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Anet. (Anetum) est une commune de France, dans le département de l'Eure-et-Loir, entre l'Eure et la Vesgre, auprès de la forêt de Dreux; à 16 kilomètres au Nord-Est de Dreux; population : 2830 habitants en 2014. Elle est surtout célèbre pour le charmant château qu'y fit construire Henri II, entre 1548 et 1552, pour Diane de Poitiers, par Philibert et Jean Delorme (De Lorme ou de L'Orme). - Le château d'Anet. Le portail d'entrée, le château actuel et, à droite, la chapelle. La ville d'Anet. Son origine est fort ancienne. L'emplacement d'Anet, au milieu d'une très belle vallée arrosée de deux rivières, l'Eure et la Vesgre, fut une des causes qui y amenèrent dans les premiers temps quelques habitants. Des populations d'origine différente ont habité cette contrée. Ce furent d'abord les Gaulois, ensuite les Romains après l'envahissement de la Gaule, les Francs, puis les Normands et les Anglais, et en dernier lieu les Français, qui chassèrent ces derniers (La Guerre de cent ans). Sous les Gaulois, Anet faisait partie du territoire des Carnutes, nom d'un peuple qui occupait la contrée entre Chartres, Blois et Orléans. Ces pays étaient alors presque entièrement couverts de forêts; Anet était tout près de la forêt d'Yveline, une des plus grandes de la Neustrie. Sous les Mérovingiens, les forêts s'éclaircirent; la cité de Chartres, plus peuplée, se divisa en plusieurs cantons ou pays (pagi), gouvernés chacun par un comté. On sait que les villes anciennes, chefs-lieux des cités romaines, ne faisaient pas partie des pagi; elles s'administraient elles-mêmes au nom des rois mérovingiens, à la façon des villes impériales au nom de l'Empereur, et étaient gouvernées par des consuls, ou par un sénat, ou par l'évêque. Les pagi ne comprenaient pas les vici et les châteaux d'alentour, dont les habitants n'avaient pas droit de cité, d'où est venu pour les gens de la campagne le nom de paysans. Les textes anciens mentionnent comme ayant été démembrés de la cité chartraine les pays suivants : Pagus Carnotensis, - le pays Chartrain;Un pagus se forma aux dépens des cités de Chartres et d'Évreux, le pagus Madriacensis, le pays de Madrie; c'est dans ce pays qu'Anet commença à se peupler. Le pays de Madrie est nommé dans les chartes depuis le milieu du VIIIe siècle jusqu'à la fin du Xe. L'invasion des Vikings l'a privé de quelques-unes de ses places, et c'est probablement à l'époque de cette invasion qu'il aura été démembré. En 1444, on trouve Anet indiqué comme faisant partie du Pays chartrain. --
Depuis l'époque incertaine où l'élection de Dreux a été instituée - les plus anciennes remontent à Jean le Bon -, Anet faisait partie du Drouais et était compris dans l'élection de Dreux. Sous les derniers temps de la monarchie, Anet faisait partie du Mantois. D'après Guérard, le pays de Madrie s'étendait entre la Seine, l'Eure et la petite rivière de Vaucouleurs, jusqu'aux villages de Cailly et de la Croix-Saint-Leufroy au nord, jusqu'à celui de Sivry-la-Forest et de Prunay-le-Temple à l'est, de Faverolles au sud, de Gille et de Saussay à l'ouest, prenant dans le département d'Eure-et-Loir une partie des cantons d'Anet et de Nogent-le-Roi. En décembre 1192, Philippe-Auguste, roi de France, par lettres patentes datées d'Anet, exempta les habitants d'Anet de tous droits de péage et d'impôts; par d'autres lettres patentes, datées d'Anet en 1205, Philippe-Auguste permet à l'abbé d'Ivry et à l'église (Notre-Dame) de tenir une foire à Ivry la veille et le jour de l'Assomption. La collection des Mémoires des Antiquaires de Normandie contient (tome XVI, 2e partie, page 287) le détail des revenus que le fief d'Anet versait dans les caisses du roi, vers l'année 1204. Ces revenus provenaient des eaux et forêts, des moulins, des pressoirs, des fours, du blé, de l'avoine, d'oeufs de Pâques; ils se soldaient en livres et sous, et en mesures. Au nombre des arrière-fiefs qui relevaient d'Anet étaient les villages de Marcilly, Saussay et Marchefroi.
