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Évian-les-Bains
Évian-les-Bains est une ville située dans l'est de la France, en région Auvergne-Rhône-Alpes, dans le département de la Haute-Savoie. Elle se trouve sur la rive sud du lac Léman, face à la ville suisse de Lausanne, et bénéficie ainsi d'un cadre naturel exceptionnel entre le lac et les montagnes du Chablais. Son altitude varie entre 372 mètres, au niveau du lac, et environ 700 mètres dans les hauteurs, offrant des panoramas remarquables sur les Alpes et les eaux du Léman.

La ville s'étend sur une superficie d'environ 4,3 km² et possède un relief marqué par une pente douce qui descend vers le lac. Cette configuration géographique influence son urbanisme, avec des ruelles en terrasses et de nombreux escaliers reliant les différentes parties de la ville. Son climat est de type montagnard tempéré, caractérisé par des hivers relativement froids et humides et des étés doux, bénéficiant de l'influence régulatrice du lac Léman qui atténue les écarts de température.

Évian est mondialement connue pour ses sources d'eau minérale, dont la plus célèbre est l'eau d'Évian, exploitée et commercialisée à grande échelle. Ces sources naturelles, qui jaillissent au pied des montagnes, doivent leur pureté et leur composition minérale à un long processus de filtration à travers les roches glaciaires des Alpes. Le site thermal de la ville, avec ses établissements de bien-être et de cure, est un élément central de son attractivité touristique.

Les infrastructures de transport d'Évian permettent une bonne connexion avec la Suisse voisine et les autres villes françaises. Elle est desservie par une ligne ferroviaire reliant Annemasse et Genève, ainsi que par un service de bateaux reliant Lausanne en moins d'une heure. Les routes départementales et les autoroutes permettent également un accès rapide aux grandes agglomérations comme Thonon-les-Bains et Annecy. Enfin, la ville profite de sa proximité avec les stations de ski des Alpes, faisant d'elle une destination prisée à la fois pour le tourisme thermal et les activités de plein air.

Histoire d'Évian-les-Bains.
Évian-les-Bains trouve ses origines à l'époque romaine, bien que peu de traces archéologiques attestent d'une occupation importante à cette période. Son développement est véritablement attesté au Moyen Âge, lorsqu'elle devient un petit bourg dépendant des seigneurs de la région du Chablais. Située sur la rive sud du lac Léman, elle bénéficie d'une position stratégique sur les routes commerciales reliant la Savoie à la Suisse. Au fil des siècles, la ville reste un modeste village de pêcheurs et d'agriculteurs, vivant principalement du commerce local et des échanges avec les rives voisines du lac.

L'histoire d'Évian connaît un tournant majeur à la fin du XVIIIe siècle avec la découverte des propriétés bienfaitrices de ses sources d'eau minérale. En 1789, un certain marquis de Lessert, souffrant de troubles rénaux, affirme avoir été guéri après avoir consommé l'eau d'une source située sur la propriété de Monsieur Cachat. Cette découverte marque le début de la réputation thérapeutique de l'eau d'Évian et entraîne rapidement l'essor de la ville en tant que station thermale. Au XIXe siècle, sous l'impulsion du développement du thermalisme en Europe, Évian devient une destination prisée par l'aristocratie et la bourgeoisie française et européenne. De grands hôtels, un casino et des établissements de cure sont construits, transformant la ville en un lieu de villégiature réputé.

Au début du XXe siècle, Évian confirme son statut de station thermale internationale, attirant de nombreuses personnalités du monde politique et artistique. L'essor du tourisme thermal entraîne la modernisation des infrastructures et l'aménagement du front de lac. En 1938, la ville accueille la Conférence d'Évian, organisée par la France pour discuter du sort des réfugiés juifs fuyant l'Allemagne nazie, mais les pays participants ne parviennent pas à se mettre d'accord sur des quotas d'accueil, laissant ainsi de nombreuses personnes sans solution face à la montée des persécutions.
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La Conférence d'Évian (1938)

La Conférence d'Évian s'est tenue du 6 au 15 juillet 1938 à Évian-les-Bains. Elle a été organisée à l'initiative du président américain Franklin D. Roosevelt pour discuter du sort des réfugiés juifs fuyant l'Allemagne nazie et l'Anschluss de l'Autriche. Face à la montée des persécutions antisémites orchestrées par le régime hitlérien, de nombreux Juifs cherchaient à émigrer, mais se heurtaient à des politiques restrictives d'immigration dans de nombreux pays.

