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La
découverte des plantes
La botanique dans l'Antiquité |
Aperçu |
On
considère Aristote comme le fondateur
de la botanique (IVe
siècle av. J.-C.). Ses divers écrits
sur les végétaux,
notamment sa Théorie des Plantes, ont été
perdus, mais les quelques fragments qui en restent en donnent une petite
idée. A côté de nombreuses idées hypothétiques
ou erronées, énoncées dans divers mémoires,
Aristote a notamment émis une opinion fort juste au sujet de l'analogie
de l'embryon
animal avec l'embryon végétal, de la séparation des
sexes dans certaines plantes, de leur durée, etc. Des disciples
d'Aristote qui cultivèrent la botanique, Phanias,
Dicéarque et Théophraste,
le dernier seul a laissé, 350 ans
avant notre ère, deux ouvrages importants : une Histoire des
Plantes et Causes des Plantes, tous deux objets de nombreux
commentaires et souvent réédités.
Bien que, dans ces ouvrages, Théophraste n'ait été inspiré par aucune méthode digne de ce nom, il faut reconnaître qu'il sut apporter dans l'étude des végétaux des idées en grande partie dépourvues des préjugés de son époque et, en affirmant que la nature agit conformément à ses propres plans, et non dans l'intention d'être utile aux humains, il pensait en véritable naturaliste. Il créa des termes nouveaux pour désigner des modifications particulières de la structure végétale; il parle clairement de la fibre ligneuse et du parenchyme du bois, en donnant à ce dernier le nom de chair; enfin, il décrit exactement la différence qui existe entre le bois du Palmier et celui des arbres à couches concentriques. Ainsi, en fait, la découverte de la différence qui existe entre le bois des Dicotylédones et des Monocotylédones, s'avère vieille d'environ vingt-deux siècles, quoique ce soit seulement au début du XIXe siècle qu'on a fondé sur elle la grande division systématique des végétaux phanérogames. Le nombre des plantes qu'il a énumérées et en partie décrites est d'environ cinq cents, toutes de la région orientale du bassin méditerranéen. Mais il est bien difficile de pouvoir assimiler ces espèces à celles que nous connaissons Après Théophraste, la botanique en tant que science disparaît complètement; car on ne peut pas véritablement qualifier de botanistes des auteurs, comme Dioscoride (60 ans environ ap. J.-C.), ou, à Rome, comme Pline l'Ancien (70 ans ap. J. -C.), qui ne comprenaient pas toujours les auteurs qu'ils copiaient, ou encore comme Columelle (50 ans ap. J.-C.), se bornaient à décrire les procédés agricoles usités de leur temps. On ne se désintéresse sans doute pas des plantes, mais cette situation durera tout de même pendant tout le Moyen Âge, et c'est seulement à la Renaissance que la botanique a véritablement pris son essor. |
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Jalons |
Les
plantes dans l'ancienne Grèce.
Les Présocratiques. Empédocle
d'Agrigente.
« les plantes apparurent avant la formation complète de la Terre, qu'elles ont comme les animaux, des instincts, de sentiments et même de l'intelligence, enfin qu'elles ont les deux sexes réunis. »Il ajoutait, suivant Aristote qui commente ce vers : « Les arbres mêmes pondent des oeufs, à commencer par l'olive. »Ces assertions n'étaient que l'extrapolation d'un fait banal, à savoir que les plantes naissent et meurent comme tous les êtres vivants. Anaxagore
de Clazomène.
Hippon
de Rhegium.
Aristote.
Il y a des plantes qui ne vivent qu'un an tandis qu'il y en a d'autres qui peuvent vivre un grand nombre d'années. C'est la première distinction qui ait été faite des plantes en annuelles et vivaces. Ce que les mollusques
sont pour l'élément humide, les végétaux le
sont pour l'élément terrestre; les premiers sont les plantes
de la mer, et les derniers les huîtres de la terre.