D'après un état des garnisons du roi en Normandie en 1210, Anet faisait partie de la Normandie à cette époque. Il y est représenté par ses balistes et par son infanterie en ces termes : « Il balistas ad II pedes, et X ad estrif, et II de ligno, et XI loricas, et VII loriculas, et XI galeas, etc... »Le contingent d'Anet était donc de quatorze balistes, onze hauberts, sept haubergeons ou cottes de mailles, et onze casques. Le roi Charles V confirma la concession, qu'avait faite Philippe-Auguste en faveur des habitants d'Anet, par lettres patentes datées du 3 avril 1366. Au Moyen âge, Anet était déjà une ville close et fortifiée de murailles, avec des portes garnies de tours, dont quelques-unes étaient carrées; ces murailles étaient entourées de fossés. Une forte redoute existait au sud, au carrefour des routes de Dreux et de Sorel; ce quartier en porte encore le nom aujourd'hui. Il y avait six portes, dont voici les noms : la porte de l'Huys-de-Fer, de la Geôle, Rabardel, de la Calle, d'Ezy et d'Ivry, et plusieurs poternes. Les fortifications ont été détruites vers 1485. Ruines du premier château d'Anet. Le château d'Anet. Le château d'Anet, classé monument historique depuis 1993 et qui fut un des plus beaux palais de la France, est remarquable à plus d'un titre. Non seulement il est un des chefs-d'oeuvre de la Renaissance française, mais il est unique au monde pour son genre de décoration, qui porte un caractère exceptionnel et tout particulier. Philibert Delorme fut chargé de l'architecture, où il déploya toutes les ressources de son art et de son caractère inventif. Jean Goujon fit les sculptures les plus importantes, et s'y est immortalisé. Jean Cousin, le Vieux peignit les vitraux, qu'il a rendus célèbres sous le nom de grisaille d'Anet.
On remarquera qu'à cette époque un certain nombre des châteaux bâtis en France fut décoré par la colonie d'artistes italiens appelés par François Ier. Diane de Poitiers voulut une oeuvre toute française; elle confia la construction de son château d'Anet à des artistes tous ses compatriotes. Anet n'a pas été le point de départ de cette Renaissance, créée par des Français dès Charles VIII; mais Diane donna lieu de se produire à nouveau, et d'une façon aussi libre que complète, à ce style merveilleux, mélange charmant de la Rome antique et, du plus beau moment de l'Italie moderne, qui restera longtemps l'inspirateur des architectes français. Le château d'Anet, dans son ensemble, formait trois cours à peu près carrées : celle du milieu, la cour d'honneur; celle à droite, la cour de Charles le Mauvais et des Cuisines; enfin la cour de gauche, où étaient le gouvernement et l'orangerie. Derrière ces trois cours était le jardin, vaste parterre divisé en plusieurs compartiments destinés aux fleurs et aux plantes les plus rares de ce temps-là. Ce grand jardin, carré, était entouré d'une très belle galerie à jour; au milieu, au nord, se trouvait une vaste salle de bains; au delà, un parc immense, divisé en plusieurs parties, s'étendait jusqu'à la côte. Au nord-est de la cour de droite et du jardin se trouvaient les écuries et les communs du château; plus au nord, en longeant le parc, se trouvait l'Hôtel-Dieu. A l'ouest de la Cour de gauche se trouve, en avant, la chapelle sépulcrale où est le tombeau de Diane. En arrière de ce monument on trouvait la volière, la héronnière, la capitainerie; le chenil était au bas de l'ancien château fort.
Diane de Poitiers se retira à Anet après la mort du roi en 1559, et y finit ses jours en 1566. Comme le nom de Diane prête à de nombreuses allégories, l'ornementation de ce château n'a été faite qu'avec les chiffres, les attributs, les emblèmes et les devises de la dame du lieu, à laquelle les moindres détails d'ornement faisaient toujours allusion, et de la façon la plus flatteuse. Diane de Poitiers. Diane de Poitiers étant veuve a voulu paraître inconsolable toute sa vie : elle n'a jamais quitté le deuil. La manie de Diane était de vouloir persuader son siècle et la postérité que la perte de son mari était toujours présente à sa mémoire. Ainsi, la plus grande partie des marbres qui entraient dans la décoration étaient noirs; l'architecture des lucarnes et des cheminées était en forme de tombeau; des palmes étaient enlacées avec son chiffre, et la peinture, comme la sculpture, multipliait à l'infini ces mêmes ornements.
