.
-

L'histoire du Pays de Galles
Gallois contre Anglo-saxons
et Normands
Aperçu Gallois contre Anglo-saxons et Normands Vers le rattachement à l'Angleterre
Au Ve siècle, lors des premières invasions anglo-saxonnes, le pays des Welches, des Gallois, c'était toute la Grande-Bretagne depuis la Manche jusqu'au mur d'Antonin. Au Nord, la Calédonie était habitée par des peuples ennemis, les Pictes et les Scots (qui venaient de l'Irlande). Ces derniers s'emparèrent même, à la fin du IVe siècle, de toutes les côtes occidentales de l'île, depuis l'extrême Nord jusqu'à la Manche. Ils furent expulsés au Ve siècle par les indigènes à la suite de luttes fort obscures et sur lesquelles nous manquons de témoignages précis. Durant les Ve et VIe siècles, l'étendue occupée par les Welches fut réduite de moitié et ceux-ci perdirent la partie orientale de leur territoire. 

Selon la chronologie traditionnelle, Hengist et Horsa débarquent sur les côtes du Kent en 450 (L'Angleterre au Moyen Âge : Anglo-Saxons et Normands). Battu en 465, Hengist n'en réussit pas moins à s'emparer définitivement de ce pays en 473. Aelle débarque à Cymenstore et fonde le royaume de Sussex vers 490. Cerdic aborde en 495 et fonde le royaume de Wessex en 519. Les royaumes d'Essex, d'Estanglie, de Mercie furent successivement créés vers 530, 571, 585. Le Nord-Est de l'île fut envahi à bien des reprises aux Ve, et VIe siècles; enfin, en 547, Ida fut proclamé roi de Northumbrie. A la fin du VIe siècle, le pays des Welches comprenait donc la partie occidentale de l'île de Bretagne et était limitée à l'Est par une ligne partant approximativement de Bath pour aller jusqu'à Edimbourg. Cette région était bien loin de former un tout homogène.

La formation du territoire gallois.
Outre le Pays de Galles actuel, beaucoup plus étendu alors et s'avançant au delà de la Severn, on comptait : au Sud du canal de Bristol l'ancienne Domnonée (Devonshire, Cornwall, Gloucestershire), plus le territoire occupé par le Somersetshire et le Wiltshire (en partie). Au Nord, de la Dee au golfe de Solway, les royaumes mal déterminés de Reghed (les comtés actuels de Lancaster et Chester), et Eiden (le Westmoreland et le Cumberland). Du Solway aux golfes de la Clyde et du Forth, on connaît quatre royaumes, Strath Clyde, dans la vallée de la Clyde avec Arclwyd, aujourd'hui Dumbarton, pour capitale. Au Sud du Strath Clyde, l'Argoëd ( = pays des bois), ancien territoire des Selgovii. A l'Ouest de celui-ci, dans le Galloway actuel, la Tir Reivonioc, dont le nom rappelle le Retigonius sinus de Ptolémée. Enfin, entre la Clyde et le Forth, le Gododin formé par les anciennes tribus des Gadeni et des Otadeni. Ce dernier Etat, le plus oriental de ces royaumes du Nord, fut le plus exposé aux attaques des Northumbriens et le plus célèbre de la littérature indigène (La Borderie, les Bretons insulaires et les Anglo-Saxons du Ve au VIIe siècle; Paris, 1873, in-12, pp. 115-119). 

Durant leurs longues luttes contre les envahisseurs, les indigènes sentirent la nécessité de faire renaître une solidarité étouffée par la conquête romaine. Ils se donnèrent le nom de compatriotes, par opposition aux étrangers envahisseurs, Cymro, au pluriel Cymri. Ils appelèrent leur pays Cymru, leur langue le cymraeg. Ce nom de Cymro n'a absolument rien à faire avec celui de Kymris, peuple fabuleux dû à l'imagination d'Amédée Thierry. Il est formé de deux mots de la vieille langue bretonne : com ou con ( = avec) et brog ( = pays). Un peuple gaulois, les Allobrogae, a porté un nom dont le second terme est identique et dont la signification est la même. Il faut remarquer, en outre, que, du VIIe au IXe siècle, le nom de Cambrie (Cymru) désigne surtout la Bretagne du Nord, du Cumberland et du Strath Clyde (Phillimore, dans la revue galloise Y Cymmrodor, 1890, t. XI, pp. 97 et suiv.). Jusqu'au Xe siècle, l'histoire du Wales comprend donc celle de tout l'Ouest de l'île.

