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Le billard
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Théorie des effets Vocabulaire

Le jeu de billard se joue avec des billes d'ivoire, sur une table à rebord, en forme de carré long, recouverte d'un tapis vert. D'origine orientale, ce jeu a été introduit en Europe vers l'époque des croisades; mais il est probable que ce n'était alors que le jeu de bagatelle, et qu'il subit plus tard des modifications qui l'ont amené à son état actuel. Il se répandit surtout à partir du règne de Louis XI. Tel qu'on le pratique aujourd'hui en France, il ne laisse aucune place au hasard; c'est essentiellement un jeu de précision; il constitue un exercice salutaire et peu violent, agréments qui expliquent la faveur dont il bénéficie. Ce jeu se pratique de différentes manières, dont les principales sont : le carambolage, les quilles, le cazin, la poule, la poule au bouchon, l'impériale (appelée aussi la royale), etc.

La table de billard.
La table de billard consiste en une table rectangulaire ayant une longueur variant de 3,80 m à 2,10 m sur une largeur de moitié, et portée sur des pieds de forte dimension. Les billards de match ont extérieurement une longueur de 3,10 m sur une largeur de 1,55 m, et intérieurement une longueur de 2,85 m ou 86 sur une largeur de.1,425 m, ou 430. Le dessus de cette table, recouvert d'un tapis vert et bien tendu, doit offrir une surface parfaitement horizontale. Il est entouré de quatre rebords que l'on appelle bandes, qui lui servent d'encadrement. Dans sa forme primitive, il était percé de six trous appelés blouses qui étaient placés, quatre aux quatre angles formés par la réunion des bandes, et les deux autres au milieu de la longueur des grandes bandes. 

Trois mouches ou petites marques rondes sont toujours placées sur le billard, l'une entre les deux blouses du milieu, et les deux autres à une certaine distance des petites bandes qui est évaluée au quart de la longueur totale du billard. Elles sont toutes les trois sur une ligne imaginaire, qui est parallèle aux grandes bandes et à une distance égale de chacune d'elles. A hauteur de la mouche du bas, une seconde ligne imaginaire nommée corde est tracée dans toute la largeur du billard. C'est de cette ligne ou même de tout l'espace compris entre la mouche et la bande d'en bas que les joueurs sont obligés de jouer alors qu'ils débutent et toutes les fois qu'ils sont renvoyés au but. A droite, à gauche de la mouche du bas et placées sur la corde se trouvent deux autres mouches sur lesquelles les joueurs doivent placer leurs billes au début de la partie du carambolage. Ces deux mouches circonscrivent également l'espace qu'il est défendu de dépasser au début de la partie. Cet espace se nomme les six pouces

Le quartier est la partie du billard où l'on se place au début de la partie. Il est limité par la corde. Le bas du billard est l'espace compris entre cette ligne et la petite bande qui l'avoisine, l'extrémité opposée s'appelle le haut du billard. Enfin aujourd'hui la plupart des billards n'ont plus de blouses. Les instruments dont on se sert pour jouer sont des billes ou boules d'ivoire et des espèces de bâtons ayant une forme légèrement conique appelées queues, avec lesquelles on pousse ou l'on frappe les billes. Le billard n'est pas seulement une importante pièce de menuiserie, une oeuvre de luxe à laquelle ont travaillé les fondeurs, les ciseleurs, les sculpteurs, mais c'est aussi une oeuvre douée d'une précision mathématique, car il doit réunir dans sa confection trois conditions essentielles : 

a. L'horizontalité de la table s'obtient au moyen du niveau. Autrefois la table était formée de deux châssis en bois déjà éprouvés, très sec et peu susceptible d'absorption quelle qu'elle soit. On formait ces châssis avec de petits carrés de bois de chêne pris au coeur de vieilles poutres provenant de la démolition des édifices. Ces deux châssis, lors de leur mise en place, s'assemblaient au milieu de la longueur du billard au moyen d'une forte languette entrant dans une profonde rainure, et ce point total de réunion reposait sur une traverse. Aujourd'hui on ne fait presque plus de tables en bois, on les fait en fonte, en glace, en marbre, en pierre de Tonnerre et surtout en ardoise. Les parties inférieures du billard telles que traverses, entretoises, piliers, etc., se nomment le bâti.

