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On
appelle internalisme l'idée que certains critères, normes ou conditions
d'évaluation se trouvent à l'intérieur de l'esprit ou de la perspective
mentale de l'individu plutôt qu'à l'extérieur.
Epistémologie.
L'internalisme en
épistémologie est une théorie selon laquelle les conditions justifiant
une croyance doivent être accessibles ou introspectivement disponibles
au sujet qui détient cette croyance. Cette position soutient que pour
qu'une personne soit justifiée dans sa croyance, elle doit être en mesure
de comprendre ou de prendre conscience des raisons ou des preuves qui vont
dans le sens de cette croyance. L'internalisme met ainsi l'accent sur la
transparence cognitive et l'accès aux justifications
comme critères essentiels pour évaluer la rationalité épistémique.
Une version stricte
de l'internalisme exige que les justifications soient directement accessibles
à la réflexion consciente du sujet. Selon cette approche, si une personne
ne peut pas identifier les raisons pour lesquelles elle croit quelque chose,
elle n'est pas épistémiquement justifiée. Une version plus modérée,
appelée l'accessibilité faible, accepte que certaines justifications
puissent être indirectement accessibles, par exemple, grâce à des inférences
ou à un effort de réflexion.
Les défenseurs de
l'internalisme affirment qu'il reflète mieux nos intuitions sur la responsabilité
épistémique. Pour qu'une croyance soit rationnellement justifiée, une
personne doit pouvoir évaluer les raisons qui la sous-tendent, ce qui
garantit un certain degré de contrôle sur ses croyances. Cela répond
aussi à des préoccupations sceptiques, en affirmant que seules les croyances
soutenues par des raisons accessibles sont véritablement fiables.
L'internalisme fait
face à plusieurs critiques, notamment celles des externalistes,
qui considèrent qu'il impose des exigences irréalistes sur les capacités
cognitives des sujets. Selon eux, une croyance peut être justifiée même
si le sujet n'a pas un accès conscient à ses bases justificatives, Ã
condition que ces bases soient fiables ou qu'elles découlent de processus
cognitifs appropriés. Cette critique souligne que l'internalisme pourrait
exclure de nombreuses croyances ordinaires comme injustifiées simplement
parce que les sujets ne réfléchissent pas activement à leurs justifications.
Ethique.
L'internalisme en
éthique défend l'idée que les jugements moraux sont intrinsèquement
liés à la motivation. Selon cette position, si une personne affirme qu'elle
a l'obligation morale d'accomplir une certaine action, alors elle doit
être, au moins dans une certaine mesure, motivée à accomplir cette action.
Cette perspective présuppose que les jugements moraux ne sont pas de simples
constats descriptifs, mais qu'ils impliquent une force normative qui influence
les attitudes ou les comportements. L'internalisme s'oppose ainsi à l'externalisme,
qui considère que les jugements moraux et la motivation sont indépendants,
et qu'une personne peut reconnaître une obligation morale sans être nécessairement
motivée à la suivre.
Selon la manière
dont la relation entre les jugements moraux et la motivation est comprise,
il existe en éthique différentes variantes de l'internalisme. Un version
stricte considère la motivation comme découlant automatiquement des jugements
moraux, de sorte qu'une personne qui ne ressent aucune motivation à agir
moralement ne peut pas être considérée comme ayant véritablement fait
un jugement moral. Une version plus modérée reconnaît que des facteurs
tels que des troubles psychologiques ou des déficits informationnels peuvent
expliquer l'absence de motivation, sans pour autant nier le lien conceptuel
entre jugement moral et motivation.
Les partisans de
l'internalisme affirment que leur position reflète l'expérience intuitive
de la moralité, où les jugements éthiques impliquent un appel à agir.
Cependant, cette position a été critiquée pour son caractère trop exigeant,
notamment en ce qui concerne les individus qui, tout en reconnaissant un
devoir moral, ne ressentent pas de motivation correspondante. Les détracteurs
soulignent que des facteurs externes, tels que des considérations pragmatiques
ou l'influence sociale, peuvent intervenir pour relier jugement moral et
action, ce qui irait dans le sens d'une vision externaliste. |
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