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Le
Malthusianisme
est une théorie économique et démographique développée par Thomas
Malthus (1766-1834), qui a écrit un essai intitulé Essai
sur le principe de population, en 1798.
Dans son ouvrage,
Malthus développe l'idée que la population tend à augmenter exponentiellement,
tandis que les ressources disponibles augmentent linéairement. Selon lui,
si les ressources ne pouvaient pas suivre cette augmentation. Malthus identifie
deux types de contrôles de la population : les mécanismes de contrôle
positif (guerres, maladies, famine) et les mécanismes de contrôle négatif
(contraception, retard de mariage, limitation de la taille des familles,
etc.).
Cette idée a influencé
plusieurs courants de pensée économique du XIXe
siècle ( Le Néo-Malthusianisme).
Les économistes classiques comme David Ricardo ou John
Stuart Mill ont intégré les réflexions malthusiennes dans leurs
analyses de la rareté des ressources et des contraintes sur la croissance
économique. Le malthusianisme s'est opposé à l'idée que le progrès
scientifique et technique résoudrait tous les problèmes sociaux, soulignant
les limites physiques du développement humain. En agriculture notamment,
cette théorie stipule que chaque unité supplémentaire de travail ou
de capital appliquée à une terre finit par produire des rendements de
moins en moins élevés, une idée alignée sur les intuitions de Malthus.
Malthus a suggéré
que la pauvreté et la misère étaient des résultats inévitables de
la surpopulation, ce qui a influencé les sociologues à analyser les interactions
entre croissance démographique et structure sociale. Certains ont utilisé
les idées de Malthus pour défendre l'ordre social existant, arguant que
l'aide excessive aux pauvres (comme les Poor Laws en Angleterre)
encouragerait la surpopulation et, en fin de compte, plus de pauvreté.
L'oeuvre de Malthus été à la base de discussions sur les politiques
publiques, comme la nécessité de limiter les secours aux pauvres et de
promouvoir la responsabilité individuelle.
Le malthusianisme
a également joué un rôle central dans le développement des théories
évolutionnistes, notamment celles de Charles Darwin
et Alfred Russel Wallace. Darwin s'est inspiré
des idées de Malthus sur la compétition pour les ressources limitées
pour formuler sa théorie de la sélection naturelle. Dans un environnement
de ressources finies, seuls les individus les mieux adaptés survivent
et se reproduisent. Mais des penseurs comme Friedrich
Engels et Karl Marx ont aussi critiqué Malthus
pour son pessimisme, arguant que le progrès technologique et la redistribution
des richesses pouvaient surmonter les problèmes liés à la population.
La Révolution industrielle
a aussi temporairement semblé démentir les prévisions de Malthus, grâce
à des avancées dans l'agriculture et la production industrielle. L'idée
centrale de Malthus, en particulier, selon laquelle la croissance démographique
peut dépasser les ressources disponibles, a été revisitée dans le contexte
de la croissance économique mondiale, des crises environnementales et
des transformations sociales. L'apparition de la démographie moderne au
XXe siècle a directement hérité des
concepts malthusiens en analysant les dynamiques de population et leurs
impacts sur les économies nationales.
Le mouvement néo-malthusien
est apparu au XIXe siècle, mais il a connu
une résurgence dans les années 1950 et 1960 avec la publication du livre
de William Vogt, The Road to Survival en 1948 et du rapport du Club
de Rome, The Limits to Growth, en 1972. Ces publications ont ont
contribué à alimenter le mouvement environnementaliste et le débat sur
le développement durable
Sur le plan économique,
le malthusianisme a influencé les réflexions sur les limites de la croissance
et les crises économiques liées à la rareté des ressources. Il a aussi
été un fondement pour les études sur les inégalités mondiales, en
soulignant comment les pressions démographiques dans les pays en développement
pouvaient exacerber la pauvreté. Dans la sociologie, l'oeuvre de Malthus
a orienté des études sur les interactions entre population, urbanisation
et développement, en mettant en avant la manière dont les contraintes
environnementales et économiques influencent les structures sociales.
Des penseurs comme Ester Boserup ont critiqué et complété ces idées
en montrant que les innovations technologiques pouvaient contrer les effets
négatifs de la croissance démographique.
Le malthusianisme
a également été un cadre pour les politiques publiques en matière de
contrôle des naissances et de planification familiale, particulièrement
dans les pays émergents, où il a servi de justification pour des campagnes
visant à limiter la natalité. Cependant, il a aussi suscité des critiques,
notamment de la part de courants marxistes et de défenseurs des droits
humains, qui y voyaient une légitimation des inégalités et une tendance
à blâmer les populations pauvres pour des problèmes structurels.
Avec la pression
croissante sur les ressources naturelles et la population mondiale qui
dépasse 7 milliards d'habitants, le malthusianisme reprend de l'actualité.
Les débats contemporains sur le changement
climatique et la durabilité environnementale
mettent en lumière les liens entre croissance démographique, empreinte
écologique et épuisement des ressources naturelles. Des variantes modernes
de la théorie, comme le malthusianisme écologique, se concentrent sur
la surconsommation et la dégradation de l'environnement. . Cette résurgence
s'inscrit dans des discussions plus larges sur les modèles économiques
soutenables et les limites planétaires, confirmant l'impact durable du
malthusianisme sur la réflexion sociale et économique moderne. Aujourd'hui,
le terme
malthusianisme est utilisé pour décrire les politiques
ou les attitudes qui prônent la limitation de la croissance de la population
pour préserver l'environnement et éviter les problèmes écologiques.
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En
bibliothèque - Dr. C.-R. Drysdale,
Le
Principe de population, le Combat pour l'existence heureuse, la Vérité
est grande, elle triomphera. - James Laurie, la Limitation des familles.
- Herbert Spencer, l'Individu contre l'Elat.
J.-K. Page, la Cause de la misère. - Paul Robin, Dégénérescence
de l'espèce humaine, etc... |
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