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Jacques Rose Ferdinand
Émile
Sarrau est un ingénieur et physicien né à Perpignan
le 24 juin 1837, mort en 1904. Sorti de l'École polytechnique en 1859
dans le service des poudres et salpêtres, promu ingénieur en 1863, ingénieur
en chef en 1877, il a été nommé directeur de l'École d'application
des poudres et salpêtres en 1878, lors de sa création, et il a conservé
ces fonctions, ainsi que celles de directeur du Laboratoire central, jusqu'Ã
son élévation au grade d'inspecteur général en 1897. Il est demeuré
chargé du cours d'étude des effets de la poudre et des substances explosives
et il est, en outre, à partir de 1883, professeur de mécanique à l'École
polytechnique. En 1886, il a été élu membre de l'Académie
des sciences de Paris (section de mécanique) en remplacement de Saint-Venant.
Physicien et mathématicien de premier
ordre, Emile Sarrau peut être rangé, avec Berthelot,
Roux et Vieille, parmi les savants qui ont le plus contribué aux progrès
réalisés pendant le dernier quart du XIXe
siècle par la théorie des explosifs, leur fabrication et la balistique
intérieure. Il a notamment établi, à la suite d'études tant théoriques
qu'expérimentales, une série de formules très simples, qui permettent,
le calibre de l'arme et le poids du projectile étant connus, de déterminer
avec une exactitude remarquable les dispositions intérieures et la poudre
à adopter pour obtenir une vitesse initiale et une pression maxima données.
Il a aussi, parmi beaucoup d'autres inventions, imaginé, avec Vieille,
un manomètre enregistreur, qui fournit, en même temps que la pression
maxima correspondant à la fin de l'écrasement, la loi du développement
de la pression en fonction du temps. A signaler encore sa distinction des
modes de décomposition des explosifs en détonation ou «-explosion
de premier ordre » et simple combustion ou « explosion de second ordre-»,
certains explosifs, comme la poudre noire, n'étant susceptibles de subir
que cette dernière, d'autres, au contraire, comme la nitroglycérine,
étant susceptibles de l'une ou de l'autre suivant le mode d'excitation.
Il s'est, d'autre part, livré, dans le
domaine de la physique proprement dite, à d'intéressantes
et fructueuses recherches sur la polarisation et la propagation de la lumière
dans les cristaux, sur la thermodynamique
des systèmes matériels, sur la compressibilité des gaz. Ces dernières,
qui l'ont tout particulièrement retenu, l'ont conduit à déterminer par
le calcul le point critique de l'oxygène, ainsi que l'équation caractéristique
de l'acide carbonique.
Son oeuvre écrite n'est pas moins importante
que ses travaux de laboratoire. Elle comprend, outre un nombre considérable
de mémoires originaux, d'articles, de rapports et du notes, épars dans
les Comptes rendus de l'Académie des sciences, dans le Mémorial
des poudres et salpêtres, dans le Mémorial de l'artillerie de
la marine, dans la Revue d'artillerie, dans le Journal de
mathématiques, dans les Nouvelles Annales de mathématiques,
dans le Journal de physique, dans les Annales des mines,
etc., les ouvrages suivants, publiés à part : Recherches théoriques
sur les effets de la poudre et des substances explosives (Paris, 1874-75,
2 vol.); Nouvelles Recherches sur les effets de la poudre et des substances
explosives (Paris, 1876); Formules pratiques des vitesses et des
pressions dans les armes (Paris, 1877-78, 2 vol.); Recherches théoriques
sur le chargement des bouches à feu (Paris, 1882); Cours de mécanique
et machines (Paris, 1888-89); Notions sur la théorie de l'élasticité
(Paris, 1889); Notions sur la théorie des quaternions (Paris, 1889);
Cours d'artillerie, 2e part. Poudres
de guerre et balistique intérieure (Fontainebleau, 1893, lithogr.);
Introduction à la théorie des explosifs (Paris, 1893); Théorie
des explosifs (Paris, 1895). Il a rédigé, pour la Grande Encyclopédie ,
l'art. Energie. Enfin, il a donné, avec Seligmann-Lui, Cornu et
Potier, une traduction annotée du Traité d'électricité et de magnétisme
de Maxwell (Paris, 1889, 2 vol.).
(L. S.). |
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