 |
Philosophie romaine
et wisigothique
L'Espagne, l'ancienne
Hispanie,
a été une province romaine importante (IIe
siècle av. JC - Ve siècle ap. JC). La
romanisation a apporté la culture et la philosophie
romaines. C'est durant cette période que l'Espagne a connu son apogée
philosophique antique. Les penseurs romains comme Sénèque,
né à Cordoue, stoïcien, ont marqué l'histoire par leurs réflexions
sur la morale, la vertu et la vie bonne. On retrouve aussi la marque de
ce stoïcisme chez Lucain
(neveu de Sénèque) et Martial, deux poètes
romains nés en Epagne.
Après la chute de
l'Empire romain d'Occident, les Wisigoths
ont établi un royaume en Espagne (Ve -
VIIIe siècles ap. JC) . La philosophie
antique continue d'influencer la pensée, notamment à travers le christianisme
et les auteurs latins. La figure importante
de cette période, à cheval sur l'Antiquité tardive et le Moyen Âge,
est Isidore de Séville.
Sénèque.
Sénèque
le Jeune (vers 4 av. JC. - 65 ap. JC) est l'un des stoïciens romains les
plus importants. Ses écrits, notamment ses lettres et ses tragédies,
ont eu un impact immense sur la pensée occidentale. Son stoïcisme met
l'accent sur la vertu, la raison, le contrôle des émotions et l'acceptation
du destin.
Isidore
de Séville.
Isidore
de Séville (VIe-VIIe
siècles) a cherché à intégrer la sagesse antique dans un cadre chrétien.
Son œuvre encyclopédique, les Étymologies, a compilé et transmis
le savoir antique et chrétien et influencé toute la pensée médiévale,
même au-delà de l'Espagne.
L'Âge d'or d'al-Andalus
(VIIIe-XIIIe
siècles).
Après la conquête
musulmane de l'Espagne en 711, al-Andalus devint un centre de culture et
de philosophie. Les savants de al-Andalus ont joué un rôle important
dans la traduction des textes grecs, notamment de la philosophie d'Aristote,
de Platon, et d'autres penseurs
grecs. Ces traductions ont été réalisées en arabe et ont ensuite
été traduites en hébreu et en latin. Les penseurs ont ainsi pu fusionner
des éléments de la philosophie musulmane,
grecque, juive et chrétienne dans leurs
oeuvres. Les thèmes comme la nature de l'existence, la métaphysique,
l'éthique, la psychologie et la logique étaient abordés avec diverses
approches interculturelles.
Philosophie arabe.
Avempace.
Avempace
(Ibn Bajjah, 1095-1138), natif de Saragosse,
est connu pour ses commentaires sur Aristote et pour son peuvre philosophique
originale, notamment Le Régime du solitaire (Tadbīr al-Mutawaḥḥid).
Il aorde des thèmes comme la perfection humaine, l'intellect agent et
la vie contemplative. Son influence se retrouve chez Averroès et plus
tard chez des penseurs juifs comme Maïmonide ou chrétiens comme Thomas
d'Aquin.
Abubacer.
Abubacer (Ibn Tufayl,
mort vers 1185), originaire de Guadix. Il est surtout célèbre pour son
roman philosophique Hayy ibn YaqẓÄn (Le Vivant, fils de l'Éveillé).
Ce récit allégorique explore la découverte de la philosophie et de la
religion par un homme élevé seul sur une île déserte, à travers l'observation
de la nature et la raison. Il aborde des thèmes comme la connaissance
innée, la nature de Dieu et la compatibilité entre philosophie et révélation.
Averroès.
Né à Cordoue,
Averroès
(Ibn Rushd, 1126-1198) est l'un des plus grands philosophes d'al-Andalus.
Averroès défendait l'harmonie entre la foi et la raison. Il cherchait
à comprendre Aristote de manière la plus fidèle et rigoureuse possible,
en se basant sur les textes originaux. Les traductions latines des commentaires
de son oeuvre ont été fondamentales pour le développement de la scolastique
au XIIIe siècle, notamment à travers
le courant de l'averroïsme latin (notamment
à l'Université de Paris). Des penseurs comme Siger de Brabant ont été
fortement influencés par ses idées.
