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Wole
Soyinka est un dramaturge, poète, romancier et essayiste nigérian
né le 13 juillet 1934 à Abeokuta, au Nigeria,
dans une famille profondément ancrée dans la tradition yoruba et l'éducation
chrétienne. Son père est instituteur et sa mère, commerçante et fervente
chrétienne. Cette double influence, entre modernité occidentale et héritage
africain, marque profondément son enfance et se retrouve tout au long
de son oeuvre.
Soyinka est une voix
importante dans le paysage littéraire et intellectuel mondial. Il est
un symbole de la force de la littérature engagée, de la richesse de la
culture africaine et de la lutte pour la justice et la dignité humaine.
Son œuvre, complexe et foisonnante, continue d'inspirer et de provoquer
la réflexion, témoignant de la puissance des mots face à l'adversité
et de la nécessité de ne jamais céder face à l'injustice.
Il fait ses études
primaires et secondaires au Nigeria, puis poursuit son éducation à l'Université
d'Ibadan avant de s'envoler pour l'Angleterre.
À l'Université de Leeds, il étudie la littérature
anglaise et se plonge dans le théâtre occidental, mais son coeur
et son esprit restent attachés à l'Afrique.
Il commence à écrire des pièces de théâtre
pendant ses études, explorant déjà les thèmes qui lui sont chers :
l'identité africaine, la confrontation entre tradition et modernité,
la critique sociale et politique.
De retour au Nigeria
dans les années 1960, il s'implique activement dans la scène théâtrale
naissante de son pays. Il enseigne à l'université et fonde des compagnies
de théâtre, comme les 1960 Masks et Orisun Theatre Company,
pour mettre en scène ses propres pièces et celles d'autres auteurs africains.
Son théâtre est novateur, mêlant les formes dramatiques occidentales
aux traditions orales et rituelles yoruba. Il utilise le théâtre comme
une tribune pour dénoncer la corruption, l'injustice et les dérives politiques
de son pays.
Son engagement politique
se manifeste très tôt et devient une composante essentielle de sa vie.
Il critique ouvertement les régimes autoritaires et la corruption qui
gangrènent le Nigeria et d'autres pays africains. Pendant la guerre civile
nigériane, il tente de jouer un rôle de médiateur et appelle à la paix.
Ses prises de position lui valent d'être emprisonné par le gouvernement
nigérian pendant plus de deux ans, de 1967 à 1969.
Après sa libération,
il reprend son activité d'écrivain et d'enseignant, voyage à travers
le monde et continue de dénoncer les injustices. Son œuvre littéraire
est reconnue internationalement et culmine avec l'attribution du prix Nobel
de littérature en 1986. Il est le premier écrivain africain à recevoir
cette distinction. Le comité Nobel salue "une oeuvre qui, dans une perspective
culturelle large et avec des accents poétiques, façonne le drame de l'existence".
Après le Nobel,
il ne cesse d'écrire et de s'engager. Il occupe des postes d'enseignement
dans de prestigieuses universités à travers le monde, tout en restant
profondément attaché à son continent. Il continue de s'exprimer sur
les questions politiques et sociales, dénonçant les dictatures, les violations
des droits humains et les inégalités.
Son œuvre aborde des thèmes universels tels que la liberté, la justice,
la responsabilité individuelle et collective, l'importance de la mémoire
et de la culture. |
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