Il ne saurait être question ici de retracer l'histoire, du reste fort obscure, des chefs qui, pendant plusieurs siècles, dirigèrent la lutte des Bretons contre les envahisseurs. On se contentera de mentionner quelques noms célèbres et les faits les plus caractéristiques. Dès le commencement du Ve siècle, après l'abandon de l'île par les troupes et l'administration romaine, le pays se divisa en une foule de petites principautés indigènes. Incapables de lutter contre les envahisseurs, Pictes, Scots et Saxons, elles sentirent la nécessité de certaines ligues, au moins temporaires, et reconnurent l'autorité de chefs militaires suprêmes. Pour la deuxième moitié du Ve siècle, nous connaissons les noms de Vortigern et du romain Ambrosius Aurelianus. Au VIe siècle, il semble qu'il se soit formé deux lignes, l'une au Nord de la Dee, aurait eu pour chef Dutigern et aurait lutté contre les Northumbriens; l'autre, à l'Ouest et au Sud, aurait été dirigée par Maelgwn, roi de Gwynedd (l'ancienne Venedotia, partie Nord du Pays de Galles actuel). Ce dernier est assez connu, grâce aux invectives, plus ou moins méritées, que lui prodigue Gildas. Il mourut vers le milieu du VIe siècle, en 547 selon les Annales Cambriae. Passons sur les exploits fabuleux d'Arthur (au VIe siècle), et aussi sur ceux de Menezoc, d'Urien, de son fils Owen, etc. Ces derniers sont mentionnés dans des poèmes attribuées aux bardes Aneurin, Taliesin et Llywarch-Len (La littérature galloise). Il est possible qu'ils renferment un fonds historique réel; mais, comme ils nous sont parvenus dans des manuscrits très postérieurs (XIIe-XIIIe siècles), qui ont défiguré la langue au point de la rendre presque inintelligible, la critique historique n'en peut rien tirer de sûr. Ce qui en ressort néanmoins, c'est que les Bretons du Nord essuyèrent de terribles défaites à la fin du VIe et au commencement du VIIe siècle, ce qui est confirmé par d'autres sources. Aethelfrith (mort en 617), roi de Northumberland par la réunion des deux royaumes anglais de Bernicie et de Deira, surpassa en ravages, s'il est possible, son grand-père Ida. Allié aux Pictes, il triompha à Doegsanstan (603) des Bretons du Nord alliés au roi des Scots, Aegdan; en 606, il battit les Cambriens à Chester et égorgea les moines bretons de l'abbaye de Bangor. 

Au Sud, la population indigène subissait aussi des revers. En 552, Old Sarum (Salisbury) tombe au pouvoir des West Saxons. En 577, leur roi, Ceawlin, s'empare de Bath, Gloucester, Cirencester. Vaincus en 591, à Wodnesburg, les Saxons du Wessex semblèrent un instant avoir renoncé à poursuivre leurs conquêtes dans la Domnonée; mais, en 614, sous le roi Cynegils, ils battirent les Welches du Sud-Ouest dont la frontière fut reportée à la rivière d'Exe. Le territoire de ces derniers ne comprit plus guère que les comtés actuels de Devon et de Cornwall (Cornouailles), puis ce dernier seulement après une nouvelle défaite à Penn (Sommerset) en 658. Acculés dans cette presqu'île, ils luttèrent péniblement pendant près de deux siècles encore jusqu'à ce que Egbert, roi de Wessex, les eût soumis définitivement (au IXe siècle). Ces dernières guerres, quoique fort sanglantes, ne furent pas néanmoins des luttes d'extermination comme aux Ve et VIe siècles; les habitants de cette région conservèrent encore très longtemps leurs moeurs et leurs usages, et leur langue celtique, le cornique, ne s'est éteinte qu'au XVIIIe siècle.