Anselm
Turmeda.
Anselm Turmeda (Abdallah
al-Tarjuman al-Mayurqi, ca. 1355 - ca. 1430), écrivain et théologien
majorquin. Il est exceptionnel parmi ces philosophes car il s'est converti
à l'Islam et a vécu dans le monde musulman. Après sa conversion, Turmeda
devint un critique du christianisme et écrivit des ouvrages polémiques
en arabe contre la doctrine chrétienne. Cependant, il a également exprimé
des critiques envers certaines pratiques et interprétations de l'Islam.
Tuhfat al-arib fi al-radd 'ala ahl al-salib (Le Présent à l'érudit pour
réfuter les gens de la croix) est son oeuvre la plus connue, une critique
du christianisme et une défense de l'Islam. Il y utilise des arguments
théologiques et rationnels. La Dispute de l'Âne (Tuhfat al-faqir) est
une œuvre satirique et populaire sous forme de conte allégorique, où
un âne discute de religion et de morale. Cette œuvre est plus accessible
et critique les travers des deux religions.
Philosophie juive.
Avicebron.
Avicebron
(Ibn Gabirol, vers 1021-1058) a développé une forme de néoplatonisme
et une métaphysique de la volonté divine.Son œuvre philosophique principale,
Fons
Vitae (La Source de Vie), écrite en arabe
et traduite en latin, a exercé une influence
importante sur la scolastique.
Bahya
ibn Paquda.
Bahya ibn Paquda
(XIe siècle), auteur des Devoirs du
Cour (en arabe, Al-Hidayah ila Fara'id al-Qulub), une oeuvre
majeure de philosophie morale et religieuse juive. Il met l'accent sur
l'intériorité, la piété et la relation personnelle avec Dieu.
Judah
Halevi.
Judah Halevi (vers
1075-1141), dans son oeuvre philosophique principale, Le Kuzari
(ou Le Livre de la défense de la religion méprisée), il défend
le judaïsme contre la philosophie grecque et les autres religions. Il
mett en avant l'importance de la révélation et l'expérience religieuse.
Maïmonide.
Maïmonide
(Moses ben Maimon, Rambam, 1135-1204), né à Cordoue, il a cherché
à concilier la foi juive avec la philosophie aristotélicienne dans son
oeuvre majeure Le Guide des Égarés (en arabe, DalÄlat
al-ḤÄ'irÄ«n), écrite en arabe et traduite en hébreu et en latin.
La philosophie chrétienne
médiévale
La philosophie chrétienne
médiévale se développe en Espagne dans le contexte de la Reconquista
et de la consolidation des royaumes chrétiens. L'École
de Tolède (XIIe-XIIIe
siècles) a été un centre de traduction et de transmission du savoir
grec et arabe vers le latin. Bien que pas strictement philosophique en
elle-même, elle a rendu accessible les oeuvres d'Aristote, d'Avicenne
et d'Averroès, qui ont été fondamentales pour la philosophie scolastique.
Enrichie par les traductions et les commentaires des philosophes arabes
et juifs qui ont permis de redécouvrir Aristote et d'autres penseurs antiques,
la philosophie espagnole chrétienne médiévale un caractère plus cosmopolite
et ouvert qu'ailleurs en Europe. L'influence des universités, comme celle
de Salamanque, devient centrale
pour diffuser les idées scolastiques Ã
partir du XIIIe siècle, plus tardivement,
donc, qu'en France ou en Angleterre où elle s'est constituée. Comme dans
toute la philosophie médiévale, la question du rapport entre la foi et
la raison est centrale. Les philosophes espagnols, Ã l'image de leurs
contemporains européens, ont cherché à harmoniser la philosophie aristotélicienne
avec la doctrine chrétienne.
Raymond
Lulle.