b. L'immobilité, ainsi que l'horizontalité, s'obtient soit en scellant les supports de la table dans le sol, si l'on est à un rez-de-chaussée, soit en calant ces mêmes supports, moyen abandonné aujourd'hui ainsi que les supports très nombreux, et remplacé par une vis placée sous les quatre ou six pieds de la table. Cette vis, nommée vis calante, peut être mue à volonté; elle sert à corriger les défauts de l'horizontalité, défauts provenant de ce que l'immobilité n'a pas été continue.

c. L'élasticité dépend de la garniture des rebords qu'on nomme alors bandes. Le bois des rebords est garni de longues lisières amoncelées les unes sur les autres, les plus petites en dessous, les plus larges en dessus. Elles  sont recouvertes comme la table du billard d'un drap vert qui autrefois était cloué et qui, aujourd'hui, est maintenu sur l'oeuvre au moyen de la tension simple et de la tension double. Pour que les bandes soient bonnes, elles doivent renvoyer d'un seul rebond la bille d'ivoire qui les rencontre. Aujourd'hui, on fait des bandes, dites bandes américaines, avec des lamettes d'acier ou du caoutchouc. Elles tendent à faire supprimer complètement les bandes de lisière. Les bandes de caoutchouc sont exclusivement employées pour les billards de match. Les bandes métalliques sont un peu plus dures que les bandes de caoutchouc, mais leur rendement est aussi exact.

Historique du billard.
Le mot billard n'appartenait autrefois qu'à l'instrument propulseur de la boule d'ivoire, il s'applique aujourd'hui et à l'appartement où se trouve la table de billard et au jeu qui se joue sur cette table. Ce serait une bien curieuse histoire à faire que celle de ce jeu en le prenant à son origine, en le suivant dans ses modifications successives à travers les siècles, et en le considérant tel qu'il existe de nos jours. Tous les peuples comparaîtraient probablement dans cette histoire à des titres divers; car le jeu de billard est un jeu de boules, et tous les peuples ont joué et jouent encore aux boules, soit sur la terre nue, soit sur un tapis de drap vert : citons l'arpasto des Grecs, le calcio des Italiens, le bandy des Anglais, le chueca des Espagnols, le palcian des Américains du Sud, le mail, des jeux de paume, de nos ancêtres, le croquet et le tennis que nous jouons aujourd'hui et qui ne sont, au fond, que des dérivés du jeu de billard. 

Bille se nomme en latin pila; on peut présumer que bille n'est qu'une corruption du mot pila, et que pila est l'étymologie du mot billard. Quelques étymologistes tout venir le mot billard du vieux mot français billart qui désignait déjà dans le Roman de la Rose un bâton recourbé en forme de crosse avec lequel on poussait et ramenait les billes. On tenait cette masse par le petit bout qui était garni d'ivoire au dos. Il était généralement en bois de gaïac ou de cormier. Le jeu du billard n'est pour nous qu'un jeu de billes ou de boules perfectionné. On ignore à quelle époque il a été inventé, on sait seulement qu'il était déjà assez répandu en France et probablement dans les autres Etats de l'Europe au XVIe siècle. 

Dans un inventaire relatif à Charlotte d'Albret, duchesse de Valentinois (1514), le mot billart est appliqué comme aujourd'hui à une grande table à jeu de billes recouverte d'un tapis vert; au dire d'un chroniqueur de la même époque, un billard faisait partie des meubles de la couronne, et il rapporte que le jour de la Saint-Barthélemy, le jeune roi Charles IX jouait tranquillement au billard lorsqu'il fut averti que nombre de Huguenots fugitifs traversaient ou essayaient, en face le Louvre, de traverser la Seine à la nage, ce qui lui fit aussitôt quitter son jeu pour courir à la splendide et historique fenêtre d'où il arquebusa ses sujets hérétiques. Toutefois le billard ne commença à être répandu que sous Louis XIII; ce souverain fit disposer au palais de Fontainebleau une salle de billard que l'on voit encore aujourd'hui ornée de ses chiffres et de ceux d'Anne d'Autriche.
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Louis XIV jouant au billard.
Louis XIV jouant au billard.

