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José
Ortega
y Gasset est un philosophe espagnol
né le 9 mai 1883 à Madrid, et mort le le 18 octobre 1955 dans cette
même ville. Figure de la Génération de 14,
c'est l'un des philosophes et essayistes les plus influents de l'Espagne
moderne. Ses idées sur la raison vitale, la culture et la modernité dsont
longtemps restées au coeur des débats intellectuels du XXe
siècle.
Issu d'une famille aisée et cultivée, il grandit dans un environnement marqué par le journalisme et la politique, son père étant directeur d'un journal progressiste. Ortega effectue ses études primaires au Collège San Estanislao à Malaga, dirigé par les Jésuites, avant de revenir à Madrid pour poursuivre sa formation. Il entre à l'Université Centrale de Madrid, où il étudie la philosophie et obtient son doctorat en 1904 avec une thèse intitulée Los terrores del año mil. CrÃtica de una leyenda. Dès ses premières années, il montre un vif intérêt pour la pensée européenne et les grandes questions philosophiques. En quête d'un
approfondissement de ses connaissances, il part pour l'Allemagne,
où il étudie entre 1905 et 1907 dans des institutions prestigieuses telles
que les universités de Leipzig, Nuremberg
et Marbourg. Il est particulièrement marqué
par le néokantisme, notamment à travers
l'enseignement de Hermann Cohen et Paul Natorp ( À son retour en Espagne en 1908, Ortega commence à publier des essais dans des revues intellectuelles. Il est nommé professeur de métaphysique à l'Université Centrale de Madrid en 1910, poste qu'il occupera pendant plusieurs décennies. Parallèlement, il s'investit dans des projets journalistiques et culturels, contribuant à des journaux comme El Imparcial, où il publie des articles caractérisés par son style clair et incisif. À travers ses écrits, Ortega y Gasset critique la stagnation culturelle de l'Espagne et plaide pour une modernisation inspirée des modèles européens. Les années suivantes sont caractérisées par une intense activité intellectuelle. Ortega fonde en 1914 le journal España, qui devient une tribune pour ses idées réformistes et modernisatrices. La même année, il publie son premier grand ouvrage, Meditaciones del Quijote, où il développe sa célèbre théorie de la "perspective", selon laquelle chaque individu perçoit la réalité à partir de sa propre position subjective. Cet ouvrage, considéré comme un jalon de la pensée espagnole contemporaine, reflète son effort pour intégrer la philosophie à une réflexion sur l'identité nationale et la culture. Entre 1914 et 1919, Ortega s'impose comme une figure centrale de la vie intellectuelle espagnole. Il participe activement aux débats sur l'avenir du pays dans un contexte de crise politique et sociale, notamment après la Première Guerre mondiale. Ses écrits pointent la nécessité pour l'Espagne de s'ouvrir aux influences européennes tout en développant une conscience critique de sa propre identité. En 1917, il joue un rôle clé dans le mouvement réformiste connu sous le nom de Junta de Acción Hispánica, qui cherche à transformer les structures politiques et culturelles du pays. Dans les années 1920, il consolide sa réputation avec la publication d'ouvrages qui définissent sa pensée. En 1923, il fonde la revue Revista de Occidente, qui joue un rôle essentiel dans la diffusion des idées philosophiques, scientifiques et littéraires européennes en Espagne. Cette revue devient un pont entre les intellectuels espagnols et les courants culturels de l'Europe occidentale, et marque une étape cruciale dans l'ouverture culturelle du pays. En 1925, il publie La deshumanización del arte, un essai qui eanalyse l'esthétique de la modernité et critique la distance croissante entre l'art avant-gardiste et le grand public. En 1930, Ortega y Gasset atteint une renommée internationale avec la publication de La rebelión de las masas, où il analyse la montée des masses dans la vie politique et sociale, qu'il considère comme une caractéristique de la modernité. Il critique ce qu'il perçoit comme un nivellement culturel et une domination de l'homme-masse, qui rejette l'excellence et l'individualité au profit de la médiocrité collective. • La Révolte des Masses (La rebelión de las masas, 1930) est une oeuvre philosophique et sociologique qui analyse les transformations profondes de la société moderne au début du XXe siècle. Ortega y Gasset examine l'émergence de ce qu'il appelle l'homme-masse, une figure qui, selon lui, domine la société contemporaine par son conformisme et son rejet des valeurs d'excellence et d'effort intellectuel. Cet homme-masse, caractérisé par son individualisme égocentrique et sa passivité face aux grands enjeux culturels et politiques, est le produit d'une époque marquée par la démocratisation et l'accès généralisé au progrès technique. Ortega ne condamne pas la démocratisation en soi, mais il critique l'attitude de ces masses qui, profitant des acquis de la modernité, se désintéressent des responsabilités intellectuelles et éthiques qui accompagnent ces progrès.L'ouvrage, traduit dans de nombreuses langues, a marqué la pensée du XXe siècle en posant des questions toujours actuelles sur la tension entre les progrès matériels et les valeurs humanistes. Parallèlement à ses publications, Ortega enseigne et donne des conférences, consolidant son rôle d'éducateur et de penseur engagé. La proclamation de la Seconde République espagnole en 1931 marque un tournant dans sa vie. Il soutient initialement le nouveau régime, espérant qu'il apportera une modernisation démocratique au pays. Il est élu député aux Cortes constituantes en 1931 et s'implique dans les débats politiques et intellectuels. Cependant, il se désillusionne rapidement face aux conflits internes et aux tensions idéologiques croissantes qui caractérisent la République. En 1932, il se retire de la vie politique et concentre ses efforts sur l'écriture et l'enseignement, tout en continuant à critiquer les extrémismes de droite comme de gauche. La guerre civile espagnole éclate en 1936, plongeant Ortega dans une profonde crise. Opposé aux violences des deux camps, il choisit l'exil et quitte l'Espagne pour la France, avant de s'installer successivement en Argentine et au Portugal. Durant son exil, il continue à écrire et à donner des conférences, mais son influence directe sur la vie intellectuelle espagnole diminue. Parmi ses écrits de cette période figurent des réflexions sur la philosophie de la vie, un thème central dans son œuvre, qu'il approfondit dans des ouvrages tels que En torno a Galileo et Historia como sistema. Ortega développe une vision où l'histoire, perçue comme un processus vital, joue un rôle essentiel dans la construction de l'identité humaine. Après la Seconde Guerre mondiale, Ortega rentre en Espagne en 1945, bien que son retour soit marqué par une certaine distance avec la scène publique. Sous le régime franquiste, il reste en marge des institutions officielles. Il continue à écrire et à enseigner à un cercle restreint d'élèves et d'admirateurs. Ses dernières années sont marquées par une réflexion sur le rôle de la philosophie dans un monde en mutation, ainsi que par une reconnaissance croissante de son oeuvre à l'échelle internationale. José Ortega y Gasset meurt à Madrid en 1955. |
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