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Communication,
terme de rhétorique, désigne
une figure de pensée par laquelle l'orateur, plein de confiance
en son bon droit, ou affectant de l'être, s'en rapporte, sur quelque
point, aux juges, aux auditeurs, à son adversaire même. Bien
que cette figure puisse s'appliquer à tous les genres d'éloquence,
elle convient particulièrement au genre judiciaire. « Qu'en
pensez-vous, magistrats? je vous le demande à vous-mêmes :
que fallait-il faire? ou bien : Auriez-vous fait autre chose, si vous eussiez
été à ma place? »
On appelle encore communication
un trope de l'espèce de la synecdocte, par
lequel on restreint la signification d'un mot, qui est plus générale,
à un sens particulier, Ainsi, dans l'Enéide, Sinon,
que sa position de suppliant auprès des Troyens oblige à
la modestie, met pour ainsi dire en commun les éloges qu'il se donne,
par l'emploi du pluriel au lieu du singulier : « Nous aussi, nous
avons mérité quelque gloire sur les traces de Palamède.
» Quand Enée demande à Andromaque si elle est la femme
de Pyrrhus ou la veuve d'Hector, elle évite un aveu pénible
à son coeur en enviant le sort de Polyxène, « qui n'a
point partagé en captive la couche d'un ennemi victorieux, »
et, par une communication qui la confond avec ses compagnes dans la même
infortune, elle diminue en quelque sorte le blâme qu'on lui adresse
: « Mais nous, traînées sur les mers, nous avons donné
le jour dans l'esclavage aux enfants de nos maîtres. » Dans
les Plaideurs de Racine (acte III, sc.
3), l'Intimé fait une communication en s'identifiant avec le chien
qu'il défend :
De
vol, de brigandage on nous déclare auteurs,
On
nous traîne, on nous livre à nos accusateurs.
(B.).
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