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On nomme figures
magiques, en mathématiques, des figures,
généralement régulières, renfermant des nombres
qui jouissent de propriétés remarquables, et
qui ont fait l'objet des recherches assidues de plusieurs géomètres illustres,
malgré l'apparente frivolité du sujet.
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Un
carré magique dans la gravure de Dürer intitulée Mélancolie
(1514).
On s'est souvent proposé ainsi des problèmes
analogues de magie littérale, ou les nombres sont remplacés par des lettres
devant satisfaire à certaines conditions. On considère parfois aussi
des cercles magiques, des triangles magiques, etc.; mais c'est surtout
sur le carrés que se sont portées les recherches.
Carrés
magiques et diaboliques. On appelle carré magique un carré
divisé en d'autres plus petits au moyen de parallèles à ses côtés.
Dans chacun des petits carrés est inscrit un nombre entier. Ces nombres
entiers doivent être en progression arithmétique
(mais au point de vue mathématique, il est clair que l'on peut faire abstraction
de cette condition). Le carré magique doit jouir de cette propriété
que la somme des nombres placés dans une même rangée horizontale, ou
dans une même rangée verticale, ou dans une même diagonale, soit toujours
la même. La recherche des nombres à inscrire dans les cases d'un carré
magique est évidemment un problème d'analyse
indéterminée du premier degré. Voici deux exemples de carrés magiques
empruntés aux Récréations mathématiques de Lucas.
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La somme des nombres
écrits dans une même rangée ou dans une même diagonale est 15 et le
carré magique précédent contient les 9 premiers nombres.
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15 |
6 |
9 |
4 |
10 |
3 |
16 |
5 |
8 |
13 |
2 |
11 |
1 |
12 |
7 |
14 |
La somme des nombres
écrits dans une même rangée ou dans une même diagonale est 34. Lorsqu'un
carré magique est tel qu'en le coupant en deux par une parallèle à un
côté et en permutant les deux morceaux on forme un nouveau carré magique,
on dit que le carré est Diabolique; le carré précédent est diabolique,
comme on peut s'en assurer.
Les carrés magiques
étaient connus de toute antiquité, les anciens leur attribuaient des
propriétés merveilleuses. D'illustres mathématiciens n'ont pas dédaigné
de s'occuper de la construction des carrés magiques ; parmi eux il convient
de citer Emmanuel Moscopule, Cardan, Stiefel,
Bachet, Fermat,
Euler,
etc. (A. L. / H. Laurent).
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J.
Sesiano, Les carrés magiques dans les pays de l'Islam, Presses
polytechniques et universitaires romandes, 2004. - L'une
des contributions scientifiques les plus originales du monde musulman
est sans doute le développement de méthodes générales de construction
des carrés magiques, permettant de remplir un carré ayant un nombre carré
de cases par une suite de nombres naturels différents de telle sorte que
la somme dans chacune des lignes et des colonnes, ainsi que dans chacune
des deux diagonales principales, soit la même. A partir de textes du Xe
siècle et du Moyen Age ,
l'auteur, historien des mathématiques,
offre une synthèse complète et sans précédent sur la genèse et l¹usage
des carrés magiques dans les pays musulmans. |
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