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Maximin

Maximin est un empereur romain (173-238). - Le règne de Maximin représente la réaction militaire contre le régime sénatorial qu'avait inauguré Alexandre Sévère. C. Julius Verus Maximinus, fils d'un paysan de la Thrace, Alain par sa mère, était un barbare qui savait à peine le latin; renommé pour sa force corporelle, il avait été admis par Septime Sevère dans la garde; il n'avait pas voulu servir sous Macrin, le meurtrier du fils de son bienfaiteur, ni sous Elagabal; il n'était rentré à l'armée que sous Alexandre Sévère, qui le nomma tribun laticlave; il avait un fils, excellent soldat comme lui, à qui Alexandre avait, dit-on, réservé sa propre soeur; il était chef des contingents pannoniens pendant la dernière guerre d'Alexandre contre les Germains. C'est alors que les soldats, irrités des négociations d'Alexandre avec les ennemis, du projet qu'on lui prêtait de diminuer les troupes et d'en transporter une forte partie en Orient, nommèrent Maximin empereur; la garde passa de son côté, et Alexandre fut égorgé avec sa mère (mars 234); le fils de Maximin, Maxime, fut proclamé césar et prince de la jeunesse. 

L'assassinat d'Alexandre était une défaite pour le Sénat. Maximin, l'élu de l'armée, le premier empereur qui n'eût pas la dignité sénatoriale, qui n'eût encore revêtu aucune fonction civile, sans éducation, sans fortune, devait détester la noblesse romaine et, de fait, il entra immédiatement en lutte avec le Sénat qui la représentait. Il refusa de venir à Rome, bannit ou tua les conseillers d'Alexandre, réprima d'abord la révolte de Quartinus, proclamé empereur par des détachements de troupes orientales, en particulier par les archers de l'Osrhoène, dévoués à l'ancienne dynastie, puis la conspiration fausse ou vraie qui coûta la vie au consulaire Magnus et à quantité de sénateurs, puis recommença avec énergie et bonheur la guerre contre les barbares. Il reconquit les Champs Décumates sur les Germains, alla peut-être plus loin puisqu'il se vanta d'avoir saccagé le pays sur un espace de 400 milles, rétablit la ligne de fortifications, le limes; sur le Danube, il repoussa, de son quartier général de Sirmium, les Sarmates et les Daces, rapportant de ces campagnes les surnoms de Germanicus, Sarmaticus, Dacicus, rétablissant partout les routes; ses bornes miliaires abondent dans toutes les provinces, surtout dans l'Espagne, l'Afrique, la Haute-Italie, le Sud de la Gaule, les pays du Rhin et du Danube. 

On connaît mal son administration intérieure; les historiens du parti sénatorial sont injustes à son égard; ils lui reprochent des confiscations en masse, l'emploi, pour des distributions aux soldats, de l'argent destiné aux distributions de blé, aux jeux de Rome, aux fondations alimentaires. Son représentant à Rome, le préfet du prétoire, Vitalianus, était détesté du Sénat; des satires appelaient l'empereur le Cyclope, le Busiris; on déclamait contre lui au théâtre des pièces offensantes; Maximin ripostait à ces attaques par de nouvelles exécutions. Ce fut l'élévation au trône de Gordien en Afrique qui amena enfin l'explosion de la guerre entre le Sénat et Maximin (238). Le Sénat reconnut immédiatement Gordien et son fils (Gordien II), fit tuer Vitalianus et beaucoup d'autres officiers et partisans du Thrace, proclama les deux Maximin ennemis publics, envoya des lettres et des ambassades à tous les gouverneurs de province, à toutes les villes, bourgs, villages et châteaux. 

Dans cette lutte curieuse, Maximin paraissait devoir l'emporter aisément; le légat de Numidie, Capellianus, avec la légion Tertia Augusta, eut promptement raison des Africains; Gordien I fut tué, Gordien Il, se pendit; mais le Sénat releva sa cause à force d'énergie; il proclama deux nouveaux augustes, Maxime Pupien et Balbin, auxquels il adjoignit Gordien III comme césar, fit organiser la défense de l'Italie par une commission de vingt sénateurs, obtint la neutralité de la plupart des provinces; Pupien s'établissait solidement à Ravenne, bloquait l'Adriatique avec sa flotte; en Afrique, Capellianus, qui attendait l'issue de la guerre, fut battu et tué par le gouverneur de la Maurétanie, et la Tertia Augusta fut dissoute pour quelques années. Les lenteurs et les hésitations de Maximin, au début de cette campagne, s'expliquent malaisément; avec plus de hâte, il eût pris Rome sans difficulté; mais, après avoir passé difficilement l'Isonzo, il échoua au siège d'Aquilée; son armée souffrit de la famine; la légion Secunda Parthica, qui craignait pour ses familles et ses biens laissés à Albano, fit défection la première et tua les deux Maximin (juillet 238). Eusèbe met sous Maximin la sixième persécution; elle ne parait pas avoir fait beaucoup de victimes; le pape Pontien fut déporté et mourut en Sardaigne. (Ch. Lécrivain).

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Dictionnaire biographique
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