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Kinshasa

Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), dans l'ouest de la RDC, en face de Brazzaville, la capitale de la République du Congo, de l'autre côté du fleuve Congo. Les deux villes, séparées par le fleuve, sont les deux capitales les plus proches du monde, à environ 5 km l'une de l'autre. C'est la plus grande ville du pays et l'une des plus peuplées d'Afrique. Située sur les rives du fleuve Congo, elle est le centre politique, culturel et économique du pays. 

La ville est construite en partie sur des collines et des plateaux, et elle s'étend sur une vaste plaine inondable. Le climat de Kinshasa est tropical, avec deux saisons principales : une saison sèche (de mai à septembre) et une saison des pluies (d'octobre à mai). Les températures sont élevées toute l'année, et l'humidité est également importante, notamment pendant la saison des pluies.

Kinshasa est aussi une métropole importante dans le domaine culturel. La ville est réputée pour sa musique, notamment la rumba congolaise et la culture de la sape (= société des ambianceurs et des personnes élégantes), qui valorise un style vestimentaire élégant et sophistiqué. La rumba congolaise, qui a ses racines dans les musiques africaines et afro-cubaines, est devenue un symbole de la culture congolaise et a une influence régionale importante.
 

La sape à Kinshasa

L'histoire de la sape et des sapeurs à Kinshasa est profondément enracinée dans l'histoire sociale, culturelle et politique de la RDC. Elle ne se résume pas simplement à une mode vestimentaire, mais constitue un véritable phénomène culturel, un mode de vie, et une forme d'expression identitaire complexe et évolutive.

Les racines de la sape remontent à l'époque coloniale belge. Au début du XXe siècle, les colonisateurs belges employaient des Congolais comme domestiques et leur offraient parfois des vêtements usagés de style européen comme forme de gratification ou de distinction. Ces domestiques, souvent issus des classes populaires, ont commencé à s'approprier ces vêtements, mais pas seulement dans leur fonction utilitaire. Ils ont commencé à les modifier, à les adapter, à les porter avec une certaine ostentation, créant une rupture avec l'uniformité vestimentaire coloniale et une forme de réappropriation de la culture européenne imposée. Cette appropriation n'était pas une simple imitation, mais une réinterprétation, une subversion des codes vestimentaires occidentaux.

Après l'indépendance du Congo en 1960, la sape a continué à se développer, se transformant et se complexifiant. Dans un contexte de bouleversements sociaux et politiques, elle est devenue un moyen pour certains Congolais de se distinguer, d'affirmer leur individualité et leur réussite sociale, même si cette réussite était souvent plus symbolique que réelle. La sape s'est épanouie dans les quartiers populaires de Kinshasa, devenant un spectacle de rue, une performance quotidienne. Les sapeurs, ces adeptes de la sape, ne se contentent pas de porter des vêtements de marque, ils les mettent en scène, ils les combinent avec audace et créativité, ils suivent des codes stricts et non écrits.

Les années 1970 et 1980 ont marqué l'âge d'or de la sape à Kinshasa, coïncidant avec l'essor de la musique congolaise, notamment la rumba. Des figures emblématiques comme Papa Wemba, considéré comme le roi de la sape, ont joué un rôle crucial dans la popularisation et la codification de ce mouvement. Papa Wemba, avec son groupe Viva la Musica, a élevé la sape au rang d'art, la liant inextricablement à sa musique et à son image. Il a incarné l'idéal du sapeur, voyageant régulièrement à Paris pour rapporter les dernières tendances et les marques prestigieuses. La sape est ainsi devenue un pont entre Kinshasa et Paris, entre la culture congolaise et la culture européenne, mais toujours avec une touche congolaise, une exubérance et une théâtralité propres à la sape.