Tandis que l'extrême Nord et le Sud du Wales éprouvaient ainsi revers sur revers, la partie centrale luttait avec plus de succès. Sous son chef audacieux, Cadwallawn, roi de Gwynedd (North Wales) elle prit même l'offensive. Allié au roi païen de Mercie, Penda, dont il égalait la férocité, Cadwallawn attaqua Edwin, roi de Northumbrie. Dans une bataille livrée à Hatfield (9 km de Duncaster [Yorkshire]), le 12 octobre 633, ce dernier fut tué avec ses fils et la Northumbrie mise à feu et à sang.

« Il courut (Cadwallawn) longtemps par toutes les provinces des Northumbriens en les ravageant, résolu d'extirper la race des Anglais du sol de la Bretagne. » (Bède).
A Cadwallawn (tué en 634) avait succédé son fils Cadwaladr. Bien qu'il soit célèbre dans la littérature galloise, on ne sait presque rien d'historique sur lui. Il mourut, en 664, de la peste qui désolait la Bretagne. Son voyage à Rome est une fable empruntée à l'histoire véritable de Caedwalla, roi de Wessex, qui mourut à Rome (en 688). Malgré leur valeur, les rois Osric et Oswald (tué le 5 août 642) partagèrent le sort d'Edwin. La Northumbrie semblait perdue. Penda, à la tête des Merciens, des Bretons, des Est-Anglais, se jeta contre Oswiu, frère et successeur d'Oswald, mais il fut vaincu et tué le 15 novembre 655 à Winwedfield (près de Leeds [Yorkshire]). Sa mort mit fin à la suprématie de la Mercie et, par contre-coup, eut les conséquences les plus funestes pour ses alliés welches. 
« Tous les royaumes bretons situés au Nord de la Dee, sur les territoires actuels des comtés de Chester, de Lancastre et de Westmoreland, furent balayés définitivement après la bataille de Winwaed et pour toujours occupés parles Northumbres. » (La Borderie).
Néanmoins, les royaumes bretons situés entre les deux murs romains et même le pays des Cambriens, au Sud du golfe de Solway (Cumberland) maintinrent leur indépendance pendant plusieurs siècles. Toutes ces populations du Nord et de l'Ouest continuèrent à être de dangereux ennemis pour les Angles. Le fils même du vainqueur de Winwedfield, le puissant roi des Northumbres, Egfrith, fut vaincu et tué par les Pictes en 685. Un de ses successeurs, Eadbert, enleva à Dunnagual, roi de Strathclyde, une partie du comté d'Ayr actuel (740). A la fin du VIIIe siècle, la Northumbrie tombe dans l'anarchie. Mais les Bretons de Strathclyde rencontrent de nouveaux ennemis dans les Danois et surtout les Scots et les Pictes. Ils luttèrent, non sans succès, contre Konneth Mac-Alpine (844-860), qui, ayant réuni sous sa domination ces deux derniers peuples, peut être regardé comme le premier roi d'Ecosse. Depuis 908, la Strathclyde fut gouvernée par des princes de la maison royale d'Ecosse, tout en continuant à former un royaume à part, vassal nominal des rois d'Angleterre. Au cours du XIe siècle, ce royaume se fondit peu à peu avec celui des rois de Scone et, depuis lors, son histoire se confond avec celle de l'Ecosse.

Quant aux Bretons du Cumberland (les comtés actuels de Cumberland et Westmoreland), ils furent soumis par le roi anglais Edmond Ier, qui, en 946, enleva cette contrée au roi Donald et la donna en fief au roi d'Ecosse, Malcolm Ier. Le Cumberland devait revenir plus tard à l'Angleterre (sous Guillaume le Roux), mais ses destinées n'intéressent plus que l'histoire de ce pays. Il garda sans doute encore longtemps ses moeurs et son idiome celtique, mais les documents manquent, pour préciser la date ou il fut définitivement anglicisé.

