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Les fonctions, titres et dignités 
dans le monde arabo-musulman
'Âmil (pluriel : 'ummâl). - Il s'agissait d'une sorte de préfet, représentant dans une région de l'administration centrale et ayant des fonctions fiscales et administratives (Wâli).

Arif (urafa au pluriel). -  Nom donné en Orient au chef d'une corporation (en occident, celui-ci portait le titre d'amîn), qui la représentait devant l'autorité civile. Il assistait, par ailleurs, le muhtasib ( ce mot) pour l'application des règlements et des obligations financières de sa profession.

Atâbek ou Atâbeg. - Mot composé des deux mots turcs âtâ = père, et bek ou beg = seigneur. Ce mot fut d'abord employé pour désigner les gouverneurs des fils des sultans Seldjoulkides. Comme il était d'usage que le sultan donnât à chacun de ses fils en apanage une ville on une province, l'atâbek du jeune prince exerçait naturellement en son nom toute l'autorité et se trouvait ainsi à la fois tuteur du prince et régent de la principauté. Il arriva bientôt que certains atâbeks ne se contentèrent pas de ce rôle et usurpèrent le pouvoir pour leur propre compte, firent disparaître d'une façon ou d'une autre leur pupille et se rendirent indépendants, léguant à leurs propres descendants les provinces ou les villes qu'ils s'étaient appropriées. Ce furent ainsi que se fondèrent les dynasties des atâbeks de Damas (1095-1154), de Mossoul et de la Mésopotamie (1127-1262), d'Alep (1146-1183), de Djâzîrat-ibn-Omar (1180-1251), de Sindjar (1170-1221), de l'Azerbaïdjan (1175-1225); ils furent détrônés par les Ayyoubides ou les Mongols et se trouvèrent, surtout ceux de Mossoul, presque tous en contact avec les Croisés. Plus tard, le mot atâbek fut détourné de sa signification primitive, et devint le titre du premier officier de l'Etat, du chef de l'armée. (J. Preux).

Ayatollah. - Ce nom signifie signal de Dieu et est donné, aussi bien chez les sunnites que chez les chiites aux ulémas ou aux mollahs de rang le plus élevé. Dans le clergé chiite duodécimain, c'est le haut titre après celui de Grand ayatollah, et avant celui  de Hoyatoleslam (ce mot). Les ayatollahs sont considérés comme des experts en jurisprudence et en philosophie musulmanes.

Beg. - Mot turc qui signifie seigneur. C'est le mot qui,en arabe, se prononce bey. Le titre de bey en Turquie appartenait à certains fonctionnaires au-dessous du titre de pacha, civils ou militaires. On le donnait aussi aux fils de pachas et à d'importants propriétaires terriens.

Bey. - ot turc arabisé et signifiant seigneur. C'est un titre de noblesse au-dessous du rang de pacha (Beg). Il resté jusqu'à la fin  d'un grand usage dans les pays dépendants de l'empire ottoman, et au XIXe ce siècle a été même conféré à des Européens qui avaient rendu service à la Turquie ou à l'Egypte. Ce mot a aussi été le titre de certains souverains (ex. le bey de Tunis). Les provinces gouvernées par un bey portaient le titre de beylik, ou beylicat. Certains beys étaient d'abord, en quelques provinces, soumis à de plus hauts dignitaires nommés deys comme à Alger et à Tunis. L'occupation française  supprima le dey d'Alger; celui de Tunis fut supplanté par le bey et devint un personnage inférieur. (F.A.).

Cadi. - Magistrat musulman qui juge d'après la loi religieuse. Dans les pays musulmans il est nommé par le chef religieux, cheikh-ul-islam, ou grand mufti.

Calife. - Titre pris par les successeurs de Mahomet. Les califes étaient détenteurs du pouvoir temporel et du pouvoir religieux.