Raymond
Lulle (Ramon Llull, 1232-1316), philosophe et théologien majorquin,
est surtout célèbre pour son Art ( (Ars Magna, Ars Generalis,
etc.), un système logique et combinatoire complexe conçu pour démontrer
la vérité de la foi chrétienne et convertir les non-chrétiens par la
raison. Il pensait que la vérité divine pouvait être découverte et
communiquée de manière universelle grâce à une méthode logique. Cet
Art
utilisait des figures géométriques, des lettres et des combinaisons pour
représenter
des concepts et des attributs divins. Bien que basé sur la raison, l'Art
de Lulle était profondément ancré dans sa foi mystique. Il cherchait
une union intellectuelle et spirituelle avec Dieu. Son Art est vu
par certains comme un précurseur de la logique formelle, de la combinatoire
et même de concepts qui anticipent l'informatique.
Arnaud
de Villeneuve.
Arnaud
de Villeneuve (Arnau de Vilanova, ca. 1235 - 1311), né à Valence,
est surtout renommé pour ses contributions à la médecine. Il fut professeur
à l'université de Montpellier, un centre médical majeur. Il a écrit
des traités médicaux importants sur des sujets variés comme la diététique,
la pharmacologie, la chirurgie et les maladies. Mais vers la fin de sa
vie, il s'intéressa à la théologie et développa des idées prophétiques
et millénaristes, ce qui le mit parfois en conflit avec les autorités
ecclésiastiques.
Raymond
de Sebonde.
Raymond
de Sebonde (Raimundo Sabunde, ca. 1385- 1436 siècles), philosophe
et théologien (probablement d'origine catalane ou aragonaise) est l'auteur
d'une Theologia Naturalis, sive Liber creaturarum (Théologie
Naturelle ou Livre des créatures), qui est une tentative systématique
de démontrer l'existence de Dieu et les vérités de la foi chrétienne
par la raison naturelle, en observant le monde créé et la nature humaine.
Sebonde argumente que la création est un "livre" ouvert à tous, dans
lequel Dieu se manifeste et peut être connu par l'étude de la nature
et de l'homme. Il place l'homme au centre de sa théologie naturelle, considérant
l'homme comme un microcosme reflétant l'ordre divin. L'ouvrage a été
traduit en français par Montaigne, qui
écrivit sa célèbre Apologie de Raymond Sebond dans ses Essais .
La pensée du Siècle
d'Or espagnol
La
philosophie espagnole commence, dès le XVe
siècle, à s'épanouir dans un contexte de renouveau intellectuel. Cela
débouche sur le Siècle d'Or espagnol
(XVIe-XVIIe
siècles), une période de grande effervescence culturelle et intellectuelle,
marquée par la Renaissance et le début
de l'époque moderne. L'humanisme arrive en Espagne et met à l'honneur
l'étude des textes classiques, la dignité humaine et l'importance de
l'éducation. L'humanisme espagnol du Siècle
d'Or est souvent caractérisé par une forte dimension religieuse et une
tentative d'intégrer les valeurs humanistes dans un cadre chrétien. La
scolastique reste une force importante, notamment avec la Seconde scolastique,
qui cherche à renouveler la pensée scolastique face aux défis de la
Réforme
et de la modernité (découvertes géographiques,
émergence des États-nations).
Les
mystiques espagnols.
Sainte Thérèse
d'Avila et Saint Jean de la Croix ont produit des oeuvres profondes sur
l'union mystique avec Dieu.
Juan
Luis Vives.
Juan
Luis Vives (1493-1540) est un philosophe humaniste influencé par Érasme.
Il a écrit sur l'éducation, la psychologie et la morale, et a critiqué
la scolastique tardive. Il est considéré comme un précurseur de la psychologie
moderne et de l'empirisme.
Juan
de Mariana.
Juan
de Mariana (1536-1624), théologien et historien, est notamment l'auteur
de l'ouvrage
De rege et regis institutione, où il a développé
des idées sur la souveraineté royale et la responsabilité politique
des monarques.
Baltasar
Gracián.
Baltasar
Gracián (1601-1658), écrivain et philosophe baroque, est connu pour
L'Homme
de Cour, un traité sur l'éthique et la politique dans la société
mondaine.
L'Ecole de Salamanque.