Les Welches du centre, après avoir été les alliés des Merciens au VIIe siècle, virent ceux-ci devenir leurs plus terribles ennemis au VIIIe siècle. En 740, Ceolred, roi de Mercie, allié à Ina, roi de Northumberland, tue Geraint, un petit roi gallois. Vers 728, Rhodri Maclwynog, roi de Gwynedd, exerçait une sorte de suprématie sur les provinces de Powys, Deheubarth et même sur la Cornouailles. Le règne de son fils et successeur, Cynan (755-819) fut une guerre perpétuelle contre la Mercie. Ses vassaux, Caradoc ab Gwyn et Meredudd, prince de Dyved, furent tués par les Saxons en 798. Le petit roi breton de Powys eut aussi à soutenir contre Offa (757-796) une lutte désastreuse. Vers 792, celui-ci lui enleva sa capitale, Pengwern (actuellement Shrewsbury), refoula les Welches à 60 km au delà de la Severn et, pour les contenir, édifia un rempart (Oftas dyke) de la Wye à l'embouchure de la Dee. Le territoire entre la Wye et la Severn fut peuplé d'Anglo-Saxons; aussi les comtés actuels de Salop et de Hereford sont-ils de langue anglaise, bien qu'ayant conservé, sans doute, un fonds de population celtique. Dès lors, les limites du Pays de Galles n'ont presque pas varié jusqu'à nos jours.

Du IXe siècle à l'arrivée des Normands
Au IXe siècle, la suprématie du Wessex et la formation du royaume d'Angleterre sous Egbert ne furent pas moins funestes aux Gallois. Ceux-ri furent encore affaiblis par les guerres civiles. Le roi Cynan se vit en butte aux réclamations de son frère Howell qui lui réclamait l'île de Mona (Anglesey). Howell fut chassé et ne, reparut jamais. Quant à Cynan, il mourut en 819. Avec lui s'éteignit la branche mâle directe des descendants de Cunedda, le fondateur, plus ou moins fabuleux, de la monarchie venedotienne. Il laissait une fille, héritière de son royaume de Gwynedd, qui épousa Merfyn, roi de Powys. Sous leur règne, la lutte continua contre le Wessex. En 813 et 823, Egbert ravagea le Devonshire et la Cornouailles qui durent reconnaître son autorité. En 828, il envahit le Nord et s'empara de Mona (Anglesey). Les Gallois, malgré leur alliance avec les pirates danois, durent faire leur soumission en 835.

Après la mort d'Egbert (836), ils tentèrent de recouvrer la capitale du Gwynedd Aberfraw, située dans l'île de Mona, mais ils furent battus à Cettyl par Burhed, roi de Mercie. En 844, par la mort de son père Merfyn et de sa mère Essylt, Rhodri Mawr (Roderic le Grand) se trouva maître des deux grands royaumes de Gwynedd (Nord-Galles) et de Powys (Est). Son mariage avec Angharad lui valut le royaume de Deheubarth (Sud) et il se trouva ainsi réunir, le premier, sous un seul sceptre les trois grandes divisions du Pays de Galles; aussi prit-il le titre de Brenhin Cymru oll (roi de tout le Pays de Galles). 

Chacune de ces trois provinces continua, du reste, comme par le passé, à renfermer un nombre élevé de petites principautés gouvernées par des rois vassaux. Rhodri fut un grand roi. Il enleva Mona à Burhed, et la Mercie, attaquée à son tour, dut appeler à son aide le Bretwalda, le roi de Wessex. En 853, Ethelwulf ravagea le Pays de Galles et l'obligea à se reconnaître tributaire. Rhodri eut aussi à lutter contre les pirates danois et parvint un instant à les écarter (875). Mais, dès l'année suivante, une armée saxonne attaquait l'île de Mona. Dans un combat, Rhodri fut tué (877). Repoussés cependant de l'île, les Anglais s'emparèrent de la région entre Chester et la Conwy.

