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L'Amérique
du Nord et l'Amérique centrale.
L'histoire de l'Amérique du Nord n'a pas d'unité avant le milieu du XVIIIe siècle. Les différents essais de colonisation au Canada, à la Nouvelle-Angleterre et dans les Antilles, rentrent, à proprement parler, dans l'histoire des régions où ils ont été tentés. Chaque peuple y apporte son génie propre et se préserve le plus possible du contact de ses voisins. Après la guerre de Sept Ans et la perte du Canada (1763), l'Angleterre est un instant maîtresse de toute la côte de l'Atlantique; mais la guerre d'indépendance des États-Unis rompt de nouveau l'unité. Depuis cette époque, l'influence prépondérante de l'Union n'a fait que s'accroître et c'est dans l'histoire des Etats-Unis qu'il faut chercher le lien des questions internationales intéressant l'Amérique du Nord. Nous renvoyons donc le lecteur pour les détails aux articles Canada, Antilles, Mexique, etc., pour l'ensemble à aux pages consécrées à l'histoire des Etats-Unis, nous bornant ici à donner les indications essentielles. Dès la fin du XVIe
siècle, nous trouvons dans l'Amérique du Nord
des établissements espagnols, anglais et français. Les Espagnols
occupent le pourtour et les îles du golfe du Mexique, les Anglais
quelques points de la côte de l'Atlantique,
les Français l'estuaire du Saint-Laurent.
Au XVIIe siècle
ces deux derniers peuples étendent leurs possessions ; ils prennent
pied aux Antilles,
ou la moitié d'Haïti et la Jamaïque
sont enlevées aux Espagnols; en même temps les Anglais s'étendent
sur la côte de l'Atlantique et jusqu'au pied des Alleghanies, et
les Français pénètrent dans le bassin du Mississippi.
Conquistadores espagnols. Gouache de Graham Coton (début du XXe s.). Toutefois, les possessions de la zone tropicale sont encore considérées comme les plus importantes, le centre de gravité est toujours dans le golfe du Mexique. Au XVIIIe siècle, les Danois réoccupent le Groenland, les Français sont éliminés du Canada. A la fin du XVIIIe siècle et dans les premières années du XIXe, se produit le fait capital de l'émancipation; il y a désormais des nations américaines, les Etats-Unis, le Mexique, les républiques de l'Amérique centrale et d'Haïti. Les querelles de la plus puissante, celle des Etats-Unis, avec l'Angleterre et le Mexique, ses agrandissements à leurs dépens, les expéditions françaises à Saint-Domingue et au Mexique sont les faits principaux de l'histoire politique de l'Amérique du Nord entre l'émancipation et le début du XXe siècle. L'Amérique
du Sud.
Le
temps des vices-rois.
Si toutefois on surmonte les impressions pénibles que causent tant d'actions infâmes et qu'on se place au point de vue historique, on remarquera que la couronne d'Espagne n'est pas aussi coupable que le répètent à l'envi les historiens qui reproduisent plus ou moins les théories et les jugements de l'Ecossais Robertson. L'Espagne, il est vrai, a traité les Indiens avec une dureté abominable, mais enfin le traitement imposé à ces malheureux n'était pas la proscription systématique dont nous trouvons tant d'exempies à des époques plus rapprochées de nous dans l'histoire des colonies anglaises. Il s'en faut d'ailleurs que le système politique appliqué aux colonies ait été créé de toutes pièces et qu'il ne se soit pas modifié, comme on le croit généralement, dans le cours d'environ trois siècles. Au contraire, nous constatons que pendant tout le XVIe siècle, Charles-Quint et Philippe Il ont, à plusieurs reprises, changé leur politique à l'égard des colonies sans se départir toutefois d'un principe général qui était la subordination complète du nouveau monde au point de vue politique et économique. Mais les subdivisions de cet immense empire furent remaniées à plusieurs reprises, les codes furent l'objet de plusieurs révisions, et de nombreuses tentatives furent faites pour établir l'ordre dans ce