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La littérature italienne au XVIIIe siècle |
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![]() | La littérature italienne avait eu une grande influence en France![]() ![]() L'influence de l'école philosophique se lit sentir non seulement dans les idées, mais encore dans le style; les auteurs italiens prirent à l'école de Voltaire cette élégante précision, ce tour vif et heureux de l'école du XVIIIe siècle, et cette imitation alla jusqu'au néologisme. Joseph Baretti, qui avait longtemps voyagé en France César Beccaria, célèbre surtout par les services qu'il rendit à la législation criminelle, entreprit d'exposer la théorie philosophique du style. Le jésuite Xavier Bettinelli se fit le disciple ardent de Voltaire. Melchiore Cesarotti rendit un grand service aux lettres en publiant un Essai sur la philosophie des langues. Enfin François d'Alberti mérite d'être cité pour l'immense entreprise du Dictionnaire universel, critique, encyclopédique. Les idées philosophiques firent aussi leur révolution dans l'histoire, et y introduisirent un esprit de critique plus sévère. Pierre Giannone, dans une Histoire du royaume de Naples, ouvrage plus savant qu'élégant, se fit remarquer par la hardiesse de ses recherches et de ses vues. Louis-Antoine Muratori avec un style plus simple et plus correct, rédigea les Annales d'Italie, où il a fondu les résultats de ses nombreuses recherches critiques. Charles Denina fit, dans un style noble et correct, le Tableau des révolutions d'Italie, suivi du Tableau des révolutions d'Allemagne. Enfin Pierre Verri composa une instructive Histoire de Milan, sa ville. Les Italiens ont toujours plus brillé dans l'histoire littéraire que dans l'histoire civile, au XVIIIe siècle. Le P. Benoît Bacchini, Apostolo Zeno, et le marquis Maffei, donnèrent l'exemple des premiers journaux littéraires : on consulte et on cite encore le Journal des hommes de lettres de l'Italie, et les Observations littéraires. L'histoire littéraire d'Italie Les traducteurs furent plus heureux : la traduction de l'Enéide L'opéra, composé de drame et de musique, fut par cela même conduit à chercher une chemin qui lui soit propre. Au commencement du XVIIIe siècle, la musique avait tellement dominé, que la partie littéraire était complètement sacrifiée; Apostolo Zeno entreprit une réforme devenue nécessaire. Admirateur des Grecs et de la tragédie française, il traita des sujets grecs d'après la méthode classique des grands tragiques français. Le résultat fut que le libretto reprit tellement le dessus dans l'opéra, que la musique fut sacrifiée à son tour. Cependant la réforme de Zeno profita au théâtre, et à Métastase, qui devait le plus illustrer ce genre de composition. Disciple de Zeno, il évita les défauts de son maître; tout en restant fidèle aux traditions françaises et aux sujets tirés de l'histoire grecque La tragédie, abandonnée pour l'opéra, fit de courageux efforts pour se relever. Les premiers écrivains qui reprirent cette route abandonnée furent Delfino Martelli, et le marquis Maffei, dont la Mérope causa une révolution dans l'art dramatique. L'auteur entreprit dans cette pièce d'intéresser ses compatriotes par une nouvelle tragédie qui réunit à la fois le naturel et le pathétique des Grecs, le mouvement et la régularité des Français, sans autre mobile d'intérêt que l'amour maternel. Le succès de Mérope fut immense en Italie, et même en France, où Voltaire, après l'avoir critiquée, lui rendit justice en l'imitant. Entre Maffei et Alfieri, il y eut quelques essais tragiques : les tragédies chrétiennes d'Annibal Marchese et du P. Bianchi; celles assez remarquables que Xavier Pansuti tira de l'histoire romaine Vittorio Alfieri entra dans la carrière littéraire avec un plan de réforme bien arrêté : son dessein fut de réagir contre ce qu'il appelait la corruption du théâtre italien et la mollesse de Métastase. Son système poétique n'avait pas seulement pour but de relever