Le billard gagna encore en vogue sous le règne de Louis XIV, à qui les médecins en avaient prescrit l'usage chaque soir, après souper, pour lui éviter de rester assis aux tables du brelan de la cour, et le forcer à prendre un exercice nécessaire pour faciliter ses digestions. C'est à cette circonstance que Chamillard, qui n'était que conseiller au Parlement et qui avait acquis une certaine réputation comme joueur de billard, dut d'être appelé à la cour pour faire la partie de Sa Majesté. Il supplantait le duc de Villeroi qui le premier avait eu l'honneur de faire la partie du grand roi auquel il rendait quatre points. Chamillard, qui jouait trois fois par semaine avec Louis XIV, et qui savait perdre à propos, ne tarda pas à devenir ministre. Ce fut également en jouant au billard avec Chamillard que Samuel Bernard gagna le premier million de sa prodigieuse fortune. 

Les billards du XVIIe siècle offraient beaucoup plus d'étendue que les nôtres. Celui de Louis XIV avait sa table en marbre, et on y jouait avec tout l'attirail d'engins communs à cette époque. La queue que nous avons conservée en la perfectionnant avait pour auxiliaire : 1° le râteau, sorte de fourchette à long manche entre les dents de laquelle, lorsque la bille à pousser était éloignée du joueur, on posait le petit bout de la queue pour lui servir d'appui et donner plus de justesse au coup; le râteau est encore en usage en Angleterre ou il porte le nom de rest; 2° la houlette, grand bâton terminé par une petite pelle creuse garnie d'ivoire à son extrémité, et qui servait à jouer de très loin et sans le secours du râteau; la grande queue suffisamment définie par son nom; 4° la queue dite cadette, tenant comme longueur le milieu entre la longue queue et celle ordinairement employée. 

Le jeu de billard resta pendant longtemps le privilège presque exclusif des gens de cour et de la haute bourgeoisie. Ce ne fut qu'en 1610 que le privilège de tenir billard public fut accordé à des billardiers paulmiers. En 1766, on comptait à Paris soixante-dix maîtres paulmiers, dont treize tenaient des jeux de paulme, et cinquante-sept des billards. Au XVIIIe siècle la partie ordinaire se jouait en seize points et se payait deux sous six deniers au jour et cinq sous à la chandelle. La règle se composait de soixante-quatorze articles, dont plusieurs sont devenus inintelligibles. Des ordonnances, lois et décrets furent souvent rendus sur cette matière et notamment les 8 novembre 1780, 28 juin 1786, 22 juillet 1791, 6 novembre 1812, 3 août 1819 et 7 mars 1838.

Les premiers progrès vers l'usage du billard contemporain se firent pendant la Révolution, époque où l'on éleva les bandes, afin de se servir de grosses billes, ce qui permit l'emploi de la queue, grand bâton de bois dur (ordinairement de frêne), long de 5 à 6 pieds et d'une forme un peu conique. Tous les billards étaient encore à blouses (trous placés aux côtés de la table). De plus, on se servait d'une passe, arceau de fer, dont les branches entraient dans la table, un peu au-dessus de la mouche d'en haut ; on plaçait la bille rouge entre ces branches. Un autre progrès, non moins important, marqua l'époque de la Restauration, pendant laquelle un fameux joueur parisien, nommé Mingot ou Mingaud, inventa le procédé (coup rétrograde ou à revenir); après quoi, l'usage de la queue devint général et fit, en peu de temps, abandonner absolument celui de la masse. Le billard, considéré jusqu'alors comme un jeu vulgaire, devint un art où l'on trouve l'accord parfait du coup d'oeil, de l'adresse et du jugement.
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Billard de Napoléon III.
Billard de Napoléon III, à Saint-Cloud.

L'invention du procédé a produit, on peut le dire, une véritable révolution dans l'art du billard. Avant elle, on ne connaissait que les effets de bandes, c'est-à-dire les effets que, produit une bille en frappant la bande. Après elle, on étudia les effets de billes, qui multiplient, les coups et élèvent le carambolage à la hauteur d'une science. En peu de temps, on abandonna l'usage de la passe et des blouses, et l'on vit disparaître peu à peu les anciennes tables à 6 ou à 4 blouses, qui sont aujourd'hui remplacées; en France du moins, par la table sans blouses ou table à carambolages.