D'un autre côté, les chiffres de Diane et de Henri Il, harmonieusement enlacés avec des flèches, des croissants et les deltas de l'alphabet grec, ornaient les chapiteaux des colonnes, les frontons, le dessous des entablements, les frises, le dessus des lucarnes, le pavage, les parquets et les portes, les plafonds, les lambris, les vitraux, les bronzes, les serrures, les verrous, les meubles, les tapis, les tapisseries, les faïences du service de table, et jusqu'aux livres de la bibliothèque. Rien dans la décoration d'Anet n'a été laissé à la fantaisie ou au caprice de l'imagination. Tout dans cette magnifique demeure portait l'empreinte d'une poésie mythologique, en faisant de Diane de Poitiers une véritable déesse, et le château d'Anet était un séjour enchanté. Voici ce qu'en écrivait le Florentin Gabriel Simeoni, lors de son voyage en France en 1557 : Me trouvant près du chemin d'Anet, car de tout temps j'ay esté amateur et curieux d'avoir et veoir toutes choses exquises et rares, je me transportay jusques là, où, il ne fault pas mentir, je fey une conclusion, après avoir tout veu, que la Maison dorée de Neron n'eust sceu estre ni plus riche ni plus belle.Brantôme n'en parle pas avec moins d'éloge : La belle Maison d'Anet, qui devoit servir pour jamais d'une telle decoration à la France qu'on ne peut dire de pareille.Après la mort de Diane le domaine d'Anet échut à Louise de Brézé, l'une de ses filles, mariée avec Claude de Lorraine, duc d'Aumale, puis à leur fils, Charles de Lorraine, l'un des chefs de la Ligue que ses trahisons firent condamner à mort par le parlement. L'arrêt avait ordonné la démolition du château d'Anet, mais il ne fut pas exécuté. En 1615, Marie de Luxembourg, duchesse douairière de Mercoeur, en fit l'acquisition; sa fille, Françoise de Lorraine, le porta en dot à César de Vendôme, fils naturel de Henri IV et de Gabrielle d'Estrées. Ce fut alors que, sous prétexte d'appropriation, il subit les premières mutilations. Il fut ensuite successivement la propriété de la duchesse de Vendôme, de la princesse de Condé, du duc et de la duchesse du Maine, et de leurs deux fils, le prince de Dombes et le comte d'Eu. Celui-ci le vendit à Louis XV avec réserve d'usufruit ; mais, après la mort du comte d'Eu, le roi Louis XVI le céda au duc de Penthièvre qui le possédait au moment de la Révolution et qui le conserva jusqu'à sa mort survenue en 1793. Ce fut alors seulement que le domaine d'Anet fut confisqué et mis en vente. - Eléments architecturaux du château d'Anet. On a coutume d'attribuer au vandalisme révolutionnaire la dévastation et la démolition du château d'Anet; mais c'est à tort. Il était intact en 1798 lorsqu'il fut acquis par les banquiers Ramsden et Herigoyen, et bientôt revendu par eux à un sieur Demonti, qui en commença la destruction méthodique, le vendant morceau à morceau. Quelques débris furent heuseusement sauvés par Al. Lenoir et trouvèrent asile à Paris, au Musée des monuments français (auj. Palais des Beaux-Arts), comme le portail, qui est aujourd'hui encore l'ornement de la cour de l'Ecole des beaux-arts.Lenoir acheta aussi le tombeau de Diane. La démolition se continuait en 1804, lorsque les habitants devinrent tellement hostiles au propriétaire qu'ils l'obligèrent à lâcher prise. Ce fut ainsi que les débris purent être acquis par la fille du duc de Penthièvre et devinrent la propriété du duc d'Orléans, (le futur Louis-Philippe), qui songea à le restaurer; mais, effrayé par la dépense, il le revendit à Passy, receveur général du département de l'Eure, qui n'y vint jamais et aux héritiers duquel l'acheta Adolphe de Riquet comte de Caraman, qui en commença la restauration. Ferdinand Moreau, par la suite syndic des agents de change de Paris, l'acquit de lui en 1880 et poursuivit à grand frais la reconstitution du domaine ainsi que la restauration complète des bâtiments qui subsistaient encore : C'est la porte d'entrée monumentale et ses dépendances, l'aile gauche du château et la chapelle. Copie de la fontaine de Diane. La fontaine de Diane en marbre blanc, dont on peut voir une copie dans la cour des cuisines, au chevet de la chapelle du château d'Anet, est un chef-d'oeuvre de Jean Goujon aujourd'hui au Louvre, où se trouve aussi lebas-relief de bronze que Benvenuto Cellini avait exécuté pour Fontainebleau et qui décorait le tympan de l'entrée monumentale. La décoration de la porte centrale au fond de la cour est, nous l'avons dit, dans la cour de l'École des beaux-arts à Paris. Le portail d'entrée.
