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Ahmed Sékou Touré

Ahmed Sékou Touré est un homme politique guinéen né le 9 janvier 1922 à Faranah, en Guinée alors française et mort à Cleveland, aux Etats-Unis. Il descend d'une famille musulmane et mandingue, et son arrière-grand-père n'est autre qu'Almami Samori Touré, figure de la résistance à la colonisation française. Il reçoit une éducation française à l'école primaire de Kankan, mais il est expulsé pour avoir participé à une grève. Cet événement marque peut-être le début de son engagement politique.

Il travaille ensuite pour la Compagnie du Niger français, puis pour les postes et télécommunications. Rapidement, il s'engage dans le mouvement syndical. Il monte les échelons et devient un leader syndicaliste influent dans les années 1940 et 1950. Il est un membre actif du Parti Démocratique de Guinée (PDG), la section locale du Rassemblement Démocratique Africain (RDA), un mouvement politique panafricain.

Dans le contexte de la décolonisation, Ahmed Sékou Touré se positionne comme un fervent partisan de l'indépendance immédiate. Il joue un rôle crucial dans le référendum de 1958 proposé par le général De Gaulle. La France offre aux colonies africaines le choix entre une autonomie limitée au sein de la Communauté française ou l'indépendance immédiate avec une rupture des liens avec la France. Contrairement à d'autres leaders africains qui optent pour l'autonomie, Sékou Touré fait campagne pour le "non", pour l'indépendance totale.

La Guinée vote "non" massivement. Le 2 octobre 1958, Ahmed Sékou Touré proclame l'indépendance de la Guinée. Cet acte courageux fait de la Guinée la première colonie française d'Afrique subsaharienne à accéder à l'indépendance par le "non" au référendum. La France réagit négativement et retire immédiatement son aide financière et technique, créant des difficultés économiques immédiates pour le jeune État.

Ahmed Sékou Touré devient le premier président de la République de Guinée. Il met en place un régime socialiste à parti unique, le PDG devenant le parti-État. Il prône le panafricanisme et se rapproche des pays du bloc de l'Est et de la Chine pour obtenir un soutien économique et politique. Les premières années de son régime sont marquées par des efforts de développement dans l'éducation, la santé et les infrastructures. Il nationalise des secteurs clés de l'économie et met en place une planification centralisée.

Cependant, au fil des années, le régime de Sékou Touré devient de plus en plus autoritaire et répressif. Soupçonnant des complots et des tentatives de déstabilisation, il instaure une dictature. Des purges et des arrestations arbitraires se multiplient. Des camps de concentration comme le Camp Boiro deviennent des symboles de la répression politique. Les violations des droits humains sont massives.

Un culte de la personnalité se développe autour de Sékou Touré, surnommé le Responsable suprême de la Révolution ou le Guide suprême. L'économie guinéenne souffre de la mauvaise gestion, de la corruption et de l'isolement international. Malgré cela, Sékou Touré reste au pouvoir pendant plus de 25 ans.

Il tente de se réconcilier avec l'Occident à la fin des années 1970 et au début des années 1980, mais son régime demeure autoritaire. Ahmed Sékou Touré meurt en 1984 à Cleveland, aux États-Unis, lors d'une opération cardiaque. Sa mort ouvre la voie à un coup d'État militaire qui met fin à son régime.

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Dictionnaire biographique
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