Tout être qui sort d'un oeuf vit dabord comme un végétal : la gemmule s'accroît comme l'embryon. Les racines sont analogues à des intestins; elles puisent les aliments dans le sol qui est pour la plante ce que la cavité abdominale est pour l'animal. Avant d'arriver à se mouvoir librement, à changer de place, l'embryon d'où sortira l'animal est fixé d'abord à l'utérus, où il a une vie purement végétative (c'est-à-dire, donc, semblable à celle des végétaux). La chute des feuilles, Aristote la comparait à la mue des oiseaux et au changement du pelage de certains quadrupèdes, et il en attribuait la cause à un défaut de chaleur humide. La coïncidence de la chute des feuilles et de la période d'hibernation de certains animaux l'avait particulièrement frappé : « Pourquoi les cheveux ne repoussent-ils pas des têtes chauves, tandis que le feuillage de la plante et le pelage de l'animal hibernant se renouvellent régulièrement? C'est que l'humain porte en lui-même l'hiver et l'été; les âges de sa vie sont ses saisons. La vie des plantes et des animaux hibernants est, au contraire, intimement liée aux périodes de l'année, aux saisons proprement dites [...]. Pourquoi un grain de blé produit-il toujours le même blé, pourquoi l'olive ne produit-elle qu'un olivier de même espèce, etc? Ce n'est point là, évidemment, l'effet du hasard ou une coïncidence fortuite : ce n'est pas davantage le résultat de l'action des éléments, ni de l'attraction et de la répulsion. Il y a donc là quelque chose de prémédité, de rationnel, de divin, d'éternel. »D'après Aristote, la femelle représente la matière, et le mâle le mouvement; les deux sexes, distincts dans les animaux supérieurs, se trouvent confondus dans les plantes. « Tout cela, ajoute-t-il, a été arrangé conformément à la raison. L'unique affaire, le seul but de la plante, est dans la production de la graine, et comme cette production a lieu par l'accouplement du mâle et de la femelle, les deux sexes se trouvent réunis dans les plantes. »Aristote enfin adopte la doctrine de quelques uns de ses prédécesseurs d'après laquelle tout ce qui vit a une âme. Conséquemment, les végétaux n'en sont pas plus dépourvus que les animaux. Puis, partant de là, il admet au moins trois espèces d'ames : l'âme nutritive, qui préside aux fonctions nutritives; l'âme sensible, comprenant les sens et les mouvements de relation, et l'âme rationnelle. La première est le partage exclusif des végétaux; elle s'ajoute à l'âme sensible dans les animaux; l'humain seul réunit les trois. Les successeurs
d'Aristote.
Phanias.
« Il y a des plantes, dit-il, qui n'ont ni fleurs, ni organes de fructification apparents; tels sont les champignons, les mousses, les fougères. »Il compara le fruit de la mauve à un gâteau rond, à bord denté. Les fruits des haricot, fenouil, coriandre, ciguë, semblent avoir été chez Phanias l'objet d'études spéciales. Dicéarque.
Théophraste.
L'Histoire
des plantes.
Les chapitres (XI et XIII) du premier livre, qui traitent des fleurs, des fruits, des graines et de leurs enveloppes offrent beaucoup d'intérêt. Nous en dirons autant des chapitres qui, dans le deuxième livre, traitent de la durée et de la maladie des arbres, des différentes espèces de bois, de leur propagation et de leur multiplication. A la fin du deuxième livre (chapitre IX), l'auteur s'étend sur la caprification, procédé qui consistait à hâter la maturation des fruits du figuier cultivé au moyen des piqûres d'insectes nés sur une espèce de figuier sauvage, nommé epinos. Un procédé qui à survécu dans les îles grecques jusqu'à l'époque contemporaine et que Tournefort, au XVIIe siècle avait également décrit dans son Voyage au Levant (t. 1, p. 130, éd. de 1718). Au nombre des espèces végétales décrites par Théophraste dans son Histoire des plantes, nous signalerons la sensitive, le citronnier, la mâcre, le silphium, l'oseille, etc. A propos d'une plante qu'il nomme anthemon, il fait remarquer que ses fleurs se développent non pas de bas en haut, comme chez les autres plantes, mais de haut en bas. Des
causes des plantes.
« La nature, dit-il, a ses principes en elle-même; c'est par là qu'elle agit conformément à ses propres plans. La partie charnue de la pomme du péricarpe n'existe pas pour être mangée par l'humain, mais pour protéger le fruit. »Tous les phénomènes de la végétation sont ramenés par Théophraste à l'action de la chaleur, et à celles de l'humidité et de la sécheresse. Il consacra presque tout le second livre des Causes des plantes aux influences que la pluie, la neige, les vents, l'exposition au Nord ou au Sud, à l'Est ou à l'Ouest, les eaux douces et les eaux salées, les différentes sortes de terrain, peuvent exercer sur les productions végétales. « Les arbres trop rapprochés, sur lesquels, dit-il, n'agit ni le Soleil, ni le vent, deviennent élancés, grêles, et perdent facilement les fruits avant leur maturité [...]. Les arbres stériles ou portant peu de fruits vivent plus longtemps que les arbres fertiles. »On trouve encore dans les Causes des plantes la description de différentes maladies des végétaux, particulièrement des céréales, la manière de conserver les graines, la transformation des espèces sauvages par la culture, le développement d'excroissances ou de monstruosités, la comparaison des graminées avec les légumineuses, enfin une série de chapitres sur la saveur et l'odeur des plantes. Les auteurs tardifs.
Nicandre
de Colophon.
Nicolas
de Damas.
« un être vivant, privé de mouvement de relation et fixé au sol. »Il lui suppose une âme, différente de celle de l'animal, en tant qu'elle manque de sentiment (air connu) : « L'âme naturelle de ces plantes a, dit-il, pour principale fonction d'attirer et s'approprier de la nourriture; l'animal la possède aussi. »Ses idées sur le sexe des plantes étaient purement imaginaires, et les raisonnements dans lesquels il entre à ce sujet tiennent bien plus de la dialectique pure que de l'étude de la réalité. Mais sa classification des végétaux suivant la nature du terrain est l'expression même de ce qui est. Nicolas de Damas reconnaît ainsi que les végétaux qui croissent aux bords des rivières ou dans les marais sont tout à fait différents de ceux des localités élevées, sèches et arides. Il croit en même temps à la transformation des espèces cultivées en espèces sauvages. Dioscoride.
