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Le Wurttemberg

Le Wurttemberg  (orthographe officielle depuis 1803), auparavant Wurtemberg, primitivement Wirtemberg) était un royaume de l'Empire allemand, le troisième par son étendue, le quatrième par sa population; 49.512 km²; 2.169.434 habitants en 1900. Il était situé dans l'Allemagne méridionale, borné au Sud par le lac de Constance qui le séparait de la Suisse et la principauté de Hohenzollern, au Sud-Ouest, à l'Ouest et au Nord-Ouest par le grand-duché de Bade, au Nord-Est, à l'Est et au Sud-Est par la Bavière. Le territoire auquel il correspondait, réuni à celui de l'ancien grand-duché de Bade forme dans l'Allemagne contemporaine le land de Bade-Württemberg.

Géographie physique. 
Le Württemberg est un pays de petites montagnes et de collines s'étendant sur le Jura souabe, l'Est de la Forêt-Noire et les contreforts Nord des Alpes d'Allgau. Les monts occupent 29%, les collines 46%°, la plaine 25 % seulement de la superficie totale. L'altitude moyenne est de 500 m, plus que double de celle de l'ensemble de l'Allemagne (214 m). Entre le lac de Constance et le Danube, le plateau de Souabe a une altitude de 600 m avec des sommets de 1118 (Schwarze Grat) et 1036 m (Hochkopf). Le point culminant du Württemberg est la Hornisgrinde (1166 m), sommet de la Forêt-Noire sur la frontière badoise; au Sud est le col de Kniebis, voisin de la pittoresque vallée de la Murg. Le Jura souabe ou Alb s'allonge du Sud-Ouest au Nord-Est à travers le Württemberg; il est séparé de la Forêt-Noire par la plaine du Neckar, sur laquelle s'étagent les terrasses de la Basse-Souabe. Au Nord-Est de l'Alb, elles forment de petites falaises, en avant desquelles se détachent des massifs isolés, couronnés par les ruines des burge du Moyen âge (Achalm, 705 m; Hohenstaufen, 683 m; Ipf, 677 m). Le sol du Württemberg comprend d'Ouest en Est, à partir des gneiss, granites et grès rouge de la Forêt-Noire, la série des assises du Trias, du Jurassique et du Tertiaire; dans les terrains triasiques abondent les grandes cavernes à stalactites.

Les cours d'eau majeurs du pays sont : 1° le Neckar, affluent dr. du Rhin, qui y parcourt 280 km et se grossit de l'Enz (g.), de la Fils (dr.), de la Hems (dr.), de la Murr (dr.), de la Kocher (dr.) et de la Jasgt (dr.); 2° le Danube, qui y parcourt 130 km, de Tuttlingen à Ulm, absorbant la Blau (g.) et l'Iller (dr.). Citons encore les tributaires rhénans du lac de Constance, du Nord de la Forêt-Noire (Salzach, Pfinz, Murg et Kinzig) et la Tauber, affluent dr. du Main.

Le climat est assez froid : 8,3°C de moyenne annuelle; la chute d'eau varie de 1.667 m. en Forêt noire à 608 mm à Stuttgart

Les produits minéraux à noter sont les argiles ferrugineuses de l'Alb, les salines du Neckar et de la Kocher (terrain de Muschelkalk), les tourbières de Haute-Souabe, 70 sources minérales, généralement salines, et toute espèce de pierres à bâtir.

Histoire.
Le Württemberg est l'héritier historique de l'ancienne Souabe et se glorifie d'une tradition démocratique presque ininterrompue. Peuplée au temps de César par les Suèves, cette région fut conquise par les Romains au Ier siècle ap. J.-C. Derrière leurs retranchemnents ils la colonisèrent; mais au IIIe siècle les Alamans la reconquirent. Soumis par Clovis, ils suivent la destinée du royaume franc. Le duché de Souabe acheva de se décomposer au XIIIe siècle, quand eurent disparu les Hohenstaufen. La famille de Wirtemberg était de leur clientèle; elle apparaît en 1090 avec Conrad de Wirtinsberc (dérive peut-être du celtique Virodunum), de la famille de Beutelsbach, lequel bâtit sur le Rothenberg, près de Cannstatt, le burg familial. Son fils Louis porte le titre de comte de Wirtemberg. La lignée régulière des comtes n'est toutefois connue qu'à partir d'Ulrich (1241-1265) qui s'agrandit beaucoup au moment du grand interrègne, acquit Urach, etc. 

Son fils Eberhard Ier (1279-1325),  adversaire des Habsbourg, et son petit-fils Eberhard Il (1344-1392), l'ennemi redouté des villes souabes, accrurent leurs domaines et leurs forces; puis vinrent Eberhard III, petit-fils du précédent (1392-1417) et son fits Eberhard IV, (1417-1419), qui épousa l'héritière du comté de Montbéliard. Les fils d'Eberhard IV divisèrent le pays en 1442, mais le 14 décembre 1482 intervint le pacte de Monsinsen qui stipula, sur la demande des Etats, l'indivisibilité du Württemberg, alors vaste de 6.600 km², et la succession par primogéniture. Eberhard IV le Barbu dota ses sujets d'une constitution (11 novembre 1495) et obtint de l'empereur Maximilien le titre de duc (21 juillet 1495). Il eut pour successeur son cousin Eberhard VI (1496-1498), déposé deux ans après pour incapacité par les Etats du duché, lesquels exercèrent la régence au nom de son neveu Ulrich; celui-ci dut ensuite faire à ses sujets de nouvelles concessions et finalement fut déposé (1519). Le Wurttemberg fut vendu par la ligue souabe à l'Autriche, donné par Charles-Quint à son frère Ferdinand (1522), mais s'affranchit en 1534 et rappela son duc; en même temps, la Réforme y prévalait complètement. 

