s'étendirent
de tous les côtés, il ne fut plus possible de procéder
à ce cérémonial compliqué
: on le remplaça par quelques fictions symboliques, ainsi par le
jet d'un javelot au delà de la frontière fictive du pomerium
dans la direction du peuple ennemi. Jusque sous l'Empire, encore à
l'époque de Marc-Aurèle, il
n'y avait pas de déclaration de guerre sans ce cérémonial.
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Féciaux
d'après une monnaie d'or
rappelant
l'alliance de Rome et de Gabies.
L'autre raison d'être du collège
est d'accomplir les rites religieux qui donnent un caractère irrévocable
aux traités de paix ou d'alliance (foedera). Dans ce cas,
le pater patratus, après qu'on a procédé à
la lecture du traité, frappe avec un silex, conservé dans
le temple de Jupiter Férétrien,
le porc qui doit être immolé à cette occasion; il prononce
en même temps les formules sacramentelles (Tite Live, I, 24)
de là l'expression foedus ferire. Après la cérémonie,
le texte du traité est confié à la garde du collège.
Il arriva que la députation du collège se transportât
dans le pays ennemi pour procéder à cette cérémonie;
ainsi, en 201, les féciaux allèrent en Afrique pour ratifier
la paix conclue avec Carthage.
Mais presque toujours les rites religieux s'accomplissaient à Rome,
en présence des représentants de la partie adverse. En un
mot, le collège des féciaux était chargé de
placer tous les actes des relations extérieures du peuple romain
sous la protection de la divinité; il créa ainsi les principes
du droit international. (G. L.-G.).
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