Cheikh. - Ce mot arabe, qui signifie vieillard ou ancien, a servi dès les temps les plus reculés à désigner le chef de chaque groupe familial parmi les Arabes. L'autorité du cheikh, absolue à l'origine, s'affaiblit singulièrement lorsqu'elle s'étendit sur une tribu entière à mesure que le nombre de ses membres issus d'un même ancêtre devint plus considérable. Choisi alors dans la famille la plus riche et partant la plus puissante, le cheikh n'eut plus sur ses contribules que l'ascendant moral que pouvait lui donner sa valeur personnelle et il vit souvent surgir des compétitions qui affaiblirent son autorité et amenèrent parfois le démembrement de la tribu. Le titre de cheikh est encore donné par les Arabes aux personnages religieux, aux professeurs et à toute personne âgée quelle que soit sa condition. On appelle cheikh elislam, le grand mufti d'un pays, cheikh elbeled ou cheikh elmedina, le fonctionnaire qui, dans les grandes villes, exerce une autorité analogue à celle de nos maires. A l'époque de la colonisation française, dans la hiérarchie administrative algérienne, le titre de cheikh était porté par celui qui représentait le gouvernement français dans un douar ou une fraction de tribu; il ne possèdait qu'une très faible autorité, sa principale fonction étant de fournir des renseignements sur les faits graves qui se passent parmi ses concitoyens et d'aider à établir l'assiette de l'impôt. (O. H.).

Dey. - Mot turc qui signifie oncle maternel. En 1691, les Yoldachs ou janissaires de Tunis, fractionnés en trois cents groupes, élurent chacun un des leurs pour représenter leurs intérêts dans un divan et donnèrent à ce délégué le nom de dey; ces délégués à leur tour choisirent un agent exécutif ou président qui prit aussi le titre de dey, exerça le pouvoir sous ce nom et substitua son autorité à celle du pacha envoyé par la Porte. Une révolution analogue s'opéra à Alger en 1671 où le titre de dey fut également pris par le chef de la Régence qui devint dès lors presque complètement indépendant vis-à-vis du gouvernement ottoman. Le mot dey s'ajoutait souvent au nom de celui qui en exerçait la fonction : Hussein Dey, Moustafa Dey, etc.

Emir (âmir). - Mot arabe qui signifie commandant. A l'origine, ce nom ne s'appliquait guère qu'aux chefs d'armée ou généraux arabes; cependant les Arabes non musulmans donnaient déjà au prophète Mahomet la qualification d'émir de La Mecque et d'émir du Hedjaz, ce qui implique qu'à cette époque lointaine le titre d'émir avait déjà cours pour désigner un chef politique. Les souverains musulmans, dont les Etats avaient peu d'étendue et qui n'avaient aucune prétention à revendiquer l'autorité spirituelle accordée aux califes, prirent tantôt le titre d'émir, tantôt celui de sultan, ce dernier titre étant toujours considéré comme supérieur au premier. Le plus souvent l'émir n'exerçait son autorité que sur un simple district qui portait le nom de son chef-lieu; ce n'était donc en réalité qu'un prince ou chef de principauté. Celui qui réussissait à s'annexer d'autres districts prenait parfois le titre d'émir el-omara (commandant des commandants), mais, en général, cette désignation a été réservée aux sortes de maires du palais qui régnèrent au nom des derniers califes abbassides. Le calife Omar est le premier qui ait pris, parmi les Arabes, le titre de émir el-mouminin (commandant des croyants), appellation devenue plus tard l'équivalent de celle de calife. On raconte que cette expression fut employée pour la première fois par un courrier qui, arrivé à Médine pour annoncer une grande victoire, aurait, en cherchant le calife Omar, demandé à tous ceux qu'il rencontrait sur sa route : « Où donc est l'émir el-mouminin? » Cette expression, employée dès lors concurremment avec celle de calife, fut par la suite spécialement réservée aux chefs spirituels de l'islam. En dehors des Omeyyades et des Abbassides, le titre d'émir el-mouminin a été successivement porté par les Fatimides, les Omeyyades d'Espagne et les Almohades. Quant aux Almoravides et aux Mérinides, ils adoptèrent une formule un peu différente, celle d'émir el-mosli-min (commandant des musulmans), titre qui avait été décerné autrefois au général arabe Saad Ibn Abi Ouaqqàs à la suite de la bataille de Cadéciya (636). Sous les Almohades Hafsides, le ministre des finances portait le titre d'émir el-achghal ou saheb el-achghal. Plus tard, le chef de la grande caravane des pèlerins qui se rendent chaque année à La Mecque a été désigné sous le nom d'émir el-haddj (commandant du pèlerinage). Enfin dans l'extrême Orient musulman, les grands personnes ajoutent devant leur nom, en manière de titre honorifique, le mot mir qui n'est autre chose qu'une altération remontant pour le moins au XIIe siècle da mot émir. (O. H.).