Ulrich eut pour successeur son fils Christophe (1550-1568), qui sut tenir tête à la réaction catholique et à l'Autriche. Il eut pour fils l'incapable duc Louis (1568-1593), auquel succéda son cousin Frédéric Ier (1593-1608), fils de Georges de Montbéliard. Celui-ci restreignit les droits des Etats et obtint de l'empereur Rodolphe III la renonciation à la suzeraineté autrichienne (acceptée en 1534). Son fils Jean-Frédéric (1608-1628) fit décapiter le chancelier Enzlin (1613), agent de la politique absolutiste de son père; lui-même et son successeur Eberhard III (1628-1674) souffrirent de la guerre de Trente ans; le Württemberg fut occupé par les Austro-Bavarois et ne recouvra son intégrité qu'aux traités de Westphalie. Eberhard-Louis (1677-1733) fut le jouet de sa maîtresse; Charles-Alexandre (1733-1737) se convertit au catholicisme et laissa dévaliser ses sujets par Süss Oppenheimer. Charles-Eugène (1737-1793) fut, comme ses prédécesseurs, un imitateur du « Grand roi » de France, gaspillant les ressources du Württemberg en dépenses somptuaires. Il soutint une longue lutte contre ses sujets qui finirent par acheter au prix souhaité par le duc la conservation de leurs libertés. Ses deux frères, Louis-Eugène (1793-1796) et Frédéric-Eugène (1796-1798), régnèrent peu; le second céda Montbéliard à la France (7 août 1796). Son fils Frédéric II, (1797-1816) tira grand profit de la tourmente napoléonienne. Entré malgré les Etats dans la seconde coalilion contre la France, il vit le Württemberg conquis par Moreau (1800), fit sa paix séparée avec la France (20 mai 1802) qui lui donna en échange de Montbéliard, neuf villes libres, des fiefs ecclésiastiques, en tout 2.200 km., 124.688 habitants, plus la dignité électorale. 

Le 5 octobre 1805, il s'allia à Napoléon contre l'Autriche, ce qui lui valut, au traité de Presbourg (Bratislava),  le titre de roi et les possessions autrichiennes de Haute-Souabe (121.857 habitants). Frédéric donna à son royaume unifié une nouvelle constitution, accéda à la Confédération du Rhin et s'agrandit de principautés médiatisées qui lui ajoutèrent 250.000 sujets. Fidèle allié de Napoléon, il gagna en 1809, aux traités de Vienne et de Compiègne, les villes d'Ulm et de Mergentheim. Il avait plus que doublé le Württemberg. Le 2 novembre 1813, il se fit garantir au traité de Fulda par les alliés et l'Autriche l'intégrale conservation de ses possessions et de sa souveraineté; moyennant quoi, il joignit ses contingents à l'armée de Schwarzenberg. 

Son fils Guillaume Ier (1816-1864) fit aux tendances libérales de ses sujets les concessions nécessaires par la constitution de 1819. En 1848-1849 les Wurttembergeois eurent une attitude très démocratique, contredite par le roi seulement parce qu'il persistait dans l'atttitude particulariste et opposée à toute centralisation de l'Allemagne observée par son père en 1815. Il s'entendit avec l'Autriche et la Bavière contre la Prusse (conférence de Bregenz, 11 octobre 1850), et, après trois dissolutions, obtint une majorité dans la Chambre élective. Charles Ier (1864-1891) persista dans la politique hostile à la Prusse et s'allia contre elle à l'Autriche en 1866; son armée fut battue à Tauberbischofsheim (24 juillet), Le traité de Berlin (13 août 1866) ne lui coûta qu'une indemnité de guerre de 8 millions de florins, mais il conclut un traité secret avec la Prusse, garantissant à celle-ci sa coopération militaire et la prolongation du Zollverein (union douanière). 

Les Chambres, résolument hostiles à toute compromission avec la Prusse, finirent par subir le traité de commerce et la nouvelle loi militaire. En 1870, elles réclamaient la réduction des dépenses militaires; le conflit était aigu lorsque la déclaration de guerre de la France refit l'accord. Les Wurttembergeois prirent une part marquante aux batailles de Reichshofen, Sedan et Champigny ; la convention de Berlin régla le 25 novembre les concessions de l'accession du royaume au futur Empire allemand, en sauvegardant son autonomie militaire. 

Les élections furent unanimement nationalistes-allemandes, et, le 1er janvier 1871, le Wurttemberg entra officiellement dans l'Empire. Le "parti du peuple" ne reprit la prépondérance que vers 1895, en antagonisme contre les ultramontains, après la déconsidération totale du parti national-libéral, la question cléricale jouant dans la politique locale wurttembergeoise le rôle principal. Le roi Guillaume Il succéda le 5 octobre 1892 à son oncle Charles Ier

Les couleurs nationales du Würtemberg étaient noir et rouge; le Wurttemberg avait quatre décorations : ordre de la couronne de Württemberg, ordre de Frédéric, ordre du Mérite militaire, ordre d'Olga.

Administrativement le royaume se divisait en quatre cercles ayant chacun ses fonctionnaires et deux tribunaux. (A.-M. B.).

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