L'aile gauche. L'aile gauche du château d'Anet. L'aile gauche, plantée à l'ouest, présente une architecture d'une sobriété du meilleur goût. L'aspect des fenêtres, avec leurs meneaux autrefois de pierre, est magnifique. Toutes les fenêtres du premier étage, décorées de frontons élégants et variés, ont pour base les fenêtres du rez-de-chaussée qui semblent leur servir de piédestal, et sont terminées par de belles lucarnes qui s'élèvent à la hauteur des combles. Tout cet ensemble présente un aspect majestueux et monumental digne d'être particulièrement admiré dans sa simplicité. Ces lucarnes, dont les larges frontons sont décorés des chiffres de Diane découpés à jour, forment chacune un monument, terminé par un croissant posé sur une boule. Dans l'intervalle de ces grandes lucarnes, on en voit d'autres plus petites, terminées par un motif d'architecture en forme de tombeau. La crête dorée, placée au sommet du comble, découpe sur le ciel ses riches arabesques ornées de croissants et termine d'une façon très heureuse l'aspect imposant de ce bâtiment.
Aux angles sont deux tourelles suspendues, pareilles à celles qui étaient à l'extrémité de l'ancien bâtiment de l'aile droite. Entre ces tourelles, qui font face à la place du village, on voit, à la hauteur des combles, une large cheminée ornée d'un grand cartouche sculpté, terminé en haut par une tête ailée, en bas par une tête de biche. Deux amours suspendus tiennent chacun une palme de la hauteur du grand cartouche; entre les palmes se trouve un cartouche plus petit, portant une couronne de comte. En 1683, ce bâtiment avait subi une très grande modification qui lui avait fait perdre son caractère primitif. Le style pur de la Renaissance avait été complément modifié; les meneaux avaient été arrachés des fenêtres, ainsi que les cordons de pierre qui passaient d'une fenêtre à l'autre; les fenêtres du rez-de-chaussée, qui ne descendaient pas jusqu'en bas, avaient toutes été transformées en portes-fenêtres. Au milieu du bâtiment on a plaqué une façade, en bossage au rez-de-chaussée; le premier étage en est décoré par une ordonnance de huit pilastres d'ordre ionique, dont le milieu est orné d'un trophée composé de cuirasses, de casques et de piques enlacés de drapeaux, par allusion aux victoires remportées en Espagne par le duc de Vendôme, alors propriétaire du château d'Anet.
Pour compléter cette décoration de style Louis XIV, les combles ont été exhaussés de près de moitié pour pouvoir augmenter le nombre des appartements, ce qui a nécessité l'addition de seize assises de pierre pour surélever les cheminées. A la hauteur du bas du premier étage, les deux tourelles terminales furent reliées par un passage suspendu, adossé à la muraille; ce couloir a été supprimé en 1842. En 1811, cette aile a été menacée d'être entièrement démolie à la suite des autres bâtiments déjà détruits. La partie qui formait l'avant-corps du bâtiment du fond sur les jardins était jetée à terre, lorsqu'un accident arrivé à un couvreur, chargé de découvrir les combles, est venu arrêter cette oeuvre de destruction. Une gelée ayant glacé les ardoises, le pied lui a manqué, et l'homme, tombé en bas, a été relevé mort. Les habitants d'Anet, mal disposés de voir détruire et disparaître un si beau monument et exaspérés de cet accident, ont manifesté un mécontentement si énergique que le propriétaire en prit la fuite la nuit suivante. C'est à cette circonstance que le château d'Anet a dû l'arrêt de sa destruction, qui n'a plus été reprise.