Emir al-umarâ'. - Chef des émirs, émir des émirs. Initialement il n'était qu'une sorte de général en chef. Mais leurs attributions militaire permirent bientôt aux titulaires de ce poste d' accaparaer le pouvoir civil, de sorte que sous  les Abbassides, le calife n'eut plus que le pouvoir spirituel. 

Gâzi (pluriel : guzat). -  Qualificatif d'abord utilisé pour désigner celui qui a fait une razzia contre les Infidèles. Cette appellation est rapidement devenue un titre honorifique attribué à ceux qui sont sortis victorieux de tels raids. Les premiers sultans ottomans s'attribuaient ce titre.

Hadji. - Pélerin lmusulman.

Hâdjib. - Cette fonction, apparue à l'époque omeyyade correspondait à celle de chambellan, de surintendant du palais. A l'époque abbasside, le titre de hâdjib était immédiatement inférieur à celui de vizir. Les hâdjibs pouvaient cependant se hisser au rang de vizirs et disposer des pouvoirs similaires. Dans l'Espagne musulmane, le titre de hâdjib devint même supérieur à celui de vizir.

Hakam. - Dans le cadre exclusif d'affaires pour lesquelles sont en jeu seulement les intérêts de la propriété privée, les droits purement humains, le hakam était un arbitre qui, avant le début d'un procès, si les parties en convenaient, pouvait intervenir par une décision qui a alors la même force qu'un jugement de tribunal. 

Hoyatoleslam ( = preuve de l'islam). - Chez les chiites duodécimains c'est le titre donné aux clercs de rang immédiatement inférieur à celui d'ayatollah. Il est aujourd'hui conféré à ceux qui possèdent une licence en études islamiques. Autrefois, il était appliqué seulement à ceux qui possédaient déjà la qualification de Mujtahid

Imâm. -  Après avoir servi à désigner l'animal dressé qui marche en tête d'un troupeau, le mot arabe imâm a été appliqué métaphoriquement au chef spirituel et temporel de l'islam comme synonyme du mot calife que les théologiens et les jurisconsultes ont réservé à Mohammed d'une façon presque exclusive. 

La question du choix de l'imâm a, comme on le sait, donné naissance au grand schisme qui divise les musulmans : les sunnites admettent, en effet, que la communauté des fidèles a le droit de prendre pour chef spirituel et temporel celui qui lui semble le plus digne d'exercer ce sacerdoce, tandis que les chiites considèrent comme illégitime tout imam pris en dehors de la famille du Prophète. Quelques docteurs ont émis l'avis que l'existence d'un imam n'était pas absolument nécessaire; d'autres ont estimé, au contraire, non seulement que ce chef était indispensable, mais encore qu'il pouvait y en avoir plusieurs à la fois. C'est à cette dernière doctrine que les musulmans se sont ralliés de nos jours, malgré un verset du Coran qu'on pourrait interpréter comme interdisant la pluralité des imams. Si, disent-ils, on acceptait cette interprétation, le califat de Cordoue serait illégitime et il faudrait alors accuser d'ignorance ou d'irréligion la foule des savants et des théologiens qui lui ont reconnu une existence légale. Aux yeux des sunnites, nul ne peut être imâm s'il ne réalise les conditions suivantes : être instruit, être probe, avoir l'aptitude nécessaire pour exercer ces fonctions et enfin avoir la possession de tous ses membres et de toutes ses facultés, par exemple, n'être ni sourd, ni muet, ni aveugle, etc. En outre, la plupart des docteurs exigent qu'il soit de la tribu de Qoreïch à laquelle appartenait Mohammed. 