Sous Louis-Philippe, les règlements de police exigeaient que quiconque voulait tenir un billard se munit d'une permission spéciale qui devait être annoncée par une inscription extérieure. Les règles du jeu devaient être affichées dans la salle, et dans Paris il était défendu d'y jouer après onze heures du soir. Toutes ces dispositions ont été modifiées depuis longtemps et les billards se trouvent aujourd'hui répandus partout.

Sous le second empire, les cafés du Grand-Balcon, l'estaminet de Lyon, le café des Mille-Colonnes, le café de l'Opéra, l'estaminet de Paris ont eu comme habitués de valeureux champions qui se sont fait une réputation de joueurs de première force. Paysan, qui a créé la série; Berger, Désiré, Sauret, l'inventeur du coup d'effet à droite et à gauche; Charles, Lucien, Eugène, Romain, Constant Noël, Raymond, Barthélemy, Mingot, Mangin. L'Angleterre, à cette époque, opposait aux Français un joueur d'une rare habileté, Roberts, du club de Manchester, qui gagna une partie restée célèbre dans les annales du billard. Il jouait contre un Américain et l'enjeu était de 25,000 F ; plus de 500,000 F étaient engagés dans des paris faits par des spectateurs qui avaient payé 75 F le droit d'obtenir une place et de former galerie. 

A la fin du XIXe siècle, le jeu de billard était en pleine vogue; Vignaux, qui était à cette époque, le plus fort joueur et qui s'intitulait le champion du monde, battit successivement, dans des parties restées célèbres, les plus forts joueurs d'Europe et d'Amériques; en 1875, il bat Slosson; en 1876, le célèbre Américain William Sexton; en 1879, Garnier, Daly et Piot; en 1880, Slosson vint à Paris et, dans une partie de 4,000 points, disputa à Vignaux la coupe du championnat restée au joueur français qui exécuta une série de 1,531 points; en 1883 et 1884, il battit les Américains Schoeffer et Slosson et fonde au café Mangin, passage des Panoramas, une académie de billard. Schoeffer, de son côté, créa à Boston une académie analogue à celle de Vignaux et de nouveaux paris s'engagèrent entre les joueurs français et américains.

Manière de jouer.
Le joueur doit se poser devant le billard, les deux pieds sur le sol, jambes écartées, la gauche en avant. Il ne touchera le billard que de la main gauche, posée, paume en dessous, à 15 ou 20 cm de la bille. Les bouts des doigts toucheront le tapis et formeront, avec la paume, en se relevant, une sorte d'arche haute d'environ 2,5 cm. Le pouce, relevé, formera alors comme un crochet dans lequel la queue pourra glisser librement.

Il faut que le corps, bien soutenu sur les pieds et solidement appuyé sur la main gauche, se trouve dans un parfait équilibre, afin que le bras droit conserve toute sa liberté d'action et que le joueur évite le coup d'épaule, mouvement brusque et désordonné qui détruit toute précision.

La bille doit se trouver en face du joueur, formant avec son regard la ligne dans la direction de laquelle il a l'intention de l'envoyer. Après avoir pointé la queue en face du point de sa bille, le joueur regarde le but ou la bille qu'il veut atteindre avec la sienne; ensuite il rectifie la position de la queue et même de sa main; et au moment où il frappe, il doit regarder le but et non sa propre bille.

On blâme l'habitude où sont beaucoup de joueurs de se relever aussitôt le coup et de relever, la queue et la main gauche. La préparation inconsciente de ce mouvement est souvent cause que le joueur manque son coup.

Il arrive quelquefois que, sur une grande table, la bille se trouve loin du joueur, au point qu'il .ne puisse s'appuyer sur la main gauche; le remède est alors de jouer avec le gros bout de la queue en guise de masse. Il est préférable d'avoir à sa disposition un visorium, espèce de chevalet formé d'une croix ou d'une plaque de bois ou d'ivoire attachée au bout d'un bâton. Ce chevalet remplace le crochet formé par le pouce. 