La sape ne se résume pas à l'accumulation de vêtements de luxe. Il y a un véritable art de l'assemblage, de l'harmonie des couleurs, du choix des matières. Le sapeur recherche l'originalité, l'élégance, mais aussi l'effet spectaculaire. Il y a des codes, des règles implicites concernant les marques à privilégier (souvent des marques françaises ou italiennes), les coupes de vêtements, les accessoires. La sape est une forme de langage, un moyen de communiquer son statut social, ses aspirations, sa personnalité. C'est aussi une forme de compétition amicale entre sapeurs, chacun cherchant à surpasser l'autre en terme d'élégance et d'originalité. Les "moyens" (les vêtements) sont importants, mais l'attitude, la "griffe", le "look" sont tout aussi essentiels. Le sapeur se doit d'être impeccable, soigné, digne.

Au-delà de l'aspect vestimentaire, la sape est aussi un art de vivre, une philosophie. Elle prône des valeurs comme le respect, la dignité, la propreté, la non-violence. Contrairement à une perception parfois simpliste qui la réduit à une simple exhibition de richesse, la sape est souvent vécue comme une forme de résistance culturelle, une manière de se réapproprier un espace de liberté et de créativité dans un contexte social et économique souvent difficile. Dans un pays marqué par la pauvreté et l'instabilité politique, la sape offre une échappatoire, un rêve, une manière de se sentir important et valorisé.

Aujourd'hui, la sape continue d'exister à Kinshasa, bien qu'elle ait évolué et se soit adaptée aux changements de la société congolaise et aux tendances de la mode mondiale. Elle reste un phénomène culturel important, un symbole de l'identité et de la créativité congolaise. Elle continue d'inspirer des artistes, des designers, et de fasciner au-delà des frontières du Congo. La sape est une histoire vivante, une histoire qui se réécrit constamment, mais qui garde toujours en son cÅ“ur cette volonté de se distinguer, de s'affirmer, et de célébrer la beauté et l'élégance, même dans un contexte parfois difficile. 

Histoire de Kinshasa.
Kinshasa fut fondée en 1881 sous le nom de Léopoldville par l'explorateur Henry Morton Stanley, qui agissait au nom du roi Léopold II de Belgique. La ville servait de base pour l'exploitation des ressources naturelles du Congo, notamment l'ivoire et le caoutchouc, exploités avec des méthodes particulièrement brutales pendant la période de l'État indépendant du Congo (1885-1908). Léopoldville devint ensuite une partie de la colonie du Congo belge lorsque la Belgique prit officiellement le contrôle du territoire en 1908. La construction du chemin de fer entre Léopoldville et Matadi, un port situé à environ 300 km en aval, fit de la ville un carrefour commercial important. Dans les années 1920, Léopoldville commença à s'étendre et à se moderniser, avec la construction d'infrastructures telles que des routes, des hôpitaux et des écoles.

En 1960, la République démocratique du Congo obtint son indépendance de la Belgique. Léopoldville devint alors la capitale du nouvel État indépendant. En 1966, le président Mobutu Sese Seko, dans le cadre de sa politique d'authenticité visant à promouvoir la culture congolaise et à rompre avec le passé colonial, rebaptisa la ville Kinshasa, du nom d'un ancien village local. Sous le régime de Mobutu (1965-1997), Kinshasa connut une expansion urbaine rapide et devint un centre de pouvoir autoritaire. Mobutu établit une dictature et entreprit plusieurs grands projets de construction, bien que la plupart ne furent pas achevés en raison de la corruption et de la mauvaise gestion. Le pays, alors appelé Zaïre, fut marqué par une politique de répression et de contrôle de l'opposition.

En 1997, après des décennies de régime autoritaire et de déclin économique, Mobutu fut renversé par Laurent-Désiré Kabila, soutenu par une coalition régionale. La prise de pouvoir de Kabila inaugura une période de conflits armés intenses, avec les deux guerres du Congo (1996-1997 et 1998-2003), qui impliquèrent plusieurs pays africains et causèrent des millions de pertes humaines. Depuis la fin officielle de la deuxième guerre du Congo en 2003, Kinshasa est en cours de reconstruction et reste le coeur économique, politique et culturel de la RDC. Cependant, la ville fait face à de nombreux défis, notamment la surpopulation, le manque d'infrastructures adéquates, la pauvreté et les tensions politiques.

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Dictionnaire Villes et monuments
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