Pendant cette période,
l'École de Salamanque joue un rôle
crucial dans le développement des théories du droit naturel et du droit
international, notamment en lien avec la colonisation des Amériques.
Francisco
de Vitoria.
Francisco de Vitoria
(1483-1546), fondateur de l'École de Salamanque, a développé dans Les
Lois des Royaumes des Indes des théories importantes sur le
droit international, le droit des peuples indigènes et la justice dans
la guerre. Ses travaux ont eu une influence majeure sur le développement
du droit international moderne.
Domingo
de Soto.
Domingo de Soto
(1460-1534), théologien et philosophe dominicain de l'École de Salamanque,
a écrit des commentaires sur les oeuvres d'Aristote. Il a également développé
des idées sur l'économie politique et l'éthique. Il a contribué Ã
la théorie quantitative de la monnaie et à l'analyse économique.
Luis
de León.
Luis
de León (1527-1591), poète mystique et théologien, a marqué la
littérature et la réflexion philosophique espagnoles.
Luis
de Molina.
Le théologien Luis
de Molina (1535-1600) est célèbre pour sa théorie de la liberté
humaine et de la prédestination divine, connue sous le nom de "compatibilisme
libéral". Sa théologie a eu une influence considérable sur la philosophie
morale.
Suarez.
Francisco
Suárez (1548-1617), l'un des plus grands philosophes de la Seconde
scolastique, a contribué à la métaphysique, à la théologie et au droit
naturel. Il est souvent vu comme un précurseur du rationalisme
moderne. Son oeuvre métaphysique et juridique a eu une influence
immense en Europe et en Amérique latine.
Déclin et transition
(fin XVIIe siècle).
À la fin du XVIIe
siècle, la philosophie espagnole souffre d'un certain isolement par rapport
à l'Europe. Cependant, des penseurs comme Suárez continuent d'influencer
les débats philosophiques.
La Ilustración
ou les Lumières espagnoles au XVIIIe siècle
Le XVIIIe
siècle commence avec l'accession des Bourbon
au trône d'Espagne (1700) après la
Guerre
de Succession d'Espagne. Sous Philippe
V et ses successeurs, des réformes administratives, économiques et
éducatives sont introduites dans le cadre du despotisme éclairé.
L'Ilustración
espagnole, le siècle des Lumières, est arrivée
plus tardivement et avec des spécificités par rapport à d'autres pays
européens. Les idées des Lumières (raison, progrès, liberté, tolérance)
rencontrent des résistances de la part des institutions traditionnelles
(Église, noblesse). A cause de cela, si certaines idées déistes et sensualistes
des Lumières se sont diffusées, c'est avec moins d'impact qu'en France
ou en Angleterre. Le mouvement, moins radical que dans d'autres pays,
s'est souvent concentré sur des réformes pratiques dans l'éducation,
l'économie et l'administration, plutôt que sur des révolutions philosophiques.
Quelques figures marquantes :
Feijoo.
Benito
Jerónimo Feijoo (1676-1764) , moine bénédictin et essayiste, est
l'un des premiers à introduire les idées des Lumières en Espagne. Ses
oeuvres, comme Théâtre critique universel ou ses Cartas eruditas
y curiosas critiquent les superstitions et les préjugés de son temps
et prônent la raison et l'empirisme.
Jovellanos.
Gaspar
Melchor de Jovellanos (1744-1811) est un philosophe, juriste et homme
politique. C'est une figure clé des Lumières espagnoles. Il défend des
réformes économiques et éducatives et s'intéresse aux droits
humains.
Mayans.
Gregorio
Mayans (1699-1781), humaniste et érudit, met l'accent sur la
rigueur scientifique et philologique, et il critique les excès de la scolastique.
Capmany.
Antonio de Capmany
(1742-1813), écrivain, historien et critique des moeurs a promu les idées
des Lumières et a critiqué les aspects négatifs de la société espagnole.
Le XIXe
siècle
Le début du XIXe
siècle : révolutions, libéralisme et romantisme (1800-1850).
L'invasion napoléonienne
(1808) et la guerre d'indépendance espagnole (1808-1814) provoquent un
bouleversement politique et culturel. La Constitution libérale de Cadix
(1812) reflète les aspirations progressistes de certains penseurs espagnols.