Dès 1828 on a reconstruit la pointe, pour clore la partie qui était restée béante. Plus tard, en 1842, une restauration assez considérable est venue retirer ce château du néant où il était tombé et a permis d'espérer qu'il allait enfin reprendre son rang parmi les monuments les plus remarquables de France. Une grande partie de ce bâtiment ayant été restaurée a pu être de nouveau habitée, sauf la salle des Gardes et le rez-de-chaussée au-dessous, restés encore dans l'état de dévastation où l'avaient réduit les démolitions. Mais, en 1861, une nouvelle restauration, plus considérable que la première, a définitivement effacé les dernières traces de dévastation occasionnées par les démolitions successives qu'a subies cette magnifique demeure. La pointe de ce bâtiment, complètement refaite, a été reculée. Une fenêtre a été ajoutée pour régulariser la façade, et deux tourelles, semblables à celles de l'autre bout, ont été ajoutées aux angles sur le jardin, ce qui donne au bâtiment un aspect complet et régulier. La chapelle. La chapelle était autrefois accolée à l'arrière de l'aile droite du château. L'entrée de la chapelle, sous le péristyle, est divisée en trois parties, où s'ouvrent trois portes. Celle du milieu, beaucoup plus grande et à deux battants. Ces petites portes donnent entrée à un palier, par lequel on entre dans la chapelle, et à un escalier qui monte sur le dôme. Au sommet, il y a une pyramide étroite et à pans carrés; celle-ci est surmontée d'une boule, composée de cercles sphériques que fait mouvoir une girouette. Cette girouette représente le chiffre de Diane et de Henri Il découpé à jour. En sortant de la pyramide, on arrive sur une terrasse qui fait le tour du dôme. Ce dôme, d'une forme très élégante, est surmonté d'un lanternon formé par une colonnade; une double arcade en fait le pourtour, et le premier rang est porté par des colonnes accouplées d'ordre corinthien. Ce magnifique campanile est surmonté d'un petit dôme, au bas duquel règne une frise formant balustrade, formée des chiffres de Diane et de Henri Il entrelacés, avec un grand nombre de croissants sculptés à jour. Quatre escaliers extérieurs permettent de monter au lanternon, dont on peut faire le tour entre le double entre-colonnement.
L'intérieur de cette chapelle est de forme circulaire; quatre arcades, qui s'ouvrent en arrière du cercle central et forment quatre avant-corps extérieurs, lui donnent la forme d'une croix grecque. Dans ces quatre parties se trouvent : d'abord l'entrée, en face et au fond le maître-autel, et, de chaque côté, deux autels latéraux. Le pied de ces autels est en pierre et orné de quatre consoles portant un dessus en marbre. Ces autels furent consacrés en 1553; en 1779 ils avaient été reconstruits et reçurent une nouvelle consécration; en 1851, après une restauration de la chapelle, dont les autels avaient été détruits en 1799, ils ont été réédifiés de nouveau, mais dans un style moderne, lourd et peu gracieux. Les murs sont ornés de pilastres cannelés d'ordre corinthien; entre les entre-deux des pilastres qui supportent la coupole sont quatre niches, contenant chacune une statue d'Apôtre de grandeur naturelle; on les attribuait à Jean Goujon. Dans les pendentifs, sous les voûtes des arcades, sont sculptés en bas-relief des Anges portant les instruments de la Passion. Au-dessous du milieu de chaque arcade est un panneau sculpté, représentant une draperie tenue aux quatre angles par quatre têtes d'anges ailées. Sur les claveaux des arcades est le chiffre de Diane avec deux deltas, un en haut, l'autre en bas, enlacés par deux branches de laurier. Sur l'archivolte des arcades sont huit renommées ailées, sculptées en bas-relief par Jean Goujon.
Toute la décoration intérieure n'est faite que par des sculptures en bas-relief et sobrement rehaussées d'or; la pierre est restée complètement apparente partout. Cette décoration est le chef-d'oeuvre de Philibert de Lorme et de Jean Goujon. A droite et à gauche du maître-autel sont deux sacristies, décorées à l'intérieur de boiseries. Au-dessus de la grande porte de l'entrée existe une très belle tribune en chêne richement sculpté, donnant de plein pied dans la galerie de Diane au premier étage. Cette tribune est portée par des consoles de pierre. La chapelle est éclairée par trois grandes fenêtres cintrées placées au-dessus des autels du fond des arcades et par les arcades du campanile, qui sont vitrées. Ces fenêtres étaient ornées de vitraux en grisaille, uniques dans leur genre, et créés spécialement pour le château d'Anet. De nouveaux vitraux les remplacent depuis le début du XXe siècle. La chapelle sépulcrale. Elle est située à l'ouest, entre le pavillon du Gouvernement, au dehors des fossés; et le vieux château fort, actuellement les écuries. Commencée vers 1562, elle a été finie en 1576 et ne fut consacrée que le 25 mars 1577; elle est sous l'invocation de la Vierge. C'est un monument d'un beau style, dont l'aspect sévère se rapporte parfaitement bien à sa destination. Le monument est construit en pierre et en brique, mais la façade est entièrement en pierre.