Rhodri avait eu huit fils d'Angharad; parmi eux Anarawd eut le Gwynedd avec Mona, Cadell obtint le Deheubarth et Merfyn le Powys. Anarawd installa, aux dépens des Angles, dans le territoire entre Chester et la Conwy des Bretons fugitifs venus du Strathclyde (Strath Clyde); et quand, en 880, Danois et Merciens attaquèrent cette colonie, leurs efforts furent victorieusement repoussés par les Gallois. Ceux-ci n'en restaient pas moins tributaires du Wessex. Cependant, sous le règne d'Alfred (871-901), on voit des Gallois en faveur à la cour du roi saxon. Le plus célèbre est Asser, évêque de Sherburne, son admirateur et son biographe. En 894, on voit Gallois et West-Saxons s'unir contre les terribles pirates conduits par Hasting. Ceux-ci n'en envahirent pas moins l'île de Mona, et le roi de Powys, Merfyn, fut blessé mortellement dans le combat (903). Cadell s'empara de son royaume, malgré les protestations de son frère Anarawd. Profitant de ces dissentiments, Edouard l'Ancienmit garnison dans Chester (907); Cadell était mort en 905; Anarawd se trouva un instant, comme son père Rhodri, roi de tout le Pays de Galles. Il mourut en 915. Son fils Idwal le Chauve hérita du Gwynedd pendant que le Powys et le Deheubarth revenaient à Howell, fils de Catell.

Ce furent des règnes assez pacifiques. Ces rois reconnaissent la suzeraineté des rois de Wessex, Edouard et Athelstan (en 924 et 926), tout comme les rois d'Ecosse, de Northumberland, de Strathclyde, etc., et leur payent tribut. En revanche, ils sont membres du Wittenagemat. Le bon accord avec le Gwynedd fut pourtant troublé à la fin. En 943, le roi Edmond, avec des auxiliaires danois, envahit cette province, on ne sait pour quel motif, et tue Idwall le Chauve. Quoique ce dernier eût laissé six fils, ceux-ci reconnurent Howell pour roi. Howell mourut en 950. Son humeur pacifique, ses goûts de réglementation et de législation (il fit le premier mettre par écrit les coutumes bretonnes) le rendirent populaire et firent de son règne une espèce d'âge d'or pour les Gallois. Lui-même fut surnommé le Bon (Howell Dda).

Il laissa quatre fils, Owen, Rhun, Rhodri et Edwyn. Une lutte furieuse et confuse s'engagea entre eux et les fils d'Idwall le Chauve. Elle dura un demi-siècle et précipita la décadence du pays.

Alfric, earl de Mercie, envahit le Nord-Galles (966); le viking Godfried s'empara de Mona. En 973, le roi Edgard reçut à Chester les hommages de presque tous les petits rois de Bretagne, Kenneth, roi d'Ecosse; Malcolm, roi de Cambrie (Cumberland); Machus, roi des îles; lukil, roi de Westmoreland; Dunhewall, roi de Strathclyde, et cinq princes gallois.

En 998 nous voyons sur le trône de Gwyneld, Cynan, fils d'Hywell le Mauvais, tandis que le Powys et le Deheubarth tombent aux mains de Llewelyn ab Seissyllt. En 1003, Cynan fut tué et remplacé par un homme de naissance obscure, Aeddan. Lui-même périt avec ses fils (en 1016) sous les coups de Llewelyn ab Seissyllt qui se trouva alors seul maître du Pays de Galles. Sous son règne trop court, le pays jouit d'un calme relatif. Mais Llewelyn fut assassiné (1023). Le Gwynedd passa alors à lago ab Idwall; descendant de Rhodri Mawr tandis que Rhydderch, fils de festin, s'emparait du Deheubarth; on ne sait trop qui prit le Powys. Ces règnes furent courts. Dès 1033 Rhydderch fut tué et en 1039 le fils de Llewelyn, Gruffudd (Griffith) battit et tua lago, dont le fils, Cynan, s'enfuit en Irlande. Gruffudd se trouva maître alors du Gwynedd et du Powys (1039). La même année, il chassa du Deheubarth, Hywel, fils d'Edwin, qui se réfugia aussi en Irlande. Le règne glorieux de Gruffudd fut une longue lutte contre les Saxons et les Danois d'Irlande qui soutenaient les prétendants gallois, mais Gruffudd triompha de leurs tentatives.