Après la restauration monarchique en 1814, l'Espagne oscille entre périodes
absolutistes et libérales, ce qui influence la philosophie.
L'Église catholique
joue un rôle central dans la société espagnole, ce qui freine parfois
l'acceptation des idées philosophiques modernes. Les philosophes français,
anglais et allemands (Voltaire, Rousseau, Kant) commencent à influencer
les penseurs espagnols, mais leur réception est souvent modérée par
un souci de préserver l'orthodoxie religieuse.
Le début du XIXe
siècle voit l'émergence de penseurs libéraux et progressistes inspirés
par la Révolution française et les
idées des Lumières (Villanueva, Florez Estrada). À partir des
années 1830, le romantisme influence la pensée espagnole, avec un accent
sur la nation, la religion et l'identité culturelle (MartÃnez de la Rosa,
Balmes). Les phislosophes de ce temps se signalent ainsi par la défense
de la liberté individuelle et des droits politiques dans un contexte de
tensions entre absolutisme et libéralisme., des réflexions sur l'identité
nationale et la place de la religion dans la modernité, et une réaction
contre l'individualisme des Lumières, avec une attention portée aux communautés
et aux traditions.
Villanueva.
JoaquÃn Lorenzo
Villanueva (1757-1837) est un dDéfenseur des droits humains. Il soutient
la liberté religieuse et politique.
Flórez
Estrada.
Ãlvaro Flórez
Estrada (1766-1853), économiste et philosophe libéral, critique le féodalisme
et prône la propriété privée comme moteur de progrès.
MartÃnez
de la Rosa.
Francisco
MartÃnez de la Rosa (1787-1862) est un philosophe et homme politique
romantique. Il défend une vision libérale modérée tout en valorisant
la tradition.
Balmes.
Jaime
Balmes (1810-1848) est le philosophe le plus important de cette période.
Il cherche à concilier foi et raison. Dans El Criterio, il propose
une méthode philosophique pragmatique et défend le rôle de la religion
dans la société.
La seconde moitié
du XIXe siècle (1850-1900)
La seconde moitié
du XIXe siècle en Espagne est marquée
par des bouleversements politiques : les guerres carlistes, les révolutions,
et la tentative de modernisation de l'État. La philosophie espagnole reste
influencée par les traditions scolastiques, mais elle commence à intégrer
des
courants européens, notamment le positivisme
et l'idéalisme allemand, notament avec le Krausisme
qui devient une influence majeure. Des courants philosophiques critiquent
le Krausisme et le positivisme, notamment le néo-thomisme (renaissance
de la philosophie de Thomas d'Aquin) et le spiritualisme.
Sanz
del RÃo.
Julián
Sanz del RÃo (1814-1869) est le principal introducteur du krausisme
en Espagne. Il est une figure centrale de la modernisation intellectuelle
du pays.
Giner
de los RÃos.
Francisco Giner
de los RÃos (1839-1915), disciple de Sanz del RÃo, a joué un rôle déterminant
dans la modernisation de l'éducation en Espagne en éténat le fondateur
de la Institución Libre de Enseñanza (1876), une institution pédagogique
inspirée par le Krausisme et qui promeut une éducation laïque, scientifique
et progressiste.
Salmerón.
Nicolás Salmerón
(1838-1908) est l'un des principaux philosophes espagnols a intégrer l'approche
positiviste dans ses réflexions sur la science et la politique.
Castelar.
Emilio Castelar
(1832-1899), orateur, homme politique et philosophe positiviste, a défendu
la République et les idées progressistes.
Menéndez
Pelayo.
Marcelino Menéndez
Pelayo (1856-1912) est un historien de la pensée espagnole et critique
du Krausisme et du positivisme. Il a défendu la tradition catholique et
la philosophie espagnole classique.
Les Générations
de 1898 et de 1914.
