Norodom Sihanouk

Norodom Sihanouk abdique en 1955 en faveur de son père, Norodom Suramarit, afin de pouvoir s'engager directement dans la politique. Il fonde alors le Sangkum Reastr Niyum (Communauté Socialiste Populaire), un mouvement politique qui dominera la scène cambodgienne pendant plus d'une décennie. Sous l'égide du Sangkum, Sihanouk gouverne le Cambodge comme Premier ministre, puis comme chef de l'État après la mort de son père en 1960. Cette période se signale par une politique de neutralité pendant la Guerre Froide, un développement de l'éducation et des infrastructures, ainsi qu'une promotion de la culture cambodgienne. Cependant, le régime du Sangkum est également critiqué pour son autoritarisme et la suppression de l'opposition politique.

Dans les années 1960, le Cambodge est de plus en plus pris dans les tensions de la guerre du Vietnam. Sihanouk tente de maintenir la neutralité de son pays, mais il est confronté à des pressions croissantes de la part des Etats-Unis et du Vietnam du Nord. En mars 1970, alors qu'il est en voyage à l'étranger, un coup d'État mené par le général Lon Nol le renverse. Sihanouk s'exile en Chine et forme un gouvernement en exil, le Gouvernement Royal d'Union Nationale du Kampuchéa (GRUNK), en s'alliant avec les Khmers Rouges, une guérilla communiste qu'il avait auparavant combattue.

Après la victoire des Khmers Rouges en 1975, Sihanouk revint au Cambodge et est nommé chef de l'État du Kampuchéa démocratique. Cependant, son rôle est principalement symbolique et il est rapidement mis à l'écart et placé en résidence surveillée par le régime de Pol Pot. Il vit dans des conditions difficiles et est témoin des horreurs du génocide cambodgien, au cours duquel il perd plusieurs membres de sa famille. Après l'intervention vietnamienne en 1979 qui renverse les Khmers Rouges, Sihanouk est initialement soutenu par la Chine et continue à s'opposer au nouveau régime pro-vietnamien installé à Phnom Penh.

Dans les années 1980 et 1990, Norodom Sihanouk s'implique dans les négociations de paix qui aboutirent aux Accords de Paris en 1991 et à la fin de la guerre civile cambodgienne. Il revient au Cambodge et est rétabli comme roi en 1993, dans le cadre d'une monarchie constitutionnelle. Il règne pendant plus de dix ans, et contribue à la reconstruction et à la stabilisation du pays. En 2004, il abdique en faveur de son fils, Norodom Sihamoni, et passe les dernières années de sa vie principalement à Pékin, où il décède en 2012.