Trente-deux nations ont participé à la conférence, ainsi que plusieurs organisations non gouvernementales. Les discussions portaient sur la possibilité d'augmenter les quotas d'immigration pour accueillir ces réfugiés, mais la plupart des pays présents ont refusé de modifier leurs politiques. Les États-Unis et la Grande-Bretagne, bien que préoccupés par la situation, n'ont pas pris d'engagement concret, et le mandat britannique en Palestine est resté fermé à une immigration juive de grande ampleur. La France et les Pays-Bas, déjà confrontés à un afflux de réfugiés, ont exprimé leurs limites d'accueil. L'Australie et le Canada ont également refusé d'ouvrir davantage leurs frontières, tandis que seule la République dominicaine s'est déclarée prête à accueillir un certain nombre de réfugiés.

L'échec de la Conférence d'Évian a démontré l'absence de volonté politique internationale pour venir en aide aux Juifs persécutés. Ce manque de solidarité a été perçu par l'Allemagne nazie comme une confirmation que personne ne souhaitait accueillir les Juifs d'Europe, ce qui a contribué à la radicalisation de la politique antisémite du régime. Quelques mois après la conférence, la Nuit de Cristal, en novembre 1938, marqua une intensification des violences contre les Juifs en Allemagne et en Autriche (L'Holocauste).

La Conférence d'Évian est aujourd'hui considérée comme un moment clé où la communauté internationale aurait pu agir pour sauver des vies, mais où elle a failli à cette responsabilité. Elle illustre la réticence des nations à faire face à la crise humanitaire et met en lumière l'impact de politiques migratoires restrictives dans des contextes de persécution.

Après la Seconde Guerre mondiale, Évian poursuit son développement en s'adaptant aux nouvelles formes de tourisme et en renforçant la commercialisation de son eau minérale, qui devient l'un des produits emblématiques de la ville. En 1962, elle est à nouveau au centre de l'histoire en accueillant les négociations ayant conduit aux accords d'Évian, mettant fin à la guerre d'Algérie et officialisant l'indépendance du pays. Aujourd'hui, Évian-les-Bains demeure une destination prisée pour le tourisme de bien-être et le thermalisme, tout en conservant son prestige lié à la renommée mondiale de son eau minérale.
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Les Accords d'Évian (1962)

Les Accords d'Évian, signés le 18 mars 1962 entre le gouvernement français et le Front de Libération Nationale (FLN), ont marqué la fin de la guerre d'Algérie et ouvert la voie à l'indépendance de l'Algérie. Ces négociations, qui se sont déroulées à Évian-les-Bains, avaient pour objectif de mettre un terme à un conflit qui durait depuis 1954 et qui avait causé des centaines de milliers de morts. Après plusieurs tentatives infructueuses de dialogue entre les autorités françaises et les représentants nationalistes algériens, les discussions ont véritablement abouti en 1961, sous l'impulsion du général De Gaulle, alors président de la République française, qui reconnaissait la nécessité d'une solution politique au conflit.

Les accords prévoient un cessez-le-feu immédiat à partir du 19 mars 1962, ainsi qu'un référendum d'autodétermination en Algérie, qui devait permettre à la population de choisir son avenir. Ils garantissent également la protection des droits des populations européennes d'Algérie, appelées pieds-noirs, ainsi que ceux des Algériens restés fidèles à la France, notamment les harkis. En échange, la France obtient des garanties sur le maintien de ses intérêts économiques et militaires, dont l'exploitation des ressources pétrolières du Sahara et le maintien temporaire de bases militaires sur le territoire algérien.

Le 1er juillet 1962, le référendum aboutit à une écrasante victoire du « oui » à l'indépendance, avec plus de 99 % des voix en faveur de la souveraineté algérienne. L'indépendance de l'Algérie est officiellement proclamée le 5 juillet 1962. Toutefois, la mise en application des accords d'Évian fut marquée par de nombreuses violences, notamment contre les pieds-noirs et les harkis, dont beaucoup furent contraints de fuir en métropole pour échapper aux représailles. Parallèlement, l'Organisation de l'Armée Secrète (OAS), opposée à l'indépendance, multiplia les attentats en Algérie et en France dans une tentative désespérée de maintenir la présence française en Algérie.

Les Accords d'Évian ont ainsi marqué la fin de 132 ans de présence coloniale française en Algérie et restent un moment clé de l'histoire contemporaine des deux pays. Si leur signature a permis d'officialiser l'indépendance de l'Algérie, leur application a laissé des séquelles profondes, notamment chez les populations déplacées et les anciens combattants des deux camps. Aujourd'hui encore, ils continuent de susciter des débats et des tensions mémorielles entre la France et l'Algérie.

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Dictionnaire Villes et monuments
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