lointain chaos de peuples, de pays et de ressources. Malheureusement la plupart des écrivains n'ont pas tenu compte de ces bonnes volontés affaiblies par la distance; ils ont préféré rechercher le côté épisodique et anecdotique et, dans une matière trop riche à la vérité, recueillir les récits de nature à dramatiser l'histoire. On peut répartir en trois grandes subdivisions la période des vice-rois. La première correspond à peu près au XVIe siècle. C'est le moment de l'installation nation et du développement de la puissance espagnole. Philippe II réussit même à mettre la main sur le Brésil et à empêcher les Français de prendre pied dans l'Amérique du Sud. L'administration supérieure de cet immense empire a pour organe suprême le grand conseil des Indes siégeant à Madrid. Il correspond directement avec les gouverneurs et capitaines généraux. Le roi est représenté officiellement par le vice-roi résidant à Lima et auquel sont subordonnés tous les gouverneurs. Caracas ne devint le siège d'une vice-royauté qu'en 1718 et Buenos Aires en 1776. Une audience royale, composée de magistrats envoyés par la métropole, juge en dernier ressort les causes civiles et criminelles. A la tête de chaque province un corrégidor nommé par le roi d'Espagne est assisté d'un conseil de magistrature ou cabildo, composé de plusieurs membres perpétuels (regidores), d'un procureur, d'un alcade provincial, d'un justicier en chef et de deux alcades ou consuls. L'organisation religieuse était calquée à peu près sur l'organisation administrative. Lima, la capitale, était le siège d'un tribunal du saint-office qui avait des ramifications dans les principales villes de l'Amérique du Sud. L'Eglise est enrichie par des dîmes prélevées sur tous les produits du sol. Le haut clergé est plus riche peut-être qu'en Europe, les ordres religieux pullulent et c'est parmi eux que la couronne choisit le plus souvent les hauts dignitaires le bas clergé est plongé dans l'ignorance et se recrute parmi les pires éléments de la colonisation. Enfin, des majorats se constituent au profit des favoris de la royauté. La seconde subdivision s'étend de la mort de Philippe Il à la paix d'Utrecht (1698-1713). C'est une époque de paix et de prospérité relatives. L'Espagne ferme avec un soin jaloux aux autres nations européennes les portes de ses colonies. Elle s'applique à maintenir son autorité et à tirer des Indes les tributs dont elle a besoin pour soutenir en Europe les guerres incessantes contre la France. Les Indiens sont traités avec plus de douceur, le régime municipal s'établit hors des grandes villes; le monopole est fortement organisé. Porto-Bello est le seul port ouvert aux commerçants espagnols qui ont licence d'armer pour le Pérou. Leurs flottes se réunissent à la Havane avec celles qui viennent de la Veracruz, seul port de la Nouvelle-Espagne. Des règles minutieuses et une bonne foi absolue donnent à ce commerce une dignité que ne connaît plus la concurrence effrénée de notre temps. « Jamais on n'ouvre aucune balle de marchandises, et jamais on n'examine aucune caisse d'argent, dit un historien. On reçoit les uns et les autres, sur la déclaration verbale des personnes à qui ces effets appartiennent et on ne trouve qu'un seul exemple de fraude pendant tout le temps que ce commerce s'est fait avec cette noble confiance. Tout l'argent monnayé, parti du Pérou à Porto-Bello en 1654, se trouva altéré et mêlé d'une cinquième partie de mauvais métal. Les négociants espagnols, avec leur intégrité ordinaire, supportèrent la perte entière et indemnisèrent les étrangers qui les employaient. On découvrit la fraude et le trésorier des finances du Pérou, qui en était l'auteur, fut brûlé publiquement. »Mais ces richesses énormes que l'Espagne tirait de ses colonies tentèrent les nations étrangères. La contrebande s'organise et devient une des plaies de l'Amérique du Sud par la rigueur dont les gouverneurs