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António
de Oliveira Salazar est un homme politique et dictateur portugais
né le 28 avril 1889 dans le village de Vimieiro, au centre du Portugal
et mort le 27 juillet 1970 Ã Lisbonne.
Issu d'une famille modeste, il montre très tôt des dispositions pour
les études. Il entre au séminaire à l'âge de onze ans, se destinant
initialement à la prêtrise. Cependant, il abandonne cette voie pour étudier
le droit à l'Université de Coimbra, où
il se distingue par son intelligence et sa rigueur intellectuelle. Après
avoir obtenu son diplôme, il devient professeur d'économie politique
à la même université. Salazar se forge une réputation d'économiste
compétent et conservateur. Il publie des articles et des ouvrages qui
critiquent le libéralisme économique
et mettent en avant un modèle plus corporatiste et nationaliste.
La politique le rattrape
dans les années 1920, une période d'instabilité chronique au Portugal.
Le pays est miné par des crises économiques, des troubles sociaux et
une forte instabilité politique sous la Première République. En 1926,
un coup d'État militaire met fin à cette république. Salazar, reconnu
pour son expertise financière, est appelé au gouvernement comme ministre
des Finances en 1928. Il accepte à condition d'avoir un contrôle total
sur les dépenses de tous les ministères, une exigence sans précédent
qui témoigne déjà de son ambition et de sa détermination.
Salazar redresse
rapidement les finances publiques portugaises grâce à une politique d'austérité
rigoureuse et à une gestion budgétaire stricte. Son succès économique
lui confère une popularité grandissante et une influence politique de
plus en plus forte. En 1932, il devient Premier ministre, un poste qu'il
va occuper pendant plus de trois décennies. Progressivement, il met en
place un régime autoritaire, l'Estado Novo (État Nouveau), qui s'inspire
des régimes fascistes et corporatistes de l'époque, bien qu'il se distingue
par un catholicisme conservateur et un nationalisme
plus traditionnel.
L'Estado Novo se
caractérise par un pouvoir centralisé et autoritaire, une forte censure,
la suppression des libertés politiques et syndicales,
et la répression des oppositions, notamment communistes et socialistes.
Une police politique secrète, la PIDE, est créée pour surveiller et
réprimer toute forme de dissidence. Salazar promeut un nationalisme exacerbé,
une idéologie conservatrice et catholique, et un corporatisme qui encadre
la société et l'économie. Il met en avant les valeurs traditionnelles,
la famille, la religion et la patrie.
Pendant la Seconde
Guerre mondiale, Salazar maintient officiellement le Portugal neutre,
mais il entretient des sympathies pour le camp de l'Axe, notamment en raison
de son anticommunisme. Il autorise cependant les Alliés à utiliser les
Açores comme base militaire à partir de
1943, ce qui lui permet de maintenir de bonnes relations avec les puissances
occidentales après la guerre. Le Portugal devient membre fondateur de
l'OTAN en 1949.
Après la guerre,
Salazar fait face à une opposition croissante, tant intérieure qu'extérieure,
notamment en raison de sa politique coloniale. Le Portugal est l'une des
dernières puissances coloniales à refuser de décoloniser ses possessions
africaines (Angola, Mozambique,
Guinée-Bissau, Cap-Vert,
São Tomé et PrÃncipe). Dans
les années 1960, des guerres coloniales éclatent dans ces territoires,
épuisant les ressources du pays et isolant le régime sur la scène internationale.
En 1968, Salazar
est victime d'une chute accidentelle qui le laisse gravement handicapé.
Il est remplacé par Marcelo Caetano, mais l'Estado Novo perdure. Salazar
décède en 1970, sans jamais avoir véritablement repris conscience de
sa perte de pouvoir. Son régime autoritaire prendra fin avec la Révolution
des Oeillets en 1974, qui instaure la démocratie
au Portugal. |
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