1° les Aromates;Parmi les plantes mentionnées par Dioscoride, on notera, par exemple, celle qu'il nomme phoû, et qui était selon toute vraisemblance la grande valériane, que Hawkins baptisera Valeriana dioscoridis. Ce que Dioscoride dit de ce qu'il nomme matière indienne tinctoriale bleue, montre que les anciens Grecs connaissaient l'indigo, mais sans que cela n'implique qu'ils aient eu connaissance de la plante (l'Indigofera tinctoria). Les plantes dans le monde romain En passant des Grecs aux Romains, on voit l'étude des plantes prendre un cachet essentiellement pratique, comme nous le montrent les écrits qui nous restent des Scriptores rei rusticae (ed. Leipzig, 1734-35), que nous allons passer en revue dans leur ordre chronologique. On verra ainsi que Caton, Varron, Virgile ou Columelle, ont incidemment écrit sur les végétaux sans émettre, à leur sujet, d'opinions personnelles, et on ne peut en faire de véritables botanistes, pas plus qu'ensuite Hyginus qui écrira sur les Géorgiques de Virgile un ouvrage qui d'ailleurs ne nous ait pas parvenu, ni même Horace, Vitruve ou Strabon, même s'ils ont donné dans leurs ouvrages des observations intéressantes sur les plantes. C'est seulement au Iersiècle de notre ère que la botanique, oubliée depuis Théophraste réapparaîtra d'une certaine manière à Rome avec Pline l'Ancien, d'ailleurs contemporain de Dioscoride, en Grèce. Caton.
« Le plus grand éloge, écrit Caton dès le commencement de son livre, qu'on pût autrefois faire d'un citoyen, c'était de le présenter comme un bon cultivateur et un bon colon [...]. C'est de cette classe de citoyens que sortent les hommes les plus forts et les meilleurs soldats, etc. »L'auteur fait ensuite des observations pleines d'intérêt pour l'histoire de l'économie rurale, mais l'on voit déjà dans quel état d'esprit les Romains invitent les plantes dans l'ordre des préoccupations humaines. Les plantes mentionnées par Caton sont au nombre d'environ 120. Nous y remarquons particulièrement l'asperge, dont les conseils de culture montrent que les principes suivis restent les mêmes depuis plus de deux millénaires; parmi les arbres fruitiers, l'olivier et le figuier occupent le premier rang, puis viennent les pommiers (parmi lesquels l'auteur range le cognassier et le grenadier, à cause de la forme de leurs fruits) et les poiriers. Il parle de six variétés de poires, nommées en partie d'après les pays d'où elles proviennent. Il ne fait que mentionner le prunier; le cerisier lui était inconnu. Varron.
Virgile.
Et etiam flos in pratis, cui nomen amelloL'aster amellus, que sa beauté a fait surnommer oeil du Christ, appartient aux contrées méridionales, où elle se plaît sur les collines arides. La plupart des plantes, cependant, n'étant pas désignées dans d'autres vers de Virgile que par un ou deux qualificatifs, il est difficile d'en déterminer exactement les espèces. Columelle.
« car, dit-il, ils ont toujours soif, semper sitiunt horti. »Le treizième et dernier livre traite de l'arboriculture. (Les livres que l'on n'a pas mentionnés traitent d'élevage, d'apiculture, etc.). Pline.
« La fleur qui, dit-il, se ferme la nuit, commence à s'ouvrir au lever du Soleil, et est entièrement épanouie à midi. Les indigènes disent qu'elle dort. »Le treizième livre de l'Histoire naturelle continue l'étude des arbres et des arbrisseaux tels que les palmiers dattiers, pistachiers, caroubiers, etc. On y trouve aussi la description de végétaux non arborescents tels que le papyrus, etc. Le quatorzième livre est consacré à la vigne et à sa culture et donne d'intéressantes informations sur les techniques romaines; le quinzième livre a pour objet l'olivier, sa culture et les différentes espèces d'huiles, ainsi que le pêcher, le poirier, le pommier, le cerisier, le mûrier, etc. Le seizième livre est consacré principalement à la description des arbres forestiers, notamment les chênes que Pline distingue en sauvages et en cultivés. Le dix-septième livre traite de l'arboriculture; le dix-huitième des céréales, mais aussi des pronostics tirés des astres; le dix-neuvième est consacré à l'horticulture et à la culture du lin; le vingtième traite des plantes potagères; le vingt-et-unième est une énumération des fleurs entrant dans la composition des couronnes. Dans les livres suivants, jusqu'au vingt-huitième, Pline aborde la matière médicale : les remèdes sont exposés tantôt suivant la nature des maladies qu'ils était supposés guérir, tantôt suivant l'ordre alphabétique. (F. Hoefer). |
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