Le sommet de cette façade est formé par un motif pyramidal, composé de trois renommées; deux sont accoudées sur un tombeau et tiennent d'une main une palme et de l'autre une page d'histoire; la troisième, qui est au milieu, mais plus élevée, supporte les armoiries de Diane posées sur le centre du tombeau. Cette brillante composition est admirable. Dans les deux côtés, sur un piédestal, sont places deux beaux vases qui se découpent aussi sur le ciel. La charpente de la toiture, en chêne et en châtaignier, est agencée dans le genre créé par Philibert de Lorme. A un tiers de sa longueur, du côté de la façade, s'élevait jadis un clocher carré avec une grande fenêtre sur chaque face. L'abside, donnant sur la pente des jardins, est, quoique simple, d'une grande pureté et d'une grande tournure comme silhouette. Au-dessus s'élève le pignon postérieur de la chapelle dont la forme triangulaire donne naturellement celle du delta; il est décoré au milieu par un petit cartouche en losange et aux armes de Diane. L'intérieur de la chapelle funéraire était divisé en trois parties à peu près égales. • La première partie, en entrant, était destinée au public admis aux cérémonies religieuses; deux autels y étaient appliqués :au dos d'une partie des stalles; qui faisait cloison et séparait la nef en deux parties; l'un de ces autels était consacré à Notre-Dame, l'autre à saint Jean, et l'on y avait mis leurs statues. Cette espèce de cloison en bois, qui avait au centre, une porte avec un fronton, sommé d'une croix dorée, était formé d'une suite de douze colonnes cannelées, portées sur un piédestal élevé et ayant des statues pour amortissement. Chaque entre-colonnement était fermé par un panneau, sculpté à jour et rehaussé d'or, représentant les armoiries, les emblèmes et les attributs de Diane.A l'entrée du choeur, de chaque côté, existaient deux oratoires isolés. A côté de chacun de ces oratoires existe une petite porte donnant sur un cabinet où se trouve un escalier de pierre et à vis, conduisant d'abord à une tribune au premier étage, et ensuite sur les combles. Ces deux portes, qui se font face, sont ornées d'une décoration architecturale assez élevée et sont terminées par un fronton orné d'un cartouche; au-dessous de ce fronton, une ouverture éclaire la tribune dont nous venons de parler. La chapelle est éclairée de chaque côté par cinq fenêtres, deux dans la nef, et trois au choeur; ces dernières sont surmontées d'un oeil-de-boeuf. Les vitraux étaient peints en grisaille, comme toutes les fenêtres du château. La voûte et les murailles sont décorées par des panneaux de briques, encadrés de bordures en pierre blanche; c'était la construction laissée apparente. Le jour tempéré que laissaient passer les vitraux en grisaille faisait très bien ressortir le magnifique tombeau en marbre noir et blanc, que réchauffait un peu le reflet rouge des surfaces de brique, et dans sa simplicité l'effet de l'ensemble devait être des plus imposants. Ce tombeau était exposé après son acquisition par Lenoir au musée des Petits Augustins, puis à l'Ecole des Beaux-Arts, puis, sous Louis-Philippe, dans le parc de Neuilly, et enfin à Versailles; il a retrouvé sa place à Anet dans les années 1960 (sauf une partie du socle et quelques autres éléments, victimes du temps et de l'incurie), et il contient depuis 2010 les restes de Diane de Poitiers, auparavant inhumée dans le cimetière communal. Ce tombeau se compose d'une statue de Diane, sculptée en marbre blanc, qui la représente à genoux, en grandeur naturelle; statue qui surmonte un sarcophage en marbre noir, supporté par quatre sphinx, et orné d'arcs brisés, de flèches rompues et autres allégories.
Le parc et les jardins. C'est de l'Italie que Philibert de Lorme apprit à composer les jardins, et dans ce sens il constitua un art à part, que plus tard le célèbre Le Nôtre, par son talent merveilleux, a porté à un si haut degré de perfection, et qui consiste à mettre bien en rapport le plan des jardins avec le style des constructions. Ce principe de composition pour les jardins prit le nom de jardins français. Les jardins d'Anet, de Meudon, de Vaux, de Chantilly, de Marly, de Saint-Cloud et surtout de Versailles, l'expression la plus complète de cet art dans lequel Le Nôtre s'est immortalisé. Aujourd'hui les jardins à la française d'Anet ont disparu, mais le parc conserve l'ancien canal, dérivé de l'Eure, qui les parcourait autrefois.(Y. / B. P. Roussel). |
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