Hywel fut vaincu et tué en 1041; Cynan ne fut guère plus heureux et dut retourner à Dublin (1050). Après dix ans de combats contre les princes de Deheubarth, fils de Rywerch, il tua son homonyme du Sud et devint ainsi « roi des Bretons » (1055) Ses luttes contre les Anglais réussirent moins. Il ravagea, il est vrai, à maintes reprises le « border», Mais une vaste conspiration se trama contre lui. Des prétendants gallois, Caradog, Bleddyn et Rhiwallawn, trouvèrent un appui auprès d'Harold qui gouvernait en réalité l'Angleterre sous l'autorité d'Edouard le Confesseur. Leurs forces combinées envahirent par terre et par mer le Pays de Galles. Gruffudd ab Leewelyn fut tué en trahison et sa tête portée au vainqueur (1063). Bleddyn et Rhivallawn régnèrent alors conjointement sur le Gwynedd et le Powys. Mais Caradog se brouilla avec Harold et le Deheubarth fut donné en fief par le roi Edouard à Maredudd ab Owen. Dès 1067, Rhiwallawn, fut attaqué par les fils de Gruffudd ab Llewelyn et périt à la bataille de Mechain, mais les troupes des fils de Gruffudd n'en furent pas moins dispersées, et l'un d'eux, Meredudd, mourut dans la fuite.

Bleddyn se trouva alors seul roi de Gwynedd et Powys. Il apporta quelques modifications aux lois d'Howell le Bon et son règne passa pour pacifique auprès de celui de ses prédécesseurs.

La lutte contre les Normands.
La conquête de l'Angleterre par Guillaume de Normandie tout en anéantissant la puissance de leurs vieux ennemis, les Saxons, devint bien vite pour les Gallois un danger plus redoutable encore. Le Normand héritait de toutes les prétentions de ses prédécesseurs les rois anglais et il devait mettre à les soutenir une ténacité, un esprit politique et des ressources militaires bien supérieures. Dès 1067 les Gallois avaient aidé Edric, earl de Mercie, à chasser des bandes normandes. Trois ans plus tard, Guillaume en personne s'emparait de Chester et de Shrewsbury et y construisait des forteresses. Peu après les aventuriers normands pénétraient de tous côtés dans le Gwynedd et le Powys et y bâtissaient les châteaux de Montgomery, de Rhuddlan, de Bangor, de Caernarfon, de Meirionydd, de Penfro, etc., et même, dans l'île de Man, celui d'Aberlleinawg.

Le féroce Hugues d'Avranches fut fait comte de Chester. C'était déjà la conquête normande : et pendant ce temps les prétendants gallois se disputaient avec acharnement un lambeau de royauté. En 1070, Caradog tue le roi de Deheubarth et périt lui-même l'année suivante. Bleddyn est tué par Rhys ab Owen. Vers 1080 Gruffudd ab Cynan s'empara de Mona, du Gwynedd et du Powys. Quelques années plus tard il est pris par trahison et livré à Hugues d'Avranches qui le retint douze ans prisonnier. Le comte de Chester, grâce aux garnisons des châteaux normands, domina alors le nord du Pays de Galles tandis que Guillaume le Conquérant envahissait le Sud et contraignait à l'hommage Rhys ab Tewdwr, roi de Deheubarth (1081). Rhys, après avoir triomphé des insurrections des fils de Bleddyn et de Gruffudd ab Maredudd, entra en lutte avec Eineon, fils du petit roi vassal de Dyfed. Ce dernier appela à son aide le Normand Robert Fitz-Hamon, et le vieux Rhys fut tué à la bataille de Caerbannu à l'âge de quatre-vingt-dix ans (1091).

