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On
appelle hĂ©gĂ©monie (de l'ancien grec hÄgemonia = prééminence),
une position de dominance, de leadership ou d'influence qui peut ĂȘtre
exercée dans divers domaines (politique, culture, économie, etc.).
Antonio
Gramsci (1891-1937) a développé, principalement dans les années
1920 et 1930, une théorie de l'hégémonie dans le contexte de la lutte
culturelle et politique qui montre comment les idées, les valeurs et les
normes culturelles contribuent Ă maintenir la stabilitĂ© sociale et Ă
perpétuer les structures de pouvoir existantes. Il définit l'hégémonie
comme le pouvoir exercé par une classe dominante non seulement par la
force physique, mais aussi par la direction des idées, des valeurs et
des normes culturelles. Gramsci introduit le concept de
superstructure
culturelle pour désigner l'ensemble des idées, des valeurs, des croyances
et des normes qui soutiennent le
statu quo social.
L'hégémonie repose
sur la capacité de la classe dominante à contrÎler cette superstructure
culturelle. Il distingue entre la société civile et la société
politique. La premiĂšre englobe les institutions culturelles telles
que les écoles, les médias, les églises, etc. La classe dominante utilise
ces institutions pour exercer son influence idéologique et maintenir l'adhésion
des masses à l'ordre social établi. Gramsci insiste ici sur le concept
de consentement des masses à leur propre domination : l'hégémonie
implique que les classes subalternes acceptent, sans coercition pure, les
normes culturelles de la classe dominante comme si elles étaient dans
leur intĂ©rĂȘt, mĂȘme si cela peut ne pas ĂȘtre le cas objectivement.
Le philosophe croyait
que la transformation sociale et politique ne pouvait se produire que par
le biais d'une lutte culturelle et idéologique. Pour changer la société,
il fallait transformer l'hégémonie culturelle, remettre en question les
idées dominantes et créer de nouvelles normes culturelles. |
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