Règles générales du billard.
1. Les joueurs ayant choisi et remarqué leurs billes, tirent le billard. Celui dont la bille revient le plus près de la bande du bas, après avoir frappé la bande du haut, a le droit de jouer le premier ou de faire jouer son adversaire avant lui; mais il ne faut pas que sa bille ait touché celle de son adversaire; dans ce cas, il perd l'avantage du coup.

2. Quand on est en main, il faut avoir les deux pieds et le corps dans le billard, c'est-à-dire entre les deux lignes parallèles que formerait le prolongement des grandes bandes.

3. Lorsque l'on est en main, on ne peut sortir du billard pour ajuster sa queue sur la bille sur laquelle on a à jouer.

4. Lorsqu'un joueur aura joué, n'étant pas dans le billard ou en étant sorti pour ajuster sa queue, ou sans avoir un pied par terre, sa bille étant hors du demi-cercle, le coup sera bon pour la perte comme pour le gain; c'est à son adversaire à lui faire observer la règle avant de lui laisser, jouer le coup. Mais si le joueurs joué de cette manière malgré l'observation que lui a faite son adversaire ou la galerie, il perdra, un point et ne pourra tirer avantage du coup. S'il a fait bille, cette bille faite, si c'est la rouge, se remet sur la mouche; si c'est la blanche, elle est en main; dans le cas où il se perdrait, l'adversaire ne compterait pas le point et gagnerait seulement la perte.

5. Lorsqu'une bille se trouvera partager également la raie qui forme le bas, elle sera réputée du bas.

6. Celui qui aura joué la bille de son adversaire sans avoir été prévenu par lui ou par la galerie, fera le coup bon pour la porte comme pour le gain; mais s'il a joué ayant été prévenu, il perdra trois points et ne pourra rien gagner, quoi qu'il ait fait. Les billes resteront où elles seront.

7. Celui qui perd la partie aura le droit de jouer ou de faire jouer son adversaire.

8. Quand un joueur, ayant posé sa main sur le tapis pour jouer son coup, touche mal à propos sa bille, il perdra un point et ne tirera aucun avantage de son coup, si l'adversaire le juge à propos, et les billes resteront ou seront remises à leurs places, suivant le choix de l'adversaire.

9. Le saut est nul, excepté pour la bille du joueur, qui est censée perdue.

10. Si une bille qui saute est renvoyée sur le tapis par une cause indépendante des joueurs, cette bille est réputée dehors.

11. Si la rouge se trouve faite ou hors du billard, et que celui qui doit jouer le coup joue avant qu'elle soit remise à sa place, il perdra un point, et ne pourra tirer avantage de son coup; mais s'il se perd, il ne perdra que sa perte, qui dès lors ne peut être que de deux points s'il a touché; n'ayant pas touché, il en perd trois : la rouge sera remise sur la mouche.

12. Si un joueur, ayant manqué à toucher, dérange quelques billes, il perd, indépendamment du manque à toucher, autant de points qu'il dérange de billes, et ces billes sont remises à leurs places.

13. Lorsque étant en main et voulant jouer sur une bille qui est hors le bas, on en touche une qui se trouve dans cette partie du billard, on perd un point, et la bille touchée, sur laquelle on ne pouvait tirer, est remise à la place qu'elle occupait, et le joueur perd l'avantage de son coup.

14. Quand, venant de jouer, un joueur dérange une des billes avant qu'elle soit arrêtée, il perd trois points, s'il n'a rien fait; s'il a fait des points, ces points seuls comptent à l'adversaire. La bille rouge sera remise sur son point, si c'est elle qui a été dérangée ; si c'est une des billes blanches, elle est en main.

15. Si un joueur dérange les billes après avoir joué son coup, il perdra autant de points qu'il aura dérangé de billes, mais il aura tout l'avantage de son coup. Les billes seront remises à leurs places.

16. Si un joueur souffle sur une bille roulante ou donne au billard quelque impulsion qui puisse lui faire faire un autre effet que celui qu'elle aurait éprouvé, il perdra trois points, et sa bille sera mise en main.

17. Quand la bille d'un joueur est touchée, lorsqu'elle roule et qu'elle n'a point eu de contact avec d'autres billes, par quelqu'un d'étranger à la partie, le joueur recommencera son coup. Si la bille est touchée lorsqu'elle avait eu contact avec une autre bille, la galerie juge où elle devait aller, et cette bille y est placée; si la galerie reconnaît que le joueur aurait fait des points, ces points lui sont comptés, de même que si elle juge qu'il se serait perdu ou qu'il aurait manqué à toucher, l'adversaire compte ces points. 

