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Philippe
Pétain est un militaire et dirigeant français, né le 24 avril
1856 Ă Cauchy-Ă -la-Tour, dans le Pas-de-Calais
et mort le 23 juillet 1951 Ă l'ĂŽle d'Yeu. Issu
d'une famille de cultivateurs, il choisit très tôt la carrière militaire
et intègre l'École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1876. Son parcours
initial est celui d'un officier d'infanterie méthodique et soucieux du
détail, progressant lentement dans les grades. Il se distingue par son
intérêt pour la tactique et la doctrine militaire, notamment en matière
de puissance de feu et de défense. Pendant de longues années, il enseigne
à l'École supérieure de guerre, où il remet en question certaines doctrines
de l'offensive à outrance alors en vogue dans l'armée française. Il
prône une approche plus prudente, basée sur la préparation minutieuse
et l'utilisation efficace de l'artillerie. Cependant, ses idées, considérées
comme trop défensives, ne sont pas toujours bien accueillies par la hiérarchie
militaire de l'époque.
La Première
Guerre mondiale révèle pleinement le potentiel de Pétain. Au début
du conflit, il est colonel et commande un régiment. Rapidement promu général,
il se distingue par son calme et son sens de l'organisation lors de la
bataille de la Marne en 1914. Il prend ensuite le commandement de la IIe
armée et joue un déterminant dans la stabilisation du front. C'est surtout
lors de la bataille de Verdun, en 1916, qu'il acquiert une immense popularité
et un statut de héros national. Nommé commandant en chef de la zone de
Verdun, il met en place une défense méthodique
et tenace, organisant la rotation des troupes et assurant le ravitaillement.
Son mot d'ordre, "Ils ne passeront pas", devient un symbole de la résistance
française. Après Verdun, il est élevé au rang de général en chef
des armées françaises du Nord et du Nord-Est, puis nommé chef d'état-major
général en 1917, avant de devenir commandant en chef des armées françaises
à la place de Nivelle, après l'échec du Chemin des Dames. Il rétablit
la discipline et le moral des troupes, ébranlés par les mutineries. Il
met fin aux offensives coûteuses et privilégie une stratégie d'attente,
en attendant l'arrivée massive des renforts américains. Il mène l'armée
française à la victoire en 1918, en coordination avec les Alliés. Maréchal
de France à la fin de la guerre, il est considéré comme le sauveur de
Verdun et un artisan majeur de la victoire.
Entre les deux guerres,
Pétain continue à jouir d'un immense prestige. Il est nommé inspecteur
général de l'armée, puis vice-président du Conseil supérieur de la
guerre. Il s'engage également en politique, devenant ministre de la Guerre
en 1934 dans le gouvernement Doumergue. Il est partisan d'une politique
de fermeté face à l'Allemagne et favorable
à la construction de la ligne Maginot. Cependant, il exprime également
des opinions conservatrices et autoritaires, se montrant critique envers
le régime parlementaire et les évolutions sociales de la société française.
Il est nommé ambassadeur de France en Espagne
en 1939, peu avant le début de la Seconde
Guerre mondiale.
Au printemps 1940,
face à la débâcle française et à l'avancée fulgurante des troupes
allemandes, Pétain est rappelé au gouvernement. Le 17 juin 1940, il est
nommé président du Conseil, succédant à Paul Reynaud. Dès le lendemain,
le 18 juin, il annonce à la radio sa décision de demander l'armistice
à l'Allemagne, considérant que la poursuite de la lutte est vaine. L'armistice
est signé le 22 juin à Rethondes. Pétain met en place un nouveau régime
politique, l'État Français, communément appelé régime de Vichy, du
nom de la ville d'eau où il s'installe. Ce régime, autoritaire et conservateur,
s'engage dans une politique de collaboration avec l'Allemagne nazie. Pétain,
chef de l'État, concentre tous les pouvoirs. Il met en place la "Révolution
nationale", une doctrine réactionnaire prônant le retour aux valeurs
traditionnelles, le culte de la terre et de la famille, et le rejet de
la République et de ses idéaux. Le régime de Vichy adopte des lois antisémites
dès 1940, excluant les Juifs de la fonction publique et de nombreuses
professions. Il participe activement à la persécution et à la déportation
des Juifs de France ( L'Holocause),
avec un zèle qui lui fait dépasser même les demandes nazies. La collaboration
s'étend à tous les domaines : économique, policier, militaire. Pétain
incarne cette politique de collaboration, qui prétend justifier ses choix
par la volonté de protéger la population française (à l'exception,
donc, Juifs) et de limiter les conséquences de l'occupation.
Ă€ partir de 1942,
l'occupation de la zone libre par les Allemands et le durcissement de la
guerre affaiblissent le régime de Vichy. La Résistance se développe
et gagne en importance. Après le débarquement allié en Normandie
en juin 1944, le régime de Vichy s'effondre. Pétain est emmené de force
en Allemagne par les Allemands en août 1944. Il revient en France
après la Libération et est arrêté. Jugé en Haute Cour de Justice en
1945, il est condamné à mort pour intelligence avec l'ennemi et haute
trahison. Compte tenu de son âge et de son passé de héros de 1914-1918,
sa peine est commuée en détention à perpétuité par le général De
Gaulle. Il est interné au fort de l'île d'Yeu, où il meurt en 1951,
à l'âge de 95 ans. |
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