La défaite de l'Espagne
face aux États-Unis en 1898 (perte de Cuba, Porto Rico et des Philippines)
provoque une crise identitaire et intellectuelle. La Generación
del 98 rassemble des écrivains et des penseurs qui s'interrogent
sur le déclin de l'Espagne et cherchent à redéfinir son rôle dans le
monde. La Generación del 14 est
moins tournée vers le passé et mettant l'accent sur la science, la raison
et l'éducation et prône l'ouverture à la modernité européenne.
Unamuno.
Miguel
de Unamuno (1864-1936), un des penseurs les plus importants de la Génération
de 98, aborde des thèmes comme la foi, le doute et l'immortalité.
Son existentialisme personnel et angoissé
aborde des thèmes comme la foi, le doute, la mort, l'immortalité et l'"intrahistoire"
espagnole. Son oeuvre Le Sentiment tragique de la vie (1912) est
un classique de la philosophie existentielle religieuse.
Machado.
Antonio Machado
(1875-1939), bien que principalement poète, Machado exprime des réflexions
philosophiques sur le temps, l'identité et l'histoire.
Ortega
y Gasset.
José
Ortega y Gasset (1883-1955), figure majeure de la Génération de 14,
est un philosophe central du XXe siècle.
Dans La Révolte des masses (1930), il analyse les effets de la
modernité et de la montée de la société de masse. Son concept de ratiovitalisme
cherche à unir raison et vie et sera approfondi par Manuel GarcÃa Morente
(1886-1942).
La période de
la Guerre civile et du Franquisme (1930-1975).
La Seconde République
espagnole (1931-1939) est une période de grandes réformes sociales et
politiques, mais elle est suivie par une guerre civile (1936-1939). La
dictature franquiste (1939-1975) impose un régime autoritaire et catholique,
limitant la liberté d'expression philosophique. Pendant la guerre civile,
de nombreux intellectuels prennent position, souvent en faveur de la République.
Sous le franquisme, les idées progressistes et libérales sont réprimées,
mais une philosophie de résistance et de critique se développe, souvent
de manière clandestine ou indirecte. L'héritage d'Ortega y Gasset continue
d'influencer la pensée philosophique, notamment chez les exilés
Gaos.
José Gaos (1900-1969),
philosophe exilé au Mexique après la guerre civile, développe une réflexion
sur l'exil et l'identité.
Menendez
Pidal.
Ramón Menéndez
Pidal (1869-1968) , linguiste et penseur, questionne les racines culturelles
et historiques de l'Espagne.
Zubiri.
Xavier Zubiri (1898-1983)
est un élève d'Ortega y Gasset, influencé par la phénoménologie et
la philosophie de la nature. Il développe une pensée originale autour
de l'ontologie et de la métaphysique. Dans des oeeuvres comme Inteligencia
sentiente, il étudie la relation entre la raison, la perception et
la réalité et développe une philosophie de la réalité complexe et
novatrice.
Zambrano.
MarÃa Zambrano
(1904-1991), philosophe exilée après la guerre civile, élabore une profonde
pensée poétique et existentielle, centrée sur des thèmes comme l'exil,
la mémoire, et le rôle de l'art et de la religion. Ses oeuvres, comme
El
hombre y lo divino, la placent parmi les figures majeures du
XXe siècle.
Aranguren.
José Luis López
Aranguren (1909-1996) est un philosophe éthicien, représentant
de l'existentialisme chrétien. Il critique le conservatisme franquiste
tout en abordant des thèmes sociaux et politiques, ainsi que les.thèmes
de la morale, de la liberté et de l'engagement.
Histoire de la philosophie
espagnole
depuis 1975
La transition démocratique
(1975- années 1980)
La mort de Franco
en 1975 et la transition démocratique marquent une période de libéralisation
politique et culturelle. Les universités espagnoles, désormais plus libres,
deviennent des lieux de débats intellectuels. L'Espagne s'ouvre davantage
aux courants philosophiques européens et internationaux, notamment l'existentialisme,
la phénoménologie, le structuralisme et la philosophie analytique.
La philosophie espagnole s'enrichit aussi en intégrant des perspectives
variées, allant du marxisme au pragmatisme.
Savater.