18. Lorsqu'un joueur queute, c'est-à-dire lorsque la bille sur laquelle il joue reçoit l'impression de son coup de queue en même temps que la sienne, il perd un point, et la bille est, au choix de son adversaire, relevée ou laissée où elle se trouve. Les autres billes ne sont pas dérangées.

19. Le saut étant nul, celui qui fera sauter la bille de son adversaire et carambolera du même coup, comptera deux points; s'il fait la rouge, il en gagnera cinq; si c'est la rouge qu'il a fait sauter et qu'il ait fait la blanche en carambolant, il gagnera quatre points.

20. Quand, un joueur ne jouant plus que pour un point, son adversaire, ne se le rappelant pas, donne un point, ce point ne fera pas gagner la partie, qui sera remise en un point de plus, ou le coup recommencé, au choix de l'adversaire.

21. Si un joueur, étant ajusté pour jouer, est dérangé par quelqu'un, les billes seront remises à leurs places et il recommencera le coup. Il en sera de même d'un joueur qui, ayant déposé sa bille sur le billard, jouera de l'endroit où se trouve sa bille, le coup sera bon, perte comme gain, s'il n'en était pas averti par son adversaire.

22. Si une bille arrêtée sur le bord d'une blouse y tombe avant d'avoir été touchée par celle du joueur, la bille sera remise à sa place, et le joueur recommencera son coup.

23. Quand deux billes touchant l'une à l'autre se trouvent au-dessus d'une blouse, sans y être entrées, elles sont toutes deux réputées dedans.

24. On ne pourra sortir une bille de la blouse avant le coup consommé, c'est-à-dire avant que les billes soient arrêtées; dans, le cas où le joueur se perdrait dans la blouse d'où la bille vient d'être retirée, la perte sera nulle.

25. Il peut arriver que la bille d'un joueur étant faite, le joueur l'ayant retirée de la blouse, la dépose, par inadvertance, sur le billard, et que son adversaire qui continue de jouer, carambole sur cette bille; dans ce cas, le carambolage est bon, perte comme gain, et la bille sur laquelle il a été fait ne peut être retirée du billard.

26. Il n'est permis à aucun joueur de toucher sa bille étant sur le tapis, sous quelque prétexte que ce soit ; s'il la touche il perd un point, et cette bille est remise à sa place.

27. Quand un joueur ne joue plus que pour un point, et que son adversaire lui donne un point par inadvertance, la partie est remise à un point de plus.

28. Lorsqu'un joueur a oublié de compter ses points, que ces points aient été faits par lui, lui aient été rendus par son adversaire, ou soient le résultat de pertes faites par celui-ci, la galerie a le droit de les rappeler sans qu'elle soit interpellée.

29. Celui qui perd la partie a le droit de jouer ou de faire jouer le premier à la partie suivante.

30. S'il arrivait quelque coup qui ne fût pas sur ces règles, le maître du billard, ou le garçon qui le représente, recueillera les voix de la galerie pour le juger: si les- voix se trouvaient partagées, celle du maître ou du garçon, qui doit prévaloir, décidera le coup; les intéressés à la partie ne peuvent donner leurs voix.

31. Lorsque deux billes se touchent, on peut s'éloigner de la bille sans rien perdre, et si on la touche on perd un point. Il est permis de jouer sur l'autre bille; si on carambole, après l'avoir touchée, on comptera deux points.

32. Les parties et les gageures équivoques sont nulles.

33. Dans tous les cas celui qui quitte la partie la perd.

34. Lorsque les joueurs jouent de l'argent, celui qui gagne paie. tous les frais; si le gain n'est pas suffisant, les joueurs paieront le surplus par moitié.

35. Lorsque les joueurs parient avec la galerie, ils ne peuvent faire ensemble, dans le courant de la partie, aucun arrangement ni conventions préjudiciables aux intérêts de leurs parieurs; dans ce cas les paris deviendraient nuls. (L. Pharaon / T. de Moulidars).

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