Tout le Sud tomba alors aux mains des Normands; Arnoul de Montgomery s'empara du Dyfed, Roger de Montgomery du Ceredigion et d'une partie du Powys. Mais la force de résistance des Gallois était invincible. Dès 1094, Gruffudd ab Cynan, qui s'était évadé, s'unissait à Cadwgan qui dominait en Powys. Tous deux attaquèrent le château d'Aberlleiniog dans Anglesey (Mona) et le détruisent. Ils chassent les Normands de la plus grande partie du pays et envahissent même les contrées limitrophes de Hereford, Worcester, Shropshire, etc. Il fallut pour les réduire que Guillaume le Roux fit en personne deux expéditions en 1095 et 1097 et pénétrât jusqu'au Snowdon. Cette montagne située à l'extrémité Nord-Ouest du pays en était la citadelle naturelle et le dernier refuge de l'indépendance galloise. Anglesey fut recouvrée par les comtes de Chester et de Shrewsbury, Gruffudd s'enfuit en Irlande. Mais les résultats obtenus par le roi d'Angleterre furent une fois de plus éphémères. Les Gallois pliaient sous l'orage, et une fois la tempête passée, ne se redressaient qu'avec plus de violence. A la mort de Hugues de Chester (1099) Gruffudd revint d'Irlande avec une armée de Danois et recouvra Anglesey. Néanmoins, il se rendit auprès de Henri ler qui lui octroya une bonne partie du Gwynedd, mais, dès 1114, une querelle de Gruffudd avec le comte de Chester occasionna l'invasion du Nord par le roi Henri. De guerre lasse, les deux parties firent la paix. Gruffudd promit de payer tribut, moyennant quoi il reçut l'investiture du Gwynedd et resta en paix avec les Normands le reste de sa vie. A partir de ce moment son règne est célébré comme une période de calme et de prospérité.

Le Gwynedd et Mona deviennent le centre de la vie nationale. Gruffudd protège l'Eglise et les poètes. En 1135, on le voit présider avec son homonyme du Sud, Gruffudd ab Rhys, un grand concours de poésie (La littérature galloise) qui réunit les bardes des trois grandes divisions du Pays de Galles et même de l'Irlande. Il mourut en 1137 ayant pris l'habit de moine, et fut enterré dans la cathédrale de Bangor. Il avait alors quatre-vingts ans. Son biographe le dépeint comme un homme de petite taille, mais vigoureux, blond, les yeux grands, la face colorée, barbu. 

On a vu qu'à la mort de Rhys ab Tewdwr (1091) tout le Sud tomba entre les mains des seigneurs normands. Il y eut plus : vers 1107 les Gallois furent chassés des péninsules de Pembroke et de Gower et la contrée peuplée de colons flamands. L'expulsion des Gallois fut si complète que leur langue disparut dans les campagnes et que dans cet angle on ne parle plus encore aujourd'hui qu'un patois bas-allemand. Le fils de Rhys, nommé Gruffudd comme le roi du Nord-Galles, s'était enfui en Irlande, le refuge désigné de tant de princes gallois. Il reparut en Dyfed en 1113 et réclama vainement au roi Henri ler l'héritage de son père. Menacé par les Normands, il chercha un refuge auprès de Gruffudd ab Cynan, harcela sans cesse les Flamands établis sur les terres de son père et mena pendant de longues années une vie aventureuse. Après la mort de Henri Ier, profitant des troubles qu'agitait en Angleterre la rivalité d'Etienne de Blois et de Mathilde, il recouvra le Dyfed et une bonne partie du royaume paternel. Il mourut en 1137 la même année que son homonyme du Nord. Ses fils, Rhys, Cadell, Anarawd, Maredudd héritèrent d'un pouvoir précaire et sans cesse disputé sur le Deheubarth. Dans le Gwynedd, Owen succéda à son père Gruffudd ab Cynan. Dans le Powys le prince le plus puissant était Madog ab Maredudd.

On ne peut songer à entreprendre le récit des luttes confuses, interminables, monotones, de ces souverains contre les empiétements saris cesse renouvelés des Normands ni l'histoire de leurs querelles intestines. Signalons seulement la conjuration tramée par les Gallois avec les Saxonset les Ecossais (1137) pour égorger tous les Normands de Bretagne, qui du reste échoua misérablement : les révoltes de Rhys, fils de Gruffydd ab Rhys, contre Henri Il et sa soumission en 1164; l'échec de Henri II en 1166 dans une campagne contre tous Gallois soulevés. Owen, le roi batailleur du Gwynedd, mourut en 1169 ou 1171. Il avait partagé les goûts poétiques de son père. Le barde Gwalchmei, fils de Meilir, et le premier poète du temps, l'accompagnait dans ses expéditions guerrières. (F. Lot).

.


Dictionnaire Territoires et lieux d'Histoire
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
[Aide][Recherche sur Internet]

© Serge Jodra, 2011. - Reproduction interdite.