usent pour les réprimer et dont sont victimes les navigateurs étrangers quels qu'ils soient. Colbert s'empare de la Guyane et le Brésil retourne au Portugal, la décadence s'annonce. Elle se précipite pendant le XVIIIe siècle. A la paix d'Utrecht l'Espagne est obligée d'accorder à l'Angleterre le monopole de la traite des esclaves, et, un peu plus tard, un vaisseau de permission qui se transforme en dock inépuisable de marchandises sans cesse renouvelée. En vain, pour faciliter la surveillance, le gouvernement royal relâche la centralisation excessive dont il s'était fait une règle jusque-là: il ne peut entraver la marche des deux causes de ruine du gouvernement colonial : le péril extérieur et le péril intérieur. Le péril extérieur a été exagéré par les historiens. Si vive que fût la jalousie de la Grande-Bretagne, si éclatantes qu'aient été ses pirateries, le mal fait aux colonies espagnoles par les attaques des Anglais s'est borné à peu de chose. La perte de quelques galions comptait à peine eu présence des richesses minérales de l'Amérique du Sud, et quelques bombardements, comme celui de Porto-Bello, par Vernon, n'atteignaient pas dans ses oeuvres vives la monarchie d'outre-mer. Le péril intérieur était plus grave. Il semble qu'au XVIIIe siècle la royauté espagnole ait abdiqué: les maximes de Charles-Quint et de Philippe Il sont abandonnées. Les Bourbons laissent le clergé empiéter sur la couronne. Les jésuites créent un état théocratique sur les bords du Paraguay et la guerre que le gouvernement métropolitain est obligé de leur faire ébranle profondément le système colonial lui-même en sapant un de ses principes. Le succès de la guerre d'indépendance des colonies anglaises eut aussi une influence énorme sur le sort de l'Amérique du Sud. Enfin, le renversement des Bourbons par Napoléon, l'anarchie qui suivit, l'étroite obstination des Cortès à imposer aux possessions d'outre-mer un joug plus dur que celui dont elles ne voulaient pas pour la métropole, amenèrent une révolution où disparut l'empire colonial. L'âge
des révolutions.
José de San Martin (1778-1850), libertador de l'Argentine, du Pérou et du Chili. Statue du square Montsouris, à Paris. © Photo : Serge Jodra, 2011. C'est ainsi que la Colombieet le Venezuela, unies par les actes du 20 novembre 1818 et du 15 février 1819, ont admis Quito en 1823 dans leur fédération, puis ont rompu le pacte fédéral en 1831. Dans les Etats de la Plata, on a vu la Plata, le haut Pérou (Bolivie), l'Uruguay et le Paraguay former une seule confédération, puis le pacte rompu, et Buenos Aires se constituer en une sorte de port franc indépendant de tout le reste. En 1860, Buenos Aires est rentré dans la confédération Argentine : et quelques années plus tard, le Paraguay a été attaqué et systématiquement dévasté par la coalition de ses trois voisins, le Brésil, l'Uruguay et la Plata. Dans cette succession de révolutions le Brésil n'a pas été épargné. Les idées sécessionnistes avaient déjà poussé de fortes racines dans le sol quand le ici Jean VI fut contraint de venir s'y réfugier. Après l'expulsion des Français de la péninsule ibérique et le retour à Lisbonne de la maison royale, le Brésil refusa de descendre au rang de colonie. Don Pedro se laissa forcer la main pour devenir empereur du Brésil, en 1822. Depuis cette époque, qui coïncide à peu près avec l'indépendance des colonies espagnoles, le Brésil a une existence indépendante. C'est alors le seul des Etats de l'Amérique du Sud qui ait encore légalement des esclaves. L'abolition complète ne date que de 1880. A partir de cette époque, c'est l'histoire des différents états qu'il convient de considérer. C'est d'ailleurs en considérant ces différences, qu'un diplomate de la fin du XIXe siècle appliqua à ces républiques, soi-disant soeurs, ce mot célèbre : il n'y a plus d'Amérique. (Louis Bougier).
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