Fernando Savater
(né en 1947) popularise des thèmes éthiques et politiques dans des oeuvres
accessibles comme Éthique à l'usage de mon fils. Il réfléchit
aux bases éthiques et politiques d'une société démocratique et défend
un humanisme rationaliste et engagé.
Muguerza.
Javier Muguerza
(1936-2019) joue un rôle clé dans l'introduction de la philosophie
analytique et des débats sur la méthodologie philosophique en Espagne.
La philosophie
contemporaine (des années 1990 à nos jours).
L'intégration de
l'Espagne dans l'Union européenne (1986)
renforce son ouverture culturelle et intellectuelle. La mondialisation,
les avancées technologiques, et les défis environnementaux influencent
les débats philosophiques. La philosophie espagnole se diversifie, avec
des penseurs contribuant à des champs variés comme l'éthique, l'esthétique,
la politique et la philosophie des sciences. Les domaines de prédilection
des philosophes espagnols contemporains peuvent se ranger sous quatre chapitres
principaux :
• Éthique
et philosophie politique. - Les droits humains, la démocratie,
et la justice sociale. La bioéthique
et les dilemmes contemporains en matière de médecine et de technologie.
• Philosophie
de la mémoire. - Avec de débats sur la mémoire
historique, en lien avec la guerre civile et le franquisme.
• Philosophie
des sciences et technologie. - Réflexions sur l'intelligence
artificielle, la société numérique, et les impacts technologiques.
• Défis écologiques.
- Philosophie environnementale et réflexion sur le changement
climatique.
Quelques philosophes
espagnols contemporains.
-
•
Emilio
Lledó (né en 1927), philosophe et essayiste, a abordé des questions
liées à la philosophie du langage, à l'éducation et à la pensée antique.
•
Javier Sádaba
(né en 1940), philosophe et éthicien, s'est concentré sur la philosophie
morale et éthique. Il a écrit sur des sujets tels que l'éthique médicale
et la bioéthique.
•
Antonio
Escohotado (né en 1941), philosophe et sociologue, a abordé des questions
liées à la drogue, la liberté individuelle et la politique. Son Historia
general de las drogas est une étude exhaustive de l'histoire des drogues.
•
Victoria Camps
(née en 1941), philosophe morale et politique, a écrit sur l'éthique,
la bioéthique, la démocratie et les droits humains. Elle a également
été impliquée dans des débats publics sur la société espagnole contemporaine.
•
Manuel Reyes
Mate (né en 1942), philosophe et essayiste, a travaillé sur
des questions de mémoire, de violence, et de droits humains. Son oeuvre
porte sur la philosophie politique.
•
Celia Amorós
(née en 1944), philosophe, a joué un rôle majeur dans le développement
de la philosophie féministe en Espagne. Ses
travaux portent sur le genre, la féminité et le féminisme. |
•
José
Ortega Cano (né en 1943), philosophe et sociologue, a travaillé sur
la théorie sociale, la philosophie de l'éducation et les questions éthiques.
Il a également été impliqué dans la promotion des droits humains.
•
Adela Cortina
(née en 1947) , philosophe éthicienne, a contribué à la philosophie
morale et politique. Elle a travaillé sur des questions d'éthique appliquée,
éthique économique et sociale, de justice sociale et de droits humains.
Voix importante dans le débat éthique en Espagne.
•
Daniel Innerarity
(né en 1959), philosophe et sociologue, a travaillé sur la démocratie,
la mondialisation et la gouvernance. Ses travaux ont analysé la complexité
de la société contemporaine.
•
Jordi
Pigem (né en 1960), philosophe, écrivain et conférencier, a étudé
des thèmes tels que la spiritualité, l'écologie et la philosophie orientale.
Il a écrit sur la nécessité de repenser notre relation à la nature
et à la technologie.
•
Javier Gomá
Lanzón (né en 1965), philosophe et essayiste, a écrit sur des sujets
variés, allant de la culture et de l'éducation à la philosophie politique.
Sa TetralogÃa de la ejemplarida et sa FilosofÃa mundana
ont suscité une attention particulière.
• Manuel Cruz
(né en 1951) travaille sur la mémoire historique, l'identité et la philosophie
de l'histoire. |
|
|