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Le
Sahul
est un ancienne plate-forme continentale qui regroupait l'Australie,
la Tasmanie et la Nouvelle-Guinée
lorsqu'ils étaient connectés durant les périodes glaciaires du Pléistocène.
À cette époque, le niveau de la mer était beaucoup plus bas qu'aujourd'hui,
ce qui permettait aux terres de former une masse continentale unique. Son
évolution est directement liée aux changements climatiques et aux mouvements
tectoniques de la région.
Le Sahul est
un vestige du supercontinent Gondwana, qui comprenait autrefois l'Amérique
du Sud, l'Afrique, l'Antarctique, l'Inde et l'Australie. Il y a 180-130
millions d'années (Jurassique - Crétacé), le Gondwana s'est fragmenté
: l'Australie, la Nouvelle-Guinée et l'Antarctique commencent à se détacher.
L'océan Austral commence à s'ouvrir et entraîne un isolement progressive
de la faune et de la flore. Il y a 50-35 millions d'années (Éocène -
Oligocène), l'Australie se détache complètement de l'Antarctique et
commence à dériver vers le nord. Le climat se réchauffe, la formation
des courants océaniques modifie les précipitations. Dpuis 2,5 millions
d'années (Pléistocène - Holocène), l'alternance des périodes glaciaires
et interglaciaires entraîne des variations du niveau de la mer. Durant
les périodes glaciaires, l'abaissement du niveau marin (jusqu'à 120 m
en dessous du niveau actuel) expose des terres et forment des ponts terrestres
qui relient l'Australie, la Tasmanie et la Nouvelle-Guinée en une seule
masse continentale, qui correspond au Sahul. Mais à chaque réchauffement
climatique, la montée des eaux isole à nouveau ces régions.
Le Sahul, qui regroupait
en un seul bloc l'Australie, la Tasmanie et la Nouvelle-Guinée durant
les périodes glaciaires, possédait une biodiversité influencée par
son isolement et les conditions climatiques changeantes. Son écosystème
comprenait une faune impressionnante, notamment de la mégafaune, et une
flore adaptée à des environnements variés. La végétation du Sahul
variait en fonction des régions et du climat.
Les forĂŞts tropicales
(Nouvelle-Guinée, nord de l'Australie) étaient dominées par des espèces
proches de celles d'Asie du Sud-Est, comme les dipterocarpes et des fougères
arborescentes. Elles étaient les habitat d'animaux arboricoles et de nombreux
oiseaux. Les forêts d'eucalyptus (Australie intérieure et orientale),
constituées principalement d'eucalyptus, adaptées aux feux de brousse
fréquents, ont coévolué avec les marsupiaux (koalas et opossums,
en particulier). La savane et les prairies (centre et nord de l'Australie),
dominées par des herbes résistantes à la sécheresse, comme les spinifex,
abritaient des grands herbivores
et des prédateurs, dont les varans géants et les lions marsupiaux. Le
déserts arides (centre de l'Australie) abritaient quant à eux des
acacias, arbustes épineux, succulentes, et étaient l'habitat du diable
cornu et des petits marsupiaux fouisseurs. Enfin, les forêts tempérées
(Tasmanie, sud de l'Australie), riche en conifères anciens (Araucariacées,
Podocarpacées), restes des forêts du Gondwana, abritaient des animaux
comme le thylacine (loup de Tasmanie).
La mégafaune du
Sahul, disparue il y a environ 40 000 ans, se composait notamment du Diprotodon,
plus grand marsupial ayant jamais existé (4 mètres de long, 2 tonnes)
et proche parent du wombat et du koala, herbivore vivant dans les savanes.,
du Thylacoleo (lion marsupial), grand prédateur marsupial (jusqu'à 1,5
m de long) aux puissantes mâchoires, grimpeur, chasseur de grands herbivores,
du Megalania, Varan géant (5 à 7 m de long), le plus grand lézard ayant
existé et prédateur dominant, lié au dragon de Komodo actuel, du Genyornis,
oiseau coureur géant (2 m de haut, 200 kg), proche des émeus, et incapable
de voler, ou encore du Quinkana , crocodile terrestre (jusqu'Ă 6 m), actif
en chasse sur la terre ferme.
Le bras de mer séparant
le Sahul du Sundaland (l'actuelle Asie du Sud-Est
insulaire) par un bras de mer, a limité le mélange des espèces animales
et végétales entre ces deux régions et a matérialisé une séparation
entre les faunes et les flores actuelles connue sous le nom de Ligne
de Wallace (ou Ligne de Weber,
Ligne de Lydekker,
selon les espèces considérées).
Les découvertes
archéologiques suggèrent que l'Homo sapiens a atteint cette région
en traversant les mers depuis le Sundaland il y a environ 65 000 ans, marquant
l'un des premiers grands voyages maritimes de l'humanité. Les migrations
auraient suivi deux principales routes maritimes : 1) la route du nord,
via les îles indonésiennes (Sulawesi, Timor, Halmahera) vers la Nouvelle-Guinée;
2) la route du sud, depuis Bali ou Timor, puis vers le nord-ouest de l'Australie.
Ces routes impliquaient des traversées de plusieurs dizaines de kilomètres
en haute mer, suggérant une navigation intentionnelle et une capacité
d'adaptation avancée.
La colonisation humaine
a modifié l'environnement avec le feu (chasses, gestion du paysage) et
s'est accompagnée de l'extinction de la mégafaune, probablement causée
par une combinaison de chasse excessive et de changements climatiques.
De nouvelles espèces ont aussi été introduites (dingo, lapins, renards). |
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