le goût littéraire des Italiens, mais encore de leur rendre le sentiment de la liberté. C'est dans cet esprit qu'il composa principalement Virginie, la Conjuration des Pazzi, le Timoléon, les deux Brutus; Agis, Don Carlos, etc. Alfieri, écrivant pour la réforme morale et poétique de son siècle, avait dû se faire tout un système dramatique; il ramena, autant que possible, son style à la simplicité énergique de Dante, et, dans ses efforts vers le grand, ne sut pas toujours éviter la rudesse. Il se créa une versification nette et forte, simplifia l'action tragique, et développa les caractères aux dépens des événements. Mais, tout en admirant la noblesse des sentiments qu'il exprime, on peut lui reprocher d'avoir trop chargé les ombres de ses tableaux, et représenté ses traîtres trop complètement mauvais. L'entreprise d'Alfieri, d'abord critiquée comme toute réforme, finit par obtenir l'approbation générale, et toute une génération de poètes se forma à son école. Le comte Alexandre Pepoli, frappé des beautés des premières tragédies d'Alfieri, eut le mérite rare de se réformer à son exemple. Il refit les tragédies qu'il avait déjà publiées, et en composa de nouvelles. Dans quelques-unes il reproduisit les mêmes sujets qu'Alfieri avait déjà traités; tels sont l'Agamemnon et le Don Carlos. Jean Pindemonte fut encore plus le disciple des poètes tragiques français que d'Alfieri. Il sacrifiait souvent la profondeur des pensées à l'éclat de la scène. Ses principales pièces sont les Bacchanales, le Saut de Leucade, Agrippine, les Colons de Candie, Geneviève d'Ecosse, etc. La comédie avait été négligée au XVIIe siècle pour l'opéra, et tous les littérateurs du commencement du XVIIIe comprenaient la nécessité de la relever et de le régulariser. Dans ce but Jérôme Gigli traduisit le Tartuffe Toutes ces réformes partielles préparaient la voie à Goldoni. Doué d'un esprit vif et original, d'une grande facilité, il composa 150 pièces où l'on rencontre une étonnante variété d'intrigues, de caractères, et de situations. S'il n'a pas un style très correct, et si ses ouvrages sentent quelquefois la précipitation, on ne peut lui refuser une verve singulière et un grand talent dans la peinture des caractères. Ses principales comédies sont l'Honnête fille, la Bonne femme, le Café, le Chevalier et la Dame, la Paméla, l'Amant militaire, l'Avocat vénitien et le Bourru bienfaisant, cette dernière pièce faite pour le théâtre français. Charles Gozzi vint ravir à Goldoni une partie de sa popularité. Plus habile écrivain que son rival, avec une imagination extravagante, il se plut à composer les pièces les plus romanesques et les plus absurdes; les titres de quelques-unes donneront une idée de sa folle entreprise; ce sont : l'Amour des trois oranges, le Roi cerf, la Dame serpent, le Monstre bleu turquin, le Petit oiseau d'un beau vert, etc. Avec de pareils ouvrages, il trouva néanmoins le moyen de plaire, tant il est vrai que l'important est d'avoir de l'esprit et de la verve comique. Le sonnet, genre cher à l'Italie Les Italiens, si riches en nouvelles versifiées, et qui, au XVIIIe siècle, comptent encore celles de Batacchi et de Costa, eurent de tout temps fort peu de romans en prose; la seule production de ce genre qui se fasse remarquer est le Congrès de Cythère du comte Algarotti, espèce de satire contre les femmes. Le comte Alexandre Verri, érudit très versé dans l'histoire ancienne, publia une Vie d'Erostrate qu'il disait avoir découverte dans un ancien manuscrit, et les Aventures de Sapho où il s'attache à imiter la simplicité élégante des Grecs. Mais l'ouvrage auquel cet écrivain dut principalement sa réputation est celui des Nuits Romaines : ce sont divers entretiens qu'il suppose avoir eus avec les ombres des anciens Romains les plus illustres, et surtout avec celle de Cicéron; il tire de ce sujet des comparaisons ingénieuses entre les institutions de l'ancienne Rome et celles de l'Italie |
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