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Le Protagoras, de Platon

Protagoras ou les Sophistes est un dialogue de Platon, où Socrate, le principal interlocuteur, s'entretient avec Protagoras, Hippias et Prodicus. Il a pour objet la satire des sophistes qui prétendaient enseigner la vertu. 

Socrate se rend à une école de sophistes et y trouve Protagoras, qui vient d'arriver à Athènes, et est en train de donner des leçons de vertu. Il s'étonne et demande si la vertu peut être enseignée. Sur la réponse affirmative de Protagoras, il l'oblige à descendre au fond de la question et lui demande quelle est l'essence de la vertu, si elle est une, si elle a des parties qui se laissent enseigner les unes après les autres. 

Le sophiste prétend, avec tout le monde, que la vertu a des parties diverses, comme la sagesse, la justice, la tempérance; mais Socrate, par une analyse profonde et subtile, lui montre que ces différentes vertus, loin, d'être indépendantes, se contiennent toutes les unes les autres et se supposent réciproquement; qu'il n'y a pas de sainteté qui ne soit juste, de justice qui ne soit sainte, de tempérance qui ne soit sage, de sagesse qui ne soit tempérante; il montre que les deux termes de la vertu en apparence les plus éloignés, le courage et la sagesse, sont une même chose; que le vrai courage doit savoir ce qu'il fait et pourquoi il le fait, et que, par conséquent, il repose sur des raisons morales, sur la sagesse et la science; de sorte qu'en dernier résultat toutes les vertus ne sont que des applications, plus ou moins dissemblables en apparence, du même principe qui les comprend toutes et leur communique à toutes son propre caractère. 

Diverse au dehors, comme le monde auquel elle se mêle; variée et infinie compte les situations de la vie, la vertu est une dans l'intention de l'agent moral; son unité et son identité constituent toute sa réalité. Platon reproduit souvent ce principe qui, plus tard, devint un des éléments du stoïcisme, et produisit dans son exagération ce paradoxe célèbre : Que l'humain a toutes les vertus ou n'en a pas une, et que la vertu est parfaite ou n'est pas. Ici, Socrate l'établit avec rigueur et lucidité dans ses justes limites. Les vertus ainsi réduites à la vertu et la vertu à l'inspiration vertueuse, ou conçoit comment Socrate refuse d'admettre qu'elle tombe sous l'enseignement de l'école.

Ce dialogue, gracieux dans sa forme, uni dans sa marche, est dégagé de ce luxe de discussions épisodiques qui caractérisent en général les autres dialogues de Platon. Il appartient à la jeunesse de l'auteur, alors plus sobre, moins abondant que dans la seconde phase de sa carrière. (PL).

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