Bien qu'en principe l'imâm doive réunir entre ses mains l'autorité spirituelle et l'autorité temporelle, il est certain cependant que les derniers califes abbassides n'avaient guère plus que le pouvoir spirituel et étaient devenus en quelque sorte des papes musulmans. Pour les chiites, le véritable successeur de Mohammed a été Ali, et c'est exclusivement dans la descendance de ce dernier que l'imân peut être choisi. Toutefois, certains d'entre eux, les zéidites, admettent la légitimité des trois premiers califes dits orthodoxes, tandis que les imâmiens, au contraire, la repoussent énergiquement. D'autres divergences d'opinions séparent encore entre eux les chi'ites à ce point de vue; ils ne sont pas tous d'accord sur la façon dont doit être choisi l'imam, ni sur l'étendue de ses attributions, ni même sur le point de savoir s'il peut en exister plus d'un à la fois. 

Le titre d'imam n'est pas seulement porté par le chef spirituel et temporel de l'islam; il est souvent donné aux savants éminents en théologie ou en jurisprudence, surtout quand ils sont considérés comme chefs d'école ou auteurs d'une nouvelle doctrine. C'est dans ce sens qu'on dit, par exemple, l'imam Abou Hanifa, l'imam Malek, etc. Dans le protocole des lettres, on prodigue souvent ce titre à des personnes qui n'y ont aucun droit. Enfin, de nos jours, on appelle imâm celui qui, dans les mosquées, dirige l'office de la prière du vendredi. Il se tient dans une sorte de choeur appelé mihrâb, bien en vue de tous les fidèles qui imitent scrupuleusement tous ses actes extérieurs de piété. En dehors de ce rôle d'officiant, l'imâm ne jouit d'aucune prérogative particulière, et encore sa présence à la prière n'est-elle pas indispensable, tout musulman, s'il en est digne, pouvant sans désignation préalable présider aux exercices du culte. Toutefois, comme l'imâm reçoit presque partout une allocation ou un traitement, il doit être considéré comme un membre régulier du clergé musulman. (O. Houdas).

Kâhin (pluriel : kahana). - C'est ainsi que l'on appelait les devins à l'époque préislamique, qui jouaient aussi un rôle d'arbitres dans les affaires corrantes. C'est ainsi que Mahomet a d'abord été perçu par ses contemporains. 

Kâtib. - Secrétaire, rédacteur de documents administratifs. C'était le titre porté spécialement par le secrétaire ou l'administrateur en chef du vizir ou du calife.

Khatib. - On donne ce nom au  prédicateur qui prononce la khutba ou sermon du vendredi. Celui-ci le prononce en se tenant debout sur le mimbar, et selon l'ancienne coutume, tenant dans sa main une épée ou un arc (lorsque le pays a été conquis par la force), un bâton (lorsqu'il s'est rendu pacifiquement). 

Mammelouk. - Ce terme désignait initialement à un esclave. Au Moyen Âge, il était courant d'utiliser différents termes pour désigner les esclaves; l'esclave blanc était généralement appelé mammelouk, tandis que l'esclave noir était appelé 'abd. Avec le temps, le mot  'abd, au sens propre du terme « esclave », n'était plus utilisé pour désigner un esclave qui n'était pas noir. (Le mot, dans un autre sens, désigne la dynastie qui a régné en Égypte et en Syrie de 1250 à 1517, date de l'occupation de ces pays arabes par les Turcs ottomans).

Mollah (Maoula-Mevla = protecteur). - Titre donné en Iran  aux docteurs versés dans la théologie ou le droit; il équivaut à ceux d'uléma ou d'achound.

Muezzin. - Nom donné au personnage qui les appelle à la prière. Cet appel (ezan) retentit cinq fois par jour. Dans les petites mosquées, c'est l'imam, le prêtre lui-même, qui le prononce; dans les grandes, il a un fonctionnaire spécial à cet effet. Si la mosquée a un minaret, c'est du haut de la galerie supérieure qu'il appelle. La formule invariable de l'ezan est : 

Dieu est grand (ter). 
J'atteste qu'il n'y a pas d'autre dieu qu'Allah (bis)! 
J'atteste que Mohammed est l'envoyé de Dieu (bis)! 
Venez à la prière! venez au salut! Dieu est grand (bis)! 
Il n'y a pas d'autre dieu qu'Allah !
Au premier appel matinal, le muezzin ajoute : 
La prière est meilleure que le sommeil  (bis). 
Le premier muezzin fut celui de Mohammed, Bilal, fils d'une esclave abyssine. On dit que le prophète a déclaré que celui qui a été sept ans muezzin est délivré de l'enfer.

Mufti. - Nom du magistrat musulman qui rédige des fatwas ou décisions conformes à la loi religieuse ou chariah. Le Mufti-el-anam, mufti en chef, autrement appelé Cheïkh-el-Islam et nommé dans les anciennes relations de voyage le « grand mufti », est en réalité le chef de la religion musulmane; il rend des fatwas sur toutes les questions, et plus d'un sultan a été renversé et mis à mort d'après l'une de ces décisions juridiques.

Muhtasib. - Fonctionnaire local. Il avait en charge la surveillance des marchés et des transactions commerciales, la vérification des poids et mesures, la prévention des fraudes, et  la propreté publique, etc. Il a avait également le pouvoir de répression sur de toute infraction aux lois coraniques.

Mujtahid. - Ce qualificatif est appliqué à ceux qui ont une connaissance suffisamment approfondie du droit islamique pour pouvoir en tirer des décisions ou des réponses légales par sa propre réflexion (sans donc recourir à une autre autorité). 

Mutakallim. - Docteur dans la science du kalâm. Le terme est généralement traduit par « théologien ».

Pacha. - Titre des hauts fonctionnaires turc s: à l'époque où ce titre n'était que militaire, on distinguait, selon l'usage mongol, trois catégories de pachas désignés par le port d'une, deux ou trois queues de cheval (tugh) : le pacha à une queue correspondant au général de brigade ou liva, à deux queues au général de division ou ferik, à trois queues au maréchal ou mouchir. Le port des queues fut aboli par Mahmoud II, mais la dénomination s'est long temps conservée dans le langage usuel. - Le titre de pacha était viager; tous les généraux et amiraux le portaient et parmi les fonctionnaires civils tous ceux qui ont le grade de vizir, de roumili-beilerbey, de mir-i-miran, de 'a(mir)-ul-umarâ. Mais il n'était pas donné aux fonctionnaires du clergé, ni à certains hauts employés civils comme les bâlâ, bien qu'ils aient été, dans la hiérarchie, supérieurs à beaucoup de pachas (liva, mir, etc.). Ceux-ci étaient qualifiés d'excellence et s'intitulaient effendi ou bey. Dans l'armée, le titre de pacha était lié au grade sinon à l'emploi ; mais cette distinction n'existant pas dans l'administration civile, ce titre y était seulement personnel et indépendant de l'emploi; non seulement un ambassadeur, mais un gouverneur (vali), pouvait fort bien ne pas être pacha, alors qu'un montessarif qui lui était subordonné portait ce titre. On a même conféré d'une manière purement honorifique le titre de pacha à de simples particuliers.

Saïd, sayyid. - Seigneur, chef (le terme prend différentes formes dialectales : sayyid, sidi, etc.). Ce titre était souvent donné au chef arabe jusqu'à la période omeyyade, après quoi le terme sayj, auparavant d'usage plus restreint, fut utilisé, car il était plus emphatique et désignait, généralement au pluriel asyâj, les chefs qui avaient un passé glorieux derrière eux. Pour aspirer au titre prestigieux de saïd, parfois sayj kebir, grand cheikh, ou za'îm, chef de guerre, il fallait combiner l'autorité nominale de chef de tribu, l'influence personnelle et le prestige de la richesse et des services rendus. Le terme de sayyid est aussi appliqué aux descendants de Mohammed (turbans noirs).

Sultan. - Mot arabe employé dans le Coran avec le sens de « force, puissance-», et qui est le même que le chaldéen biblique choltan « domination, empire » du livre de Daniel. Le sultan Yémin-ed-dauleh Mahmoud, fils de Subuk-Tékia, de la dynastie des Ghaznévides est le premier qui porta ce titre, au lieu de celui d'Emir dont s'étaient contentés les princes qui, avant lui, avaient fondé des Etats indépendants sur le territoire de l'Iran; néanmoins il ne le fit pas figurer sur ses monnaies; Ibrahim est le premier de cette dynastie qui l'y introduisit (1309). D'après l'historien Ibn-Khaldoun, Hâroû er-Rachîd en avait déjà décoré Djafar, fils de Yahya le Barmécide, pour indiquer qu'il avait la direction générale du gouvernement. Les califes abbasides le prenaient quand ils faisaient allusion à leur pouvoir temporel seul. Les Turcs Seldjoukides d'Asie Mineure portèrent également le même titre, qui passa à Osman, fils d'Ertoghrul, fondateur de l'empire ottoman, lorsqu'il reçut d'Ala-eddin III, souverain de Konya, l'investiture de la contrée de Seuyud. Depuis lors, les empereurs ottomans ont toujours porté ce titre et lui ont donné plus d'éclat qu'aucun de leurs devanciers. En Turquie, le titre de sultan se donnait également aux filles du souverain, mais dans ce cas il se mettait après le nom propre; c'est de là qu'est venu le français sultane avec une terminaison féminine que le turc ne possède pas : Mihrimahsultane Esma-sultane. (Cl. Huart).

Uléma. - Ce mot, qui est le pluriel arabe de âlim « savant », s'emploie en turc pour désigner l'ensemble des emplois de judicature, silki-ilmiyé, qui formait, avec les emplois civils et l'armée, l'un des trois grands corps de l'Etat dans l'Empire ottoman. A la tête de ce corps était le cheikh-ul-islam, grand mufti de l'Empire, qui avait le titre d'altesse et le rang de grand vizir; il avait, de par ses fonctions, le pouvoir de délivrer le fetva qui proclame la déchéance du souverain régnant; bien des révolutions de palais ont abouti par cette voie. Après lui vient la hiérarchie des divers muftis, d'abord les deux cazi-askier de Roumélie et d'Anatolie, anciens juges de l'armée qui n'avaient plus à la fin de l'empire que la qualité de membres du conseil supérieur de l'uléma, puis les cadis des grandes villes, et ainsi de suite jusqu'aux naïbs ou lieutenants de juge des cazas. Les professeurs et les desservants des mosquées étaient aussi rattachés au corps de l'uléma. L'importance de ce dernier diminua beaucoup après la création des tribunaux de la réforme; la compétence des cadis, en Turquie, fut réduite aux questions de statut personnel des musulmans et au partage des héritages. Les membres de l'uléma étaient les seuls fonctionnaires qui aient conservé le vieux costume ottoman, le turban blanc et le large manteau. (CI. Huart).

Vizir  ou, plus exactement, vézir. Le mot signifie en arabe ministre d'un souverain; l'étymologie populaire a rattaché ce mot à la racine wazara, « porter », comme si l'on avait voulu dire « celui qui porte la charge des affaires » ; mais en réalité ce titre est probablement d'origine iranienne (avestique vîtchira, qui décide). Dans l'Empire ottoman, le premier ministre du sultan était appelé grand vizir, avec le titre d'altesse; il occupait, avec le Chéikh-ul-Islam et le chef des eunuques noirs (Kyzlar-aghassy), le premier rang de la hiérarchie des fonctionnaires. (Cl. Huart).

Wâlîou Vali (le terme ne doit pas être confondu avec celui de Walî (pluriel : awliyâ'), qui, pris en un sens religieux équivaut à « saint »). - Gouverneur d'un district ou d'une région ayant un commandement militaire et politique, qui peut avoir  (comme chez les Samanides) ou non (comme chez les Ghaznévides) un fonctionnaire adjoint (âmil) chargé des services financiers du district ou de la région. Dans l'Espagne musulmane, une série de valis, directement nommés par le calife de damas, se sont d'abord succédé et étaient investis de tous les pouvoirs. Dans l'Espagne musulmane, à l'époque grenadine, le gouverneur d'une province est indistinctement appelé `amil